Cheveux tirés, tapes sur la tête : les enseignantes de Vieille-Brioude relaxées

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:45

L'une risquait 1000€ d'amende, l'autre deux mois de prison avec sursis. Les deux enseignantes de l'école maternelle de Vieille-Brioude ont été relaxées par le tribunal du Puy-en-Velay. Des parents d'élèves se plaignaient de méthodes brutales à l'encontre de leurs enfants, les faits s'étalant sur plusieurs années. Constitués en parties civiles, ces plaignants ont été déboutés.

Par ailleurs, des sanctions internes à l’Education nationale ne sont pas à exclure.

Mardi 4 avril, le procès avait donné lieu a de longs débats. En voici le compte-rendu :

Derrière les deux enseignantes de 54 ans, qui ont comparu libres à la barre, une assistance compacte s'est formée. Collègues enseignants, parents d'élèves, presse locale : tous ont voulu comprendre l'ampleur prise par cette affaire.
Des cheveux tirés et des tapes sur la tête
La voix tremblante, la première institutrice se défend : "Je ne suis pas un monstre". En face, le juge André-Frédéric Delay acquiesce. "Non. Mais on vous reproche quand même d'avoir tiré les cheveux d'élèves, et de leur avoir mis des tapes sur la tête." Elle reconnait les faits, mais refuse le mot "violence". D'une main légère, elle se tapote la tête. "Ce n'était que ça". Victime d'une dépression quelques années avant les faits, l'enseignante reconnait qu'elle a parfois eu du mal à imposer la discipline. "C'était peut-être des moments de désespoir de ma part".
"Tu me saoules" lancé à un élève
Sa collègue doit répondre de faits un peu plus graves. Le président du tribunal, plongé dans le dossier de 500 pages, égrène les accusations à son encontre : coups de pieds aux fesses, tapes sur la tête avec des livres, oreilles tirées. Mais aussi des propos blessants : "limace"; "tu me saoules"; "prend tes cliques et tes claques". Calmement, la prévenue nie certains faits, et en relativise d'autres. "Je pensais faire mon travail normalement. J'ai été très surprise par cette histoire. Parfois il faut tenir sa classe".
Deux mois de prison avec sursis requis
Ni le parquet, ni l'avocat des parties civiles ne chargent outre mesure les deux enseignantes. Ils estiment la gravité des faits relative, sans pour autant les accepter. "Non, ces enseignantes ne sont pas des monstres. Mais ce n'est pas pour ça qu'il ne s'est rien passé. Il n'y a pas de loi spéciale à Vieille Brioude", assène Nicolas Rigot-Muller, procureur de la Haute-Loire. Pour lui comme pour le défenseur des victimes, les preuves sont assez nombreuses. Il rappelle que dans cette affaire, dix enfants ont été entendus.  "Les témoignages se corroborent, ce n'est pas un complot". Il requiert une simple amende de 1000€ pour la première institutrice, et deux mois de prison avec sursis pour la seconde. 
"Aucun certificat, que des témoignages d'enfants"
Bouillonnant depuis le début de cette longue audience, Me Grimaldi, avocat de la défense, s'insurge contre ce qu'il considère comme une insuffisance de preuves. "Il n'y a pas le moindre certificat médical dans cette affaire. Rien qui ne prouve une blessure physique ou psychologique. Le seul élément concret, c'est le témoignage d'enfants de 7 ans. Il n'y a rien de plus subjectif", plaide l'homme en noir, qui demande la relaxe.

Pour le juge Delay, ce "dossier très difficile" mérite un peu plus de temps. Mise en délibéré, la décision du tribunal sera rendue mardi 9 mai.
Clément L'hôte

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