Condamné pour avoir frappé sa femme enceinte avec une chaise

, Mise à jour le 27/11/2020 à 05:53

Ce mardi 11 novembre 2014, la brigade anti-criminalité (BAC) est appelée dans un immeuble de la rue des Tanneries, en centre-ville du Puy-en-Velay, suite aux cris d'une femme qui appelle à l'aide. Au deuxième étage, les policiers entrent dans un appartement dont la porte est ouverte. Ils y trouvent un couple en pleine dispute ; l'homme secoue sa femme par les épaules. Cette dernière est enceinte de deux mois et explique avoir été frappée avec une chaise par son mari. Ce dernier est aussitôt placé en garde à vue, avant d'être entendu dans le cadre d'une comparution immédiate.

"Les cris d'une fille qui a peur"
L'audience a lieu ce jeudi 13 novembre. Au tribunal des prud'hommes, réquisitionné exceptionnellement par manque de place au Palais de justice du Puy, ce n'est (malheureusement) pas un litige professionnel qui oppose les deux parties. L'homme qui est soupçonné d'avoir frappé sa femme est assis à quelques mètres d'elle ; chacun fait tout pour ne pas croiser le regard de l'autre. Le prévenu, 29 ans, s'exprime d'une voix faible quand le président de l'audience lui demande des explications. Il est assisté par un traducteur. Au fond de la salle, sa femme le fixe sans dire un mot. Dans un premier temps, le portrait d'un homme violent est tiré par les différents témoignages recueillis. Les voisins expliquent entendre fréquemment des disputes, des cris, des « bruits sourds ». L'un d'eux est plus précis et évoque « les cris d'une fille qui a peur ». Le procès verbal de la victime évoque des « coups de pieds dans le ventre » et l'utilisation d'une chaise – et d'une béquille – pour violenter cette jeune femme de 20 ans.

Six blessures pour l'homme
De son côté, le prévenu jure s'être seulement défendu. Il montre des traces de griffures et de morsures sur son cou, sa main et son torse. Il explique que c'est elle qui aurait essayé de le frapper avec un pied de chaise et insiste sur la personnalité instable de sa conjointe. Le certificat médical de l'homme montre des ecchymoses au niveau du coude droit, de la face interne du bras droit, des blessures à la main et au dos. Six blessures, au total. De son côté, la femme a elle aussi des marques de coups, notamment au poignet, et s'est vu prescrire deux jours d'incapacité totale de travail. Sa cousine, qui s'est interposée dans la dispute, a quant à elle reçu un jour d'ITT. Quand la jeune femme est à son tour appelée à la barre, son mari ne la lâche pas du regard. Mais ce ne sont pas les yeux d'un homme énervé ou ceux d'un homme rongé par la rancœur. Quand la victime explique ne pas demander de dommages et intérêts mais vouloir seulement le divorce, le prévenu tourne la tête pour pleurer.

Chaise ou pas chaise ?
Tour à tour, le couple s’emmêle dans de lourdes justifications. Le prévenu est incapable d'expliquer l'état de la chaise, brisée dans le salon à l'arrivée des policiers. La victime insiste sur un éventuel coup porté sur le dos, mais n'est pas en mesure d'expliquer pourquoi le médecin chargé de la visite médicale ne mentionne pas de blessures au dos. « Il ne les a pas vues », justifie-t-elle. « Il ne m'a pas demandé d'enlever mon manteau. » Sur les photos qui accompagnent son procès verbal, une légère marque est visible sur son omoplate. La jeune femme mentionne ensuite des Sms où son mari l’insulterait et menacerait de vouloir tuer le bébé. Le traducteur tente tant bien que mal de déchiffrer certains textos aux magistrats, mais sans réel effet. La défense appuie ce manque de cohérence dans les différents témoignages receuillis et plaide la relaxe.

Le tribunal écarte la circonstance aggravante de l'usage d'une arme, en l'espèce une chaise, mais ne remet pas en question le comportement violent du prévenu sur sa conjointe. L'homme est condamné à quatre mois d'emprisonnement avec sursis. Le Ministère public demandait huit mois de prison, dont quatre mois fermes. En sus, il est également condamné à une amende de 200 euros pour les violences sur la cousine de la victime. « Le tribunal ne peut condamner que sur la base de certitudes fortes et ce n'est pas le cas pour l'usage de la chaise », termine le président de l'audience, André Frédéric-Delay.

A.L.

  • Autre affaire de violences conjugales envers une femme enceinte

Le 30 octobre dernier, le tribunal correctionnel du Puy avait déjà jugé une autre affaire de violences conjugales envers une femme enceinte.
Là, la victime est enceinte de sept mois quand son compagnon la tape avec un balai. La violence est telle que le manche se casse en quatre morceaux. Cette scène s'est produite à Chadrac mercredi 29 octobre 2014, mais les violences durent depuis janvier. La jeune femme a été hospitalisée. Un accouchement précoce a même été envisagé, mais la future maman devait rapidement sortir d'hôpital.
Ce jeudi 30 octobre, l'homme de 26 ans a été entendu dans le cadre d'une comparution immédiate au tribunal correctionnel du Puy. Sa défense a demandé un renvoi pour une expertise psychiatrique. Le renvoi a été accordé au 11 décembre prochain. En revanche, l'expertise se fera aux frais du prévenu. D'ici là, il est incarcéré en détention provisoire à la prison du Puy.

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