Cayres-Pradelles : Une alliance énergétique unique en France

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

Si une montgolfière s’amusait à survoler l’ensemble du département altiligérien, il est certain que ses passagers devraient s’équiper de lunettes de soleil en arrivant au sud. Sur les vingt communes qui composent la communauté de communes de Cayres-Pradelles, seize d’entre elles sont parsemées d’étincelants bâtiments agricoles. Brillants tant par les innombrables panneaux photovoltaïques qu’ils supportent que par l’image et la symbolique qu’ils inspirent.

Deux sociétés pour un partenariat
Pour comprendre cette initiative unique non seulement dans le département mais dans tout l’hexagone, il faut revenir trois ans en arrière. En septembre 2017, une SAS (Société par Action Simplifiée) est créé sous le nom des Toits du Plateau. « Cette société a pour but de regrouper les agriculteurs qui souhaitent installer des panneaux photovoltaïques sur les toitures de leurs exploitations agricoles », explique Alain Robert, agriculteur retraité à Pradelles et représentant de la SAS en question. Dans la foulée se forme une seconde société initiée par la communauté de communes de Cayres-Pradelles. La SEML (Société d’Économie Mixte Locale) Deves Ensoleillé apparaît en octobre 2017. Les actionnaires majoritaires de cette entité sont alors les agriculteurs des Toits du plateau et la com com.

Deux chèques qui tombent tous les ans
Si ce montage semble alambiqué, le principe est simple. « Si un agriculteur devait réaliser sa centrale photovoltaïque seul, il devrait débourser environ 100 000 euros, décrit Paul Braud, président de la communauté de communes Cayres-Pradelles et président de la SEML Deves ensoleillé. Avec cette alliance, il devient actionnaire en ne finançant que 5 000 euros, soit un coût divisé par 20. D’autre part, il n’y a aucun endettement pour eux car c’est la société qui emprunte. Toute la partie administrative est assurée par la SEML ainsi que toute la construction, les matériaux, les raccordements électriques et le reste. L’agriculteur ne s’occupe de rien. Il fait son chèque de 5 000 euros et c’est tout. » En contrepartie, les centrales photovoltaïques deviennent alors la propriété de la SEML durant 20 ans.

Le point intéressant pour l’exploitant est qu’une fois actionnaire et équipé de ses panneaux, il attend alors deux chèques. « D’un côté, celui de la location de sa toiture dont le montant est fixé en fonction de la production d’électricité réalisée, précise Paul Braud. Et de l’autre, des dividendes qui seront liés aux bénéfices globaux de la société. » Si aucun chiffre n’a été précisé pour cette dernière rétribution, la location de la toiture est comprise entre 1 200 et 1 800 euros annuellement.

« Demain, nous avons l’ambition de produire 12 mégawatts d’énergie électrique »
« Aujourd’hui, nous avons atteint notre objectif, à savoir l’installation de 45 centrales photovoltaïques pour 4,8 mégawatts de puissance
, nous dévoile Paul Braud. Les 45 bâtiments appartiennent à des agriculteurs différents répartis sur 16 communes des 20 que compte le territoire de Cayres-Pradelles. Pour donner une idée, cette puissance permet d’assurer la consommation électrique de 2 500 personnes. Demain, nous avons l’ambition de produire 12 mégawatts d’énergie électrique pour les besoins de 7 000 habitants. »
Il ajoute : « De 40 actionnaires, nous allons bientôt passer à 67. Mais sous ce chiffre cache plus d’agriculteurs liés au projet. Souvent, chaque exploitant est représenté par une société telle qu’un Gaec ou autre. En réalité, ça représente environ 120 agriculteurs partenaires. » D’après ses dires, les communes de Saint-Haon, Landos et Le Bouchet-Saint-Nicolas sont celles qui accueillent le plus de centrales photovoltaïques de la com com Cayres-Pradelles.

Une SEML pour la méthanisation
« Pour ma part, j’ai une centrale de 100 kilowatts avec 600 m² de surface sur le toit de mon bâtiment, confie Alain Robert. Je touche ainsi une location aux alentours de 1 500 euros plus les dividendes de la société. Ce procédé est très complémentaire ! Tout le monde est gagnant, que ce soit la SEML ou les exploitants partenaires de la SAS ».
Paul Braud souligne cette structure inédite en France. « C’est l’unique com com qui s’est lancée dans ce genre d’opération. À l’échelle nationale, il y a bien sûr d’autres intercommunalités et d’autres communes qui ont créée des SEML mais pas avec des centrales photovoltaïques. Il y a un exemple tout près d’ici, à Saint-Jean-Lachalm, où la municipalité a monté une SEML pour la méthanisation avec les agriculteurs ».
La com com étudie maintenant la possibilité d'installer des panneaux solaires sur des bâtiments communaux.

« Je pense qu’il faut à présent chercher une autonomie énergétique la plus importante possible »
L’autre projet phare de ce morceau du département est l’autonomie énergétique. Toute l’électricité produite par les actuelles et futures centrales photovoltaïques de Cayres-Pradelles est en totalité vendue à Enedis. Ce dernier le redistribue ensuite dans la France entière selon les besoins. « La com com pourrait accompagner les projets des particuliers qui souhaiteraient s’équiper et être en autoconsommation, imagine Paul Braud. Avec l’expérience que nous avons acquis depuis trois ans, nous serions là pour les conseiller et les défendre. Certains achètent à des commerciaux des centrales trois fois le prix qu’elles valent réellement. Le tout sans garantie de maintenance et souvent installés par des travailleurs délocalisés. » Il conclut : « Selon moi, je pense qu’il faut à présent chercher une autonomie énergétique la plus importante possible ».

Nicolas Defay

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