Chaufferie bois du Puy : d'une contrainte climatique à une activité économique

En fin de journée ce jeudi 15 octobre 2015, alors que se tenait le 31ème congrès de l'ANEM (Association Nationale des Elus de Montagne), au terme d'un après-midi de débats et de tables rondes, de nombreux élus congressistes ont participé à la viste de la chaufferie bois du Puy-en-Velay, sur les hauteurs de Guitard.
Cette chaufferie est la plus grande de Haute-Loire et c'est la 150ème à voir le jour en Auvergne. Cette réalisation de grande ampleur permet à la communauté d'agglomération du Puy de réduire de plus de 90 % ses émissions de CO2 par rapport à une solution classique.
Et déjà 1000 logements y sont raccordés, ainsi que le centre aquadulique La Vague. Les économies réalisées sur la facture énergétique des usagers sont estimées à environ 20 % et pour la piscine communautaire, on évalue l'économie annuelle à 100 000 euros.

Redynamiser la filière bois en Auvergne
L'investissement consenti par la collectivité était de huit millions d'euros, dont 2,5 millions ont été subventionnés. Le reste de la somme sera remboursé, au fil des ans, par les usagers et l'équipement devrait être rentabilisé en une vingtaine d'années. Les élus ont opté pour une DSP (délégation de service public) au profit de Cofely, qui invite les habitants du bassin du Puy à se raccorder au réseau pour "la bonne rentabilité économique du projet".
----La Haute-Loire est un département très boisé (près de 40 % de sa surface) et pourtant, sa filière bois est loin d'être florissante. La rédaction de Zoomdici y avait consacré un dossier à l'été 2013 (lire).-----Le choix de cette chaufferie bois permet aussi de donner une nouvelle jeunesse à la filière bois en Haute-Loire : la chaufferie consomme environ 800 m3 de bois pour quatre jours de chauffage et les élus ont pris l'engagement que ce bois provienne de forêts dans un rayon de 80 km à la ronde. Cofely a ainsi acheté 1,2 million de tonnes de bois en 2014 et avait prévu d'en commander deux millions de tonnes en 2015.

• Laurent Wauquiez,quel type de chauffage est proposé ici ? Quel est l'avantage ?
  

Précarité et vulnérabilité énergétique en zone de montagne
L'Auvergne est la deuxième région la plus exposée à la vulnérabilité énergétique et la Haute-Loire le troisième département en France métropolitaine. Le constat, pour le moins alarmant, a été révélé lors d'une récente étude de l'Insee (lire notre article). On y constate que le plus fort risque de vulnérabilité se situe dans les zones de montagne isolées et dans les territoires ruraux, où l'habitat est plus énergivore.
Le Cantal est ainsi le premier département métropolitain le plus exposé ( 36 % des ménages) et la Haute-Loire le troisième (34 % des Altiligériens). La Haute-Loire présente ainsi des dépenses de chauffage supérieures de 44 % à la moyenne nationale.

• Les territoires de montagne sont particulièrement fragilisés par rapport à la problématique du chauffage, mais que faire ?
  

Un second réseau dans les tuyaux de l'agglo
Notons enfin qu'un second réseau de chaleur bois pourrait voir le jour sur le bassin du Puy. En effet, citée en référence lors des assises nationales des énergies renouvelables pour son réseau de chaleur bois, l'agglomération cherche à étendre le réseau. Une étude de faisabilité pour desservir d'autres quartiers a ainsi été lancée, elle est estimée à 50 000 € HT.
----Aujourd'hui, on estime que 80 % de l'énergie mondiale provient du charbon, du pétrole et du gaz. On considère que pour un baril puisé, quatre sont consommés et la consommation énergétique mondiale augmente d'environ 2 % par an depuis les années 1970...-----La liste des bâtiments pressentis à être raccordés au réseau de chaleur, en fonction des résultats de l'étude de faisabilité sont : le gymnase Massot, la caserne Romeuf, la gendarmerie, l'école Saint-Joseph, les Ateliers des Arts, le gymnase de la Libération, la Communauté d'agglomération, le centre de secours, le centre hospitalier Emile-Roux, l'ancienne piscine Quincieu, l'immeuble La Providence, l'église Saint-Laurent, l'hôtel Ibis, l'immeuble Les Deux Rocs, l'immeuble le Saintonge, le lycée et le bâtiment Saint-Joseph, l'école Le Rosaire, l'école et la salle Jeanne d'Arc, la cathédrale, le Séminaire, l'Hôtel-Dieu, le Conseil général, l'école et la crèche d'Aiguilhe, Super U, la maison de convalescence Jalavoux, le centre Roger Fourneyron, le lycée Simone Weil, la Librairie, l'immeuble La Closerie, LIDL, Intermarché, le centre hospitalier Sainte-Marie...

Maxime Pitavy