"Ce n'est pas une médiation gentillette qui a fait bouger les choses"

mar 10/06/2014 - 20:56 , Mise à jour le 26/11/2020 à 19:21

C'est le long des rives de la Borne, entre l'hôpital Sainte-Marie, le stade Lafayette et l'Intermarché Chadrac, qu'un camp de gens du voyage s'est installé ce dimanche après-midi. Près de 150 caravanes, soit environ 600 personnes, s'étaient donc insatllées illégalement. 
La loi Besson du 5 juillet 2000 impose aux communes de plus de 5 000 habitants de disposer d'un terrain d'accueil aménagé et entretenu. Il y a tout juste un an (lire), l'agglomération du Puy se dotait enfin d'un tel équipement, répondant ainsi aux exigences législatives et espérant ne plus revivre d'envahissement anarchique de ses terrains communaux... Entretien avec Laurent Wauquiez, député-maire du Puy-en-Velay : 

  • Comment avez-vous été avisé de la venue de ces 150 caravanes ?

Initialement, ils avaient pris contact avec nous et s'étaient engagés à s'installer à Eycenac. Nous avons respecté les règles de la République, alors qu'avant ce n'était pas le cas puisque la ville du Puy n'avait pas d'aire pour les gens du voyage. A partir du moment où on est doté d'une aire d'accueil, je refuse de fermer les yeux et de laisser n'importe quoi se faire. Les lois sont les mêmes pour tous, il n'y a aucune raison que certains aient droit à l'impunité et d'autres non. Quand on occupe un terrain illégalement, on est sanctionné, quand on vole de l'électricité comme ils l'ont fait, on est sanctionné.

  • Comment se sont organisés les services municpaux et ceux de l'Etat pour parer au problème ? 

Tout le lundi, on a été en discussion constante avec le préfet et les forces de l'ordre et je tiens à rendre hommage à la bonne coopération qu'on a eu avec les services de préfecture, ainsi qu'au courage de la police municipale, qui est allée relever toutes les plaques d'immatriculation, mais aussi au travail d'expertise fait par les services de la ville très rapidement pour faire le point sur toutes les armes juridiques dont nous disposions et enfin au travail du préfet qui avait commencé à réquisitionner des forces de CRS (ndlr : compagnie républicaine de sécurité) mobiles pour pouvoir intervenir et faire dégager les lieux.

 

  • Vous êtes-vous rendu sur les lieux ?

Personnellement, j'y suis allé lundi, vers 18h, avec seulement trois policiers et ça a été très chaud car dès qu'on a commencé à discuter, en face, ils se sont retrouvés à 40... Ils cherchent alors à t'intimider, ils ont commencé à bloquer la voie autour de l'accès, puis ont proféré des menaces...

  • Comment se faire entendre alors ?

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Outre les peines classiques pour vol (d'électricité en l'occurence), il existe trois types de sanctions pour l'occupation illégale d'un domaine public :
- La peine est de 3 750 euros par personne et peut aller jusqu'à six mois d'emprisonnement
- suspension du permis de conduire, qui peut aller jusqu'à trois ans (car c'est une infraction aux règles de la route)
- potentielle saisine du véhicule (s'il ne s'agit pas d'un véhicule d'habitation comme un camping-car).

-----Heureusement qu'on a désormais cette aire d'accueil des gens du voyage, ça nous donne beaucoup de force car sinon, on pouvait siffler dans un piano, c'était pareil... On a fait relever toutes les plaques d'immatriculation des camions et des voitures qui bloquaient la voie et par peur, ils les ont dégagés. Très fermement, je leur ai dit ce qui allait se passer, en étant très clair sur le rapport de force : s'ils restaient sur place, on entamait des poursuites, et plus ils restaient, plus les peines seraient lourdes. Avec le préfet, on s'était entendu sur le recours des forces de CRS mobiles, on était très déterminés et on pouvait procéder à une expulsion dès ce mardi après-midi. Ce n'est pas une médiation gentillette qui a fait bouger les choses mais bien ce rapport de force, car ils ont vu qu'avec la préfecture, on était très unis.

  • Unis contre les gens du voyage ?..

Sur ce sujet il faut être très clair, on n'est pas contre les gens du voyage, on est contre les gens qui ne respectent pas les lois et on ne peut pas accepter n'importe quoi chez nous. Il faut le dire : au Puy-en-Velay, ils sont les bienvenus sur l'aire d'accueil qui leur est réservée, et s'ils sortent de la route, on sera là pour rappeler les règles. Si on lâche le petit doigt, on se fait avaler le bras, ce n'est pas possible de transiger avec cette impunité. Même s'ils ont accepté de rejoindre l'aire d'Eycenac, on a quand même l'intention de maintenir nos poursuites judiciaires.

  • Résider aux abords du stade Lafayette était également moins onéreux qu'à Eycenac...

C'est sûr que si tu voles l'électricité, c'est moins cher que de la payer, c'est sûr que si tu t'installes n'importe où, c'est moins cher mais ils n'ont pas plus le droit que quiconque de violer les règles de la loi, un point c'est tout.

  • Qu'est-ce qui justifiait leur présence à l'entrée du Puy ?

Leur argument, c'était surtout de dire que l'aire d'accueil d'Eycenac n'était pas assez grande et là où ils ont tort, c'est qu'ils ont commencé à dire qu'il leur fallait quatre hectares et je leur ai répondu qu'on respectait la loi, qu'il ne fallait pas quatre hectares, qu'on avait 80 places et qu'il fallait les remplir. Et ça leur a fait peur.

  • L'aire d'accueil d'Eycenac ne peut accueillir que 80 véhicules ?

La loi nous impose un minimum de 80, donc on respècte les lois et on n'a pas plus d'obligation. Sinon, en arrivant avec 600 caravanes, on pourrait s'installer n'importe où ?

  • Mais là, il y avait environ 150 véhicules...

C'est leur problème, ça les regarde, c'est comme si en débarquant à 300 personnes dans un gîte pouvant accueillir 20 personnes, on avait alors le droit de s'installer n'importe où. Il y a des règles et on ne fait pas n'importe quoi. Il existe des aires de grand passage, prévue pour de grands nombres, mais ce n'est pas le cas au Puy et nous n'en avons pas l'obligation.

  • Un dernier mot sur la réaction quelque peu opportuniste du FN ?

No comment

Propos recueillis par Maxime Pitavy

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