Agriculture : « Nous sommes très inquiets par cette inflation indomptable »

Par Nicolas Defay mar 06/12/2022 - 06:00 , Mise à jour le 06/12/2022 à 06:00

Au terme de la session de la Chambre d’Agriculture Haute-Loire le 1er décembre, son Président Yannick Fialip partage son analyse sur l’état de santé du monde agricole. Entre espoir et désarroi...

Jeudi 1er décembre, trois grands axes ont été abordés dans la grande salle du siège de la Chambre d’Agriculture au Puy-en-Velay. Les coûts de l’énergie, la sécheresse et le programme FEADER chapeauté par la Région.

Les discussions ont parfois rassuré, parfois alarmé. Du côté des aspects positifs, le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural 2023-27 (FEADER) a été présenté par Fabrice Pannekoucke, Vice-Président du Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes. « Ce plan vise à aider les agriculteurs pour leur installation ou moderniser leurs bâtiments agricoles, résume Yannick Fialip, Président de la Chambre d’Agriculture Haute-Loire. Il permet aux professionnels d’être correctement accompagnés techniquement et financièrement ».

(A droite) Yannick Fialip est le président de la Chambre d'Agriculture de Haute-Loire.
(A droite) Yannick Fialip est le président de la Chambre d'Agriculture de Haute-Loire. Photo par Nicolas Defay

La Haute-Loire agricole en chiffre, c’est ça ▼

> 231 000 hectares de surface agricole utile (SAU) sur un département de 5 000 km²
> Année 1970 : 17 000 exploitations. 17 hectares de SAU moyenne
> Année 2020 : 3 950 exploitations. 59 hectares de SAU moyenne
> 6 721 personnes occupent un emploi permanent
> 83 % des exploitations font de l’élevage.
> En 10 ans, une moyenne de 61 installations dans le département.
> 30 % s’installent en agriculture biologique
> Entre 150 et 200 départs à la retraite chaque année

La sécheresse, véritable calamité

L’autre volet positif concerne l’accompagnement de l’État avec le fond de calamité pour la sécheresse. « Je pense que c’est en bonne voie, affirme Yannick Fialip. On attend le Comité national du 9 décembre qui va donner les réponses et les modalités précises sur le sujet. Les aides seront octroyées en fonction du taux de perte répertorié par chaque agriculteur de Haute-Loire ».

« Des ruptures de produits alimentaires en seront la conséquence ! »

Place maintenant à ce qui taraude le plus les agriculteurs du département : le coût de l’énergie et de bien d’autres éléments. « Nous sommes très inquiets, c’est vrai, déplore Yannick Fialip. Nous avons des propositions tarifaires pour 2023 de la part des opérateurs énergétiques et notamment de l’électricité qui sont 3 à 6 fois supérieurs par rapport à l’année 2022 ! »

Il pose la question : « Est-ce que ce mur de l’énergie ne signifie pas un mur alimentaire ? Car il est certain que des ruptures de produits alimentaires en seront la conséquence ! »

« Nous courrons droit vers une situation qui sera totalement ingérable »

Le Président de la Chambre d’Agriculture 43 continue : « Avec l’énergie, il y a aussi les emballages, les intrants...Nous sommes lentement étouffés par ces charges qui augmentent toutes sans exception ».

Il prévient fermement : « L’économie en France, et encore plus celle de monde agricole, ne peut absorber une telle inflation. Si la tendance ne s’inverse pas, nous courrons droit vers une situation qui sera totalement ingérable ».

La Haute-Loire est le 1er producteur de lait de la moitié sud de la France avec 404 millions de litres produits en moyenne par an

« Il ne faut surtout pas que des coupures interviennent durant les périodes de traites du lait »

À propos des possibles risques de coupure d’électricité cet hiver, là-aussi l’inquiétude est très présente. « Nous avons sollicité le Préfet pour qu’il porte une attention particulière aux agriculteurs. Il ne faut surtout pas que des coupures interviennent durant les périodes de traites du lait qui sont le matin et le soir. Si tel était le cas, les agriculteurs en question seraient en grande difficulté. »

Il termine en ce sens : « Si les traites ne peuvent se faire à temps et dans de bonnes conditions, la quantité et la qualité du lait en seraient fortement altérées. La conséquence à ça ? Des abandons de cette profession indispensable pour eux comme pour toute la société ».

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