Coups de cutter pendant la fête de la musique au Puy : une jeune femme condamnée

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:47

Elle a 24 ans, mais sa voix mal assurée et sa silhouette menue évoquent l'adolescence. A la barre, la jeune femme tremble. Ses pleurs l'emportent de temps à autre sur les explications qu'elle tente de fournir au président du Tribunal, André-Frédéric Delay.
----Les faits
Le 21 juin 2017, la fête de la musique bat son plein au Puy-en-Velay. Encore plus qu'à l'ordinaire, on se presse sur les grandes terrasses de la place aux Laines, entre la place du Breuil et le boulevard Saint-Louis. C'est là, attablé, qu'un couple s'apprête à subir une violente agression. Une jeune femme, ivre, leur demande un portable. L'homme prête le sien, mais sa compagne trouve que l'appel dure trop longtemps. La tension monte entre les deux femmes, des noms d'oiseau sont échangés. La jeune fêtarde rend le portable, part et revient cinq minutes plus tard, un cutter à la main. Elle se rue sur la cliente du bar et la touche à la clavicule : 14 cm de plaie, 13 points de suture. A quelques tables de là, un gendarme réserviste désarme l'agresseuse. Celle-ci, à terre, recevra des coups de plusieurs inconnus en représailles.-----Un discernement altéré
Celui-ci lui rappelle la situation délicate dans laquelle elle se trouve. Poursuivie pour violences aggravées par un port d'arme et un état d'ivresse , le tout en récidive, elle risque jusqu'à 10 ans de prison.

Que pense-t-elle de l'agression qu'elle a commise? "Ca me dépasse." Et ce n'est pas la première fois, si l'on en croit le dossier. Déjà condamnée à quatre reprises, cette habitante de Chadrac originaire de région parisienne subi des "crises de violences". Dues, probablement, à sa pathologie mentale. Souffrant de troubles de la personnalité, elle ne prend pas son traitement. "Il faut vous stabiliser", prévient le juge, qui reconnait l'altération du discernement. "Sinon, au premier problème, ça part gravement de travers"
"Vous êtes passée à quelques centimètres des assises"
Comme ce soir de fête de la musique, quand la colère, l'alcool et le cannabis ont dirigé son cutter droit vers la victime. Une victime présente à l'audience, et invitée à la barre. A un mètre de son agresseuse, la plaignante tremble de colère. "Je voudrais lui faire passer un message : il faut qu'elle réfléchisse à ses actes. Ce soir-là, elle a failli faire deux orphelins", articule cette mère de famille, qui s'en est sortie avec "seulement" cinq jours d'incapacité temporaire de travail.

Un raisonnement repris par la substitut du procureur, Marie Moschetti, qui assène : "Vous êtes passée à quelques centimètre des assises". Soit la distance qui séparait le coup porté de la gorge de la victime. La magistrate réclame un an et quatre mois de prison ferme.
"Elle n'a jamais connu ce qu'était une famille"
Pour défendre sa cliente, maître Médard Grasset, du barreau du Puy, plonge le tribunal dans son passé. "Cette jeune femme a été placée en famille d'accueil à l'âge d'un an et demi. Elle n'a jamais connu ce qu'était une famille, la base de tout citoyen. Elle a été placée en hôpital psychiatrique pour la première fois à l'âge de 15 ans. Pour moi, c'est un record."

Les juges du tribunal correctionnel du Puy retiendront finalement la peine requise par le parquet. Un an et quatre mois de prison ferme, ainsi que six mois de sursis avec mise à l'épreuve. La jeune femme devra également se soigner, trouver un travail et une formation, et sera interdite de port d'arme soumise à autorisation pendant cinq ans.
Clément L'hôte

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