Bioéthanol : le bassin du Puy en route pour la conversion écologique ?

jeu 21/06/2018 - 16:29 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:52

Bien naïvement nous plongerons dans l’argument phare de l’Etat qui place ces boîtiers en première ligne d’une révolution écologique mais également économique.
Jusqu’à ce début d’année, le bioéthanol n’avait qu’une faible notoriété. En France, en tout cas puisqu’au Brésil, pays pionnier de la filière, les véhicules « Flex Fuel », c’est-à-dire acceptant aussi bien l’essence que le bioéthanol ou un mélange des deux ; circulent sur les routes depuis 2003. En 2006, 75 % des voitures vendues au Brésil étaient « Flex ».
Des boitiers maintenant homologués
Dans l’Hexagone, on commence tout juste à s’y intéresser, depuis la publication en date du 15 décembre 2017 d’un arrêté rédigé par le ministère de la transition écologique et solidaire, qui définit les conditions d’homologation des boîtiers bioéthanol permettant ainsi la démocratisation de ce biocarburant produit en France à partir de canne à sucre, de betterave ou encore de déchets de bois et organiques.

Suivant l’impulsion de la Communauté européenne quant à la favorisation du développement des biocarburants, en 2005 la France s’était fixée un objectif d’incorporation de 10 % en 2015, renouvelé pour 2020. On en est loin, mais peut-être que cet arrêté inversera la tendance.

David Longo, directeur du centre Dieselec du Velay à Brives-Charensac est le seul sur le bassin du Puy à avoir obtenu l’agrément pour la pose de boîtiers bioéthanol. En deux semaines, il a déjà converti dix véhicules essence grâce à ce petit kit, de la « Renault Twingo à la Ford Mustang V8 ».
Comment ça marche ?
Dans un premier temps, il faut savoir que ce boîtier ne s’adapte qu’aux voitures essence fabriquées après 2001 pour des raisons techniques liées à la fragilité des caoutchoucs. Le kit est greffé au système d’injection du moteur essence. Cette opération dont le coût varie en fonction de nombre de cylindres du moteur (à partir de 780 euros pour un quatre cylindres) permet donc à l’automobiliste de convertir son véhicule au bioéthanol.
Le bioéthanol discret à la pompe
Ceci étant fait reste à trouver les stations-services qui délivrent du bioéthanol E-85. Et là, ce n’est pas une mince affaire. Sur le bassin du Puy, une seule station a été identifiée, celle du Total Access, boulevard Maréchal Joffre au Puy. « Deux autres stations, l’une à Blavozy et l’autre à Chadrac appartenant aux Établissements Vincent & Fils proposeront ce biocarburant dans les deux mois à venir », précise David Longo. Sur toute la Haute-Loire, on ne note qu’une seule station supplémentaire, du côté de Craponne. « Mais si vous êtes en route et que vous ne trouvez pas de station délivrant du bioéthanol, vous pouvez mettre du 95 ou du 98, justement le boîtier est là pour adapter le carburant. »
Quels sont les avantages ?
C’est dit plus haut, les avantages sont écologiques et économiques, le poseur récemment agréé éclaire notre lanterne à ce sujet. Le côté écologique d’abord : « On délaisse le diesel jugé trop polluant – d’où les nouvelles normes antipollution ajoutées aux contrôles techniques dès janvier 2019, Ndlr – pour relancer l’essence mais la pollution est tout aussi forte avec la fabrication de CO2. Or avec ce boîtier, grâce à une analyse de gaz de véhicules, on a constaté une réduction d’émission de gaz à effet de serre à hauteur de 60 % par rapport à l’essence. »
Autre problème souligné, avec les nouveaux systèmes d’injection essence et les filtres à particules sur les véhicules essence en injection directe lancés à partir de janvier 2019. « Avec ce boîtier, là encore, on diminue le nombre de particules de 60 % sur l’injection directe d’essence. »

Sur le volet économique, le litre de bioéthanol varie entre 0,704€ et 0,709€ (prix constaté chez Total au Puy entre mars et juin 2018). « Même si on fait moins de kilomètres avec un plein par rapport à l’essence, le faible coût du litre permet 40 % d’économies par plein par rapport à l’essence », affirme le directeur de Dieselec du Velay. Et de conclure : « Pour moi, c’est l’avenir. Si le gouvernement français ne saccage pas le produit et le carburant, c’est l’avenir ». David Longo a d’ailleurs entamé une discussion avec le député Jean-Pierre Vigier pour greffer -- pourquoi pas ? -- ce petit boîtier sur les véhicules dédiés aux collectivités locales. A suivre...
Stéphanie Marin
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