Coronavirus : et les plus démunis dans tout ça ?

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:04

"Il me semble qu'il n'y a pas grand-chose qui a été prévu pour notre public avec les mesures gouvernementales actuelles, malheureusement, partage Nicolas Dumouzin, éducateur au SIAO (Service Intégré d'Accueil et d'Orientation), intégré à l'association le Tremplin du Puy-en-Velay. Du coup, on bricole. On fait avec ce qu'on a pour éviter au maximum de laisser des personnes sans hébergement." Le SIAO, dont le numéro d'urgence est le 115, œuvre quotidiennement pour trouver des solutions de logements à un public démuni, parfois de passage, mais à chaque fois dans une demande de besoin réel.

Le 115 mis à mal par la fermeture de locaux municipaux
Dans cette situation de confinement, le Tremplin et ses services ont ainsi restructuré leur organisation en dépit des nombreux problèmes existants. "La plus grosse difficulté ne vient pas d'un soucis interne mais des conséquences des directives nationales, confie Nicolas Dumouzin. D'habitude, nous travaillons beaucoup avec ce que l'on appelle les locaux routards. Ces lieux, gérés par les municipalités du département, sont en train de fermer les uns après les autres. Ce qui plombent lourdement les capacités d'accueil et pénalisent les orientations du 115. D'autre part, les restrictions à se déplacer empêchent les gens de se mettre à l'abri".

Télétravail, accueil fermé mais service assuré
"Normalement, on a une permanence tous les jours de 9 à 12 heures, souligne Nicolas Dumouzin. Là, on ne peut plus l'assurer. S'il y a besoin de colis alimentaires pour le public SDF, on peut éventuellement les dépanner. Le télétravail est de rigueur même s'il n'est pas très adapté. On essaie de contacter les familles faute de pouvoir les rencontrer." À la question de savoir si le risque de laisser des "personnes à la rue" est accru, la réponse est sans équivoque. "Oui, effectivement. En tous cas, nous avons décidé que les bénéficiaires du 115 resteront dans leurs structures d'accueil jusqu'à nouvel ordre".

Un risque d'une contamination au VIH et VHC
La Plage est un centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues. Comme les autres, le coronavirus a considérablement modifié la capacité de ses services. "Nous n'accueillons plus aucun public, explique Laurent Faure, infirmier. Le don de matériels propres (seringue, pipe à crack, roule ta paille et autres ustensiles à usage unique) est soit remis à la porte du local soit envoyé par la Poste. Tout ce qui est utilisation de la machine à laver le linge, douches, soins et démarches sociales sont, pour l'instant, suspendus." La Plage possède une équipe mobile pour alimenter en matériel les personnes les plus éloignées du bassin ponot. Ce service est également à l'arrêt. Depuis le confinement, beaucoup moins d'usagers sont venus rejoindre La Plage pour s'équiper en matériel stérilisé. "Le risque est la réutilisation des kits d'injection, déplore Laurent Faure. Les conséquences pourraient être terribles avec une propagation du VIH et de l'hépatite C, notamment".

"Ils ont tous peur que nous fermions"
Certaines rumeurs sur les réseaux sociaux assurent que les associations comme les Restos du Cœur fermeraient leurs portes. Marc Lavergne, président des Restos du Cœur 43, dément totalement : "Il est hors de question que nous stoppions nos services ! Le public que l'on reçoit est composé de gens déjà bien démunis. Il serait incroyable de les enfoncer plus qu'ils ne le sont !" L'association de Coluche s'est simplement adaptée en fonction de ce contexte inédit. "Notre distribution n'est pas modifiée pour l'instant, assure Marc Lavergne. Coronavirus ou pas, les gens ont faim. Ce que l'on a changé est l'accueil des bénéficiaires. On ne les laisse pas pénétrer dans les locaux. On leur impose d'être à un mètre l'un de l'autre. Et les bénévoles de plus de 70 ans sont invités à rester chez eux."
Le président des Restos du Cœur 43 fait tout de même un appel aux restaurateurs et aux gestionnaires des cantines qui auraient des produits en date limite de consommation. "Actuellement, les bénéficiaires sont un peu moins nombreux. D'habitude, ils sont entre 70 et 80 familles par jour. Là, nous en sommes à 50 quotidiennement depuis le confinement. Ils ont tous peur que nous fermions. Mais ceci n'est sûrement pas à l'ordre du jour !"

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