6 millions d’euros pour les boulangers de la région : « Ce n’est pas la solution, mais c’est un début. »

Par EMa , Mise à jour le 07/01/2023 à 06:00

Fortement impactés par la hausse des prix de l’énergie et des matières premières les artisans boulangers d'Auvergne-Rhône-Alpes vont bénéficier d’une aide de la Région. 6 millions d’euros ont été débloqués, pour soutenir les boulangers face à cette crise. Une bonne nouvelle pour les boulangers de Haute-Loire ?

Face à la flambée des prix de l’énergie, les boulangers de Haute-Loire se retrouvent dans une situation de plus en plus précaire.

« Les marges et la trésorerie se font dérouiller ! », a livré Philippe Marion, gérant de la Boulangerie Maison Marion au Puy-en-Velay.

« On perd de l’argent sur les bénéfices, car les charges sont plus importantes. Les coûts des matières premières ont augmenté. Pour l’énergie, ça a été multiplié par trois. On ne peut pas le répercuter sur les produits, sinon on risque de perdre de la clientèle », a poursuivi Philippe Marion.

En revanche, de son côté, Didier Coste, gérant de la Boulangerie Lafayette, Rue Traversière des Tables, au Puy est contraint d’augmenter les prix de ses produits pour s’en sortir : « En moyenne, tous les prix des produits ont été augmentés de 10 %. Si on ne le faisait pas, on travaillerait pour rien. On travaille pour gagner de l’argent. On ne travaille pas pour travailler. »

Avec la flambée des prix, la baguette est passée de 1 € à 1,10€ à la boulangerie Lafayette
Avec la flambée des prix, la baguette est passée de 1 € à 1,10€ à la boulangerie Lafayette Photo par Martinet Enzo

« Selon nos calculs prévisionnels, on paiera 500 € d’électricité en plus par mois, soit 6 000 € en plus sur l’année, avec la hausse des prix de l’énergie », a constaté Valentin Riouffreyt, co-gérant de la Boulangerie La Folie Douce, installée depuis 5 mois au Puy.

« Si on veut travailler avec des bons produits, ça s’enflamme ! », a déploré Emma Gentes, co-gérante à La Folie Douce.

Pour les matières premières, la récente boulangerie assure que les coûts des produits surgelés, ou encore les gelées de fruits ont augmenté de 8 %. +20 % aussi pour les produits frais (levure, beurre, etc.)

« Il nous reste très peu de marge. Pour le moment, on ne répercute pas la hausse des prix des matières premières sur nos produits, mais on l’envisage. On attend de voir le coût de nos factures du mois de janvier et février. On ne veut pas augmenter pour augmenter. Il faut faire un calcul rationnel », ont affirmé les deux gérants.

« Une bouffée d’oxygène en trésorerie »

La Région Auvergne-Rhône-Alpes a donc annoncé ce mardi 3 janvier avoir débloqué une aide de six millions d’euros pour les professionnels de son territoire.

« La situation de nos boulangers est aujourd’hui apocalyptique. Avec cette aide, nous voulons leur donner une bouffée d'oxygène en trésorerie. Nous ne laisserons personne au bord du chemin », a déclaré le président de Région Laurent Wauquiez (LR) dans un tweet.

Une annonce qui satisfait les boulangers ponots :

« À la suite de cette annonce, le premier sentiment était positif. On traverse une période difficile et on est entendu. La région fait quelque chose que l’état ne fait pas, ou pas suffisamment », a confié Philippe Marion.

« Ça fait plaisir et ça va nous aider, c’est certain. J’ai l’impression que notre situation a été prise en compte. S’il y a une aide, elle est toujours la bienvenue », a déclaré Didier Coste, gérant de la Boulangerie Lafayette

Report des cotisations : reculer pour mieux sauter ?

Parmi les autres mesures annoncées par le gouvernement, il y a le report du paiement des impôts et des cotisations sociales. Les boulangers pourront aussi résilier sans frais, auprès des fournisseurs d’énergie, leurs contrats en cas de hausse « prohibitive » de leur tarif.

Des mesures qui ne font pas l’unanimité :

« Le report des cotisations sociales, c’est comme le PGE (Prêt garanti par l’État), sur le moment présent, c’est bien, mais il faudra le rembourser. Et à ce moment-là, on a peut-être pas toujours la trésorerie. Mon sentiment, c’est que ce n’est pas la solution. Mais c’est déjà un début », a confié Marion Philippe, Boulangerie Philippe Maison Marion

« Je ne suis pas favorable, car quoi qu’il en soit, il faudra payer à un moment donné. Je préfère payer quand je peux et pas autrement », a assuré Didier Coste.

À noter que pour l’heure, aucunes précisions sur les modalités d’attribution de cette aide aux boulangers locaux n’ont été données. Le président de la région se donne une semaine pour cadrer, avec les fédérations et les réseaux consulaires, un plan d’aide simple et rapide afin d’éviter les fermetures.

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