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A Beaulieu, « du pain et des jeux » ! Mais pas que...

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:55

Le vent, qui a soufflé fort toute la journée, n’a pas facilité les choses pour les exposants dont les barnums menaçaient de s’envoler à chaque rafale (jusqu’à 60km/h selon la météo). Ce désagrément n’a pas pour autant empêché la convivialité et la bonne humeur.
Entre compagnons…
Vous le savez peut-être déjà, mais il est parfois bon de rappeler les basiques ; le mot « compagnon » signifie littéralement : « la personne avec qui l’on partage son pain ». Celui-ci étant à l’honneur ce dimanche, c’est autour de lui que, entre autres activités musicales et ludiques, les principales animations ont été axées : on a mis par exemple la main à la pâte, dans le sens littéral du terme, à l’atelier fabrication de pain avec Tim Kopéra et son four mobile, on a cassé la croûte au cours de dégustations avec N. Forêt et on n'a pas perdu une miette de la conférence-débat « le Pain et la Santé » animée par Christian Rémésy, nutritionniste ancien directeur de recherche INRA et P. Rascle paysan-boulanger en Haute-Loire.
Enfin, une exposition sous le chapiteau a permis aux visiteurs d’observer et de découvrir des objets liés : des gerbes de blés anciens, un tiroir à grain, un modèle réduit de moulin et des panneaux pédagogiques. 
Le public avait donc du pain sur la planche s’il voulait être à la pointe du sujet. (On notera que cette expression signifiait initialement ne pas avoir besoin de travailler pour manger. Depuis 1914-1918, elle a pris le sens de « avoir beaucoup de travail »).
Au four et au moulin
Béranger Colin, avec qui nous avons discuté, est paysan-boulanger.
Dans son entreprise familiale à Retournac, « GAEC De la graine au panier », il produit son propre blé, fait sa farine et son pain.
« On est sur trois fermes. On a un moulin "à meule de pierre", un système de triage, un four à pain. Il y a zéro hybride dans l’achat de nos semences et nous n’utilisons aucun désherbant ! On produit à peu près 15 tonnes de farine pour 15 tonnes de pain », explique-t-il. Et il ajoute : « en grande distribution, c’est du bio intensif, ça n’a rien à voir ! ». Le GAEC, outre la culture de céréales et la fabrication de pain, propose également des produits maraîchers.

Autre agriculteur-boulanger, cette fois à Saint-Geneys-près-St-Paulien, Willy Teyssonneyre lui aussi produit ses céréales, mais les sous-traite à un moulin. « C’est le même procédé pour n’importe quel pain. On met de l’eau, de la farine, du sel et du levain ! Celui-ci remplace la levure chimique. On l’a fait la première fois avec de la farine et du miel et puis on l’a nourri. Mais à la différence des pains industriels, on ne met rien d’autre, pas d’anti-cloque, pas d’acide ascorbique, etc. », précise l’artisan avant de nous inviter à aller voir sur Internet combien d’adjuvants sont autorisés dans la fabrication du pain. « Attention, je ne fais pas le procès de la boulangerie traditionnelle ! Chacun fait comme il le sent, comme il le peut et selon la demande de ses propres clients », tient-il à ajouter.

Dans la foulée, on entend Tim Kopéra expliquer que les boulangers traditionnels, dont les prix appliqués sur certains pains sont à peu de choses près les mêmes qu’en artisanat biologique (4 à 5 euros/kg), dégagent une plus grosse marge, mais ont aussi de plus grosses charges : salariés, loyer, etc.
Du pain et du vin
Un stand de vins, biologique toujours, évidemment, attire l'attention. Plus que le vin lui-même, c’est la provenance qui interpelle. En effet, une grande majorité de producteurs et artisans présents à la foire sont locaux ou viennent de départements limitrophes. Celui-ci venait d’une contrée plus lointaine : la région bordelaise. Sainte-Foy précisément. Le pain et le vin faisant bon ménage, il fallait en savoir plus.

S'installer en bio rien que pour toucher les subventions
Ces viticulteurs bordelais, installés en bio depuis 1998, viennent ici depuis une quinzaine d’années. Plus exactement, ce sont leurs parents qui ont commencé à venir. « Langeac et Beaulieu sont nos deux foires principales. Ça marche bien pour nous, ça fait longtemps qu’on est implantés », explique M. Guichard qui s’occupe de l’exploitation familiale avec son frère. Selon lui, le bio commence à « prendre racine » dans sa région  malgré les difficultés rencontrées dans le domaine viticole, notamment, à cause de la météo : « chez nous, nous sommes 5 sur 50 producteurs. Mais c’est très difficile. Cette année, avec les pluies du printemps, nous avons produit 400 hectolitres au lieu de 700 hl en temps normal avec une surface de 15 hectares. Il faut officiellement trois ans pour une reconversion, mais moi je dirais plutôt cinq ! Il y a des subventions pour aider. Malheureusement, il y en a qui ne s’installent en bio que pour les toucher et qui abandonnent dès la fin de leur reconversion. Ils ne s’en cachent même pas. Je trouve ça honteux. »
Autant dire que M. Guichard, lui, « ne mange pas de ce pain-là » !

On pourrait donc conclure après ces multiples échanges « bio », que « mieux vaut pain en poche que plume au chapeau » ! (tout ce qui est superficiel n’a pas de valeur réelle et ne nourrit pas).

S.L.

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