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Accident mortel d'Araules : le chauffeur pouvait-il voir la moto ?

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:32

Les faits remontent au 15 août 2013 (lire). En fin de matinée, les sapeurs-pompiers et gendarmes interviennent sur la commune d'Araules, dans l'Yssingelais, au niveau du carrefour entre les routes départementales 42 et 15. Un motocycliste et une voiture s'étaient percutés : le premier n'a pas survécu.
C'est au niveau de l'intersection entre les deux routes que l'accident a eu lieu : le conducteur de la voiture, un informaticien de 52 ans originaire de Saint-Etienne au volant d'une Ford C-Max, arrive depuis la route départementale 42 et marque le stop avant de s'engager sur la RD15. Quand il se lance, il ne voit pas la moto arriver sur sa droite. Le choc est alors inévitable.

Evacué par hélicoptère, il décède à l'hôpital
Le motard, qui conduisait une Honda 900, est un jeune papa de 33 ans domicilié à Saint-Julien-Chapteuil. Evacué par l'hélicoptère Dragon 63 à l'hôpital Emile Roux du Puy-en-Velay, il a succombé à ses blessures une fois arrivé au centre hospitalier.
Le conducteur de la Ford n'a pas été blessé mais sa passagère, une femme de 47 ans, a été évacué sur Firminy. Ses deux enfants étaient également à bord et bien que choqués, ils ne sont pas blessés dans ce terrible accident.

"Je demande pardon à la famille de la victime, [...] nos vies aussi sont gâchées maintenant"
Poursuivi pour homicide involontaire, le quinquagénaire déclare à la barre : "je suis effondré, je me suis refait le film de cette journée des centaines de fois et je ne l'explique toujours pas". La famille était partie à la journée pique-niquer au Mézenc. Avant de traverser la RD15, l'informaticien marque le stop. Il ne voit pas la moto arriver et le choc se situe au niveau de la porte avant droite, enfoncée d'une trentaine de centimètres.
"Je demande pardon à la famille de la victime d'avoir gâché leurs vies", lâche-t-il à la barre, alors que la victime avait un enfant d'environ neuf mois à l'époque, avant d'ajouter : "nos vies aussi sont gâchées maintenant".

"Ni stupéfiant, ni alcool, c'est une erreur de conduite aux conséquences tragiques"
L'avocate de la partie civile, représentant la famille de la victime, a relevé : "ils sont meurtis, il leur manque une partie d'eux-même. La route était certes bosselée mais il y a surtout un stop qui a été grillé". Afin de chiffrer les indemnités de dommages et intérêts, elle a sollicité un renvoi sur intérêt civil, tout en demandant une provision correspondant à l'offre de la compagnie d'assurance au titre du préjudice d'affection.
Représentant le Ministère Public, Karima Djemali a souligné : "il n'y avait ni stupéfiant, ni alcool, c'est une erreur de conduite aux conséquences tragiques". Compte tenu que le casier judiciaire du prévenu était vierge, elle a requis une peine de six mois d'emprisonnement avec sursis et une contravention de 100 euros.

"Il n'y a pas de faute de conduite, c'est une fatalité [...] liée à la topographie des lieux"
L'avocat de la défense a rappelé que son client allait devoir "porter ce fardeau toute sa vie" et a précisé : "il est poursuivi pour refus de priorité, donc il a bien marqué l'arrêt au stop". Photos à l'appui, il démontre que la moto se trouvait dans une cuvette et que son client ne pouvait pas la percevoir lorsqu'il s'est engagé sur la RD 15. Pour lui, "il n'y a pas de faute de conduite, c'est une fatalité" et son client ne peut être poursuivi pour "une absence de visibilité liée à la topographie des lieux".
Rappelant que depuis 30 ans, le quinquagénaire n'avait jamais eu d'accident (attestations de la compagnie d'assurance à l'appui), il a requis une peine un peu plus clémente avant de proposer que son client prenne d'ores et déjà à sa charge les frais d'obsèque.

Trois mois de prison avec sursis
Après délibérations, le tribunal correctionnel du Puy a prononcé une peine de trois mois d'emprisonnement avec sursis et une contravention de 100 euros pour le refus de priorité.
Quant aux indemnisations de la famille de la victime, elles seront déterminées lors d'une audience sur intérêts civils le 27 mai prochain.

Maxime Pitavy

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