Procès des incendiaires présumés de la préfecture : '''un coup de force politique'''

lun 20/01/2020 - 18:49 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:01

Si le procès devait commencer à 9h30, il n'avait toujours pas débuté à 17h30. Le tribunal correctionnel du Puy tente par tous les moyens de faire débuter l'audience mais au terme d'une demi-douzaine de suspensions, le fond du dossier n'a pas encore été abordé.
Les avocats, en grève, ont demandé un renvoi qui leur a été refusé. Le tribunal a alors voulu désigner des avocats commis d'office mais le Bâtonnier Jacques Soulier fait valoir qu'il avait au préalable désigné des avocats de substitution. C'est sur ce point de procédure que l'affaire semble s'être enlisée.

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Retour à la case départ avec les trois premiers avocats désignés par le Tribunal
"S'il n'y avait pas eu de désignation au moment de l'audience, le Président pouvait tout à fait désigner des avocats commis d'office. Mais je l'ai fait donc ce sont les désignations que j'ai opérées qui sont valables", assure Jacques Soulier devant la presse.
Il s'appuie sur l'article 706-116 du code de procédure pénale qui stipule : "La personne poursuivie doit être assistée par un avocat. A défaut de choix d'un avocat par la personne poursuivie ou son curateur ou son tuteur, le procureur de la République ou le juge d'instruction fait désigner par le bâtonnier un avocat, l'intéressé étant informé que les frais seront à sa charge sauf s'il remplit les conditions d'accès à l'aide juridictionnelle.".
Le tribunal a pourtant à 15h30 refusé ses désignations d'avocats, "c'est déjà extraordinaire", commente le Bâtonnier, et a ensuite redésigné les premiers avocats dans le dossier (pour ne pas pouvoir se prémunir de ne pas connaître l'affaire), dont fais partie Jacques Soulier, "c'est quand même assez curieux", lance-t-il dépité. En principe, un avocat désigné d'office a l'obligation formelle de plaider, qu'il soit en grève ou non.

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"Un coup de force politique [...] pour juguler notre mouvement de grève"
"C'est un coup de force politique de vouloir absolument retenir ce dossier aujourd'hui", poursuit-il, "c'est pour juguler notre mouvement de grève". Selon lui, il y a d'autres juridictions où ça s'est bien mieux passé "mais je crois qu'ici, il y a un problème d'image de marque du Puy-en-Velay, de la préfecture, due à la visite de Monsieur Macron trois jours après les faits".

Prêts à aller jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme
"Je pense qu'il y a des pressions dans cette affaire pour essayer de sortir ce dossier le plus rapidement possible", dénonce Jacques Soulier, "en refusant nos demandes de renvoi, je crois bien que le pouvoir judiciaire apporte une certaine assistance au pouvoir politique".
Un "moyen de pression" qu'il juge "inadmissible", et le Bâtonnier du barreau de la Haute-Loire de conclure : "je pense que ça, ira jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme".

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À l'heure où sont rédigées ces lignes (18h), le procès n'avait toujours pas repris.

Maxime Pitavy

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