Autorisation de tirer sur les loups à Saugues

, Mise à jour le 31/05/2025 à 06:00

Ce mercredi 28 mai, la préfecture de la Haute-Loire a partagé un communiqué de presse à l'ensemble des médias locaux. Après que sept communes de Haute-Loire aient été placées en surveillance renforcée par arrêté préfectoral, le 23 mai dernier, Yvan Cordier donne cette fois l'autorisation à un éleveur saugain d'user de la poudre contre le prédateur. 

En encadré, l'intervention d'Azelma Sigaux, porte-parole de Révolution Écologique pour le Vivant (REV), qui signe un pamphlet acide destiné au préfet de la Haute-Loire.

Le sujet est aussi vif qu'il suscite visions et arguments opposés. Quand les uns désignent le loup comme un tuer de troupeau et un réel danger, les seconds appellent à la tolérance et la mise en place d'initiatives au nom du "vivre ensemble" et de la biodiversité". 

Compliqué est alors de satisfaire les deux parties, les voix étant aussi louables et compréhensibles l'une que l'autre. En tant que préfet, Yvan Cordier reste décisionnaire des actes à mettre en place en Haute-Loire pour ménager "le loup" et la chèvre.

"Il a été accordé par arrêté une autorisation de tirs de défense simple"

Aussi, à la suite des deux dernières attaques survenues à Saugues, les éléments recueillis par l’Office français de la biodiversité (OFB) ne permettraient pas d’exclure l’implication du loup.

Dans ce contexte, le préfet annonce cette information sensible : "Il a été accordé par arrêté une autorisation de tirs de défense simple à un exploitant de la commune de Saugues afin de permettre la protection de son troupeau. Cette autorisation s’inscrit dans un cadre réglementaire précis encadrant les interventions en cas de prédation".

"Monsieur le Préfet,

Ce mercredi 28 mai, vous avez déposé un arrêté préfectoral autorisant un éleveur de Saugues à tirer sur des loups, de jour comme de nuit, pour « défendre » ses brebis. Cette déclaration fait suite aux signalements de deux éleveurs, qui après avoir retrouvé des animaux de leurs troupeaux blessés et tués, affirment que cette attaque est celle d’un loup.

En tant qu’écologiste, antispéciste et porte-parole de la Révolution Écologique pour le Vivant, mais aussi en tant que citoyenne outrée par cette mesure exceptionnelle, je vous demande, Monsieur le Préfet, d’annuler cette décision qui porte atteinte à la protection de la biodiversité et des espèces protégées ainsi qu’à la sécurité des personnes. Cet arrêté constitue en outre un leurre : non, contrairement à ce que vous voulez faire entendre, les tirs de loups ne sauveront pas les agriculteurs de la faillite économique qui leur est malheureusement réservée. Celle-ci n’est pas causée par le « grand méchant loup », mais par un système capitaliste destructeur du vivant, pro-agroindustriel, que vous encouragez par ce type d’annonce.

Votre décision s’inscrit dans une politique nationale et européenne qui promeut la chasse et en particulier celle des grands prédateurs. En effet, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, connue pour son soutien infaillible au lobby de la chasse et à celui d’une agriculture écocidaire, vient d’annoncer des mesures permettant aux éleveurs bovins d’opérer des « tirs de défense ». Quant au Conseil de l’Union Européenne, il doit, d’ici un mois et contre l’avis des associations de protection de l’environnement, déclasser le loup, dont l’espèce ne sera plus « strictement protégée », mais seulement « protégée ». Une procédure qui permettra de multiplier les arrêtés tels que celui que vous avez pris et ouvrira la voie au retour de la chasse au loup et, pourquoi pas, à d’autres espèces préservées. Votre décision suit également la politique pro-chasse et pro-FNSEA de l’ancien président de région, Laurent Wauquiez, dont l’influence locale est toujours omniprésente.

L’application de votre arrêté n’est donc pas une surprise. Mais cet acte électoraliste, cette mesure de soutien au syndicat agricole majoritaire, aux chasseurs et au wauquisme reste une aberration à la fois écologique, sécuritaire et morale qui ne s’appuie sur aucune donnée réaliste.

Car, même si « les éléments recueillis par l’Office français de la biodiversité ne permettaient pas d’exclure l’implication du loup » lors des attaques récentes sur les troupeaux concernés à Saugues, rien ne prouve qu’elles aient été causées par des loups pour autant. La présence d’un « canidé » sur la vidéo d’une caméra nocturne à proximité ne constitue pas davantage une preuve à cette affirmation. Par ailleurs, quand bien même un loup aurait causé la mort de brebis, tuer le coupable n’est pas une solution. D’abord parce que les agriculteurs ne sont pas formés au tir et que des accidents graves peuvent être occasionnés par cette autorisation, mais aussi et surtout parce que des solutions non létales existent et fonctionnent. Le triptyque bergers, chiens de protection et clôtures a permis en 7 ans de stabiliser la prédation, avec moins de 0,067% du bétail européen impacté par le loup, selon diverses grandes associations de protection de la biodiversité telles que la WWF et la LPO. Enfin, le loup reste une espèce vulnérable, voire quasi-menacée en Europe. Ce ne sont pas les animalistes qui le disent, mais bien l’Union Internationale de Conservation de la Nature.

Pour toutes ces raisons, vous devez suspendre l’arrêté permettant le tir de loups dans la commune de Saugues. Bien entendu, je ne vous demande pas d’adhérer à la philosophie de la REV, qui attribue à la vie des animaux, quelle que soit leur espèce, une valeur intrinsèque, et qui défend à terme la fin de l’élevage. Mais j’en appelle à votre honnêteté intellectuelle et aux responsabilités qui incombent à votre fonction : par l’annulation de cet arrêté et la promotion d’alternatives non létales pour la protection des animaux d’élevage, vous ferez honneur à votre mission, en tant que garant de la sécurité en Haute-Loire".

"Ce dispositif vise à concilier la protection des activités d’élevage avec le respect de la biodiversité"

Le communiqué de presse de la préfecture précise, en conclusion : "Les tirs peuvent être réalisés de jour comme de nuit, à proximité immédiate des animaux, dans le respect des règles de sécurité. Ils sont conditionnés à la mise en œuvre de mesures de protection préalables et à la tenue d’un registre consignant les actions menées. Ce dispositif vise à concilier la protection des activités d’élevage avec le respect de la biodiversité".

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1 commentaire

sam 31/05/2025 - 22:19

A les entendre ils n'ont pas le temps de surveiller leurs troupeaux n'y de les mettre à l'abri pour la nuit... Comment vont ils procéder ??? . 

Je renseigne ma commune de préférence :

  • Accès prioritaire à du contenu en lien avec cette commune
  • Peut être différente de votre lieu de travail
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