Les forces s'organisent contre le projet de la déviation du Pertuis

dim 05/07/2020 - 19:05 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:05

"Cette journée a pour but de faire prendre conscience aux gens de la démesure du contournement de la RN88 engagé par la Région, un engagement qui, je le rappelle, n'est pas de la compétence du conseil régional mais de l'Etat Auvergne-Rhône-Alpes, décrit Renaud Daumas, président de la FNE 43 (France Nature Environnement). Nous avons partagé les chiffres clés de ce projet à 226,5 millions d'euros ainsi qu'une cartographie précise de la future voie rapide. On a déploré ensemble les 3 millions de m3 de remblais que les travaux vont générer, l'absence de solution pour les gérer et les 140 hectares de terres, de sources et de zones humides qui vont être anéantis par le tracé de la route, sans compter des secteurs immenses non quantifiés dans le projet qui devront être détruits pour les seuls accès aux engins de chantiers".

Un vieux projet inadapté aux enjeux écologiques actuels
Renaud Daumas souligne le fait que la Région va mettre en place un projet vieux de trente ans dans les mêmes configurations sans prendre en compte les enjeux écologiques d'aujourd'hui. "Pourtant, des initiatives en corrélation avec ces enjeux là existent, assure-t-il. Déjà, pour le village du Pertuis et de Saint-Hostien, les gens qui se sont installés au bord la route actuelle l'ont fait parce qu'ils ont besoin de cet axe. Ceux qui se sont installés plus à l'extérieur ont procédé ainsi pour en être éloignés et être moins touchés par les nuisances sonores. Le contournement va totalement inverser ce choix des habitants. Pour l'aspect accidentologie, je ne pense pas que rouler à 110 km/h va éviter les accidents mortels. Pourquoi ne pas abaisser la vitesse à 30 km/h dans les villages traversés tout simplement ? Cela évitera les bouchons, il y aura moins de pollution rejetée et beaucoup moins de bruit. Et avec tout cet argent, on peut facilement développer les transports en commun, augmenter les fréquences et les offres, que soit pour les cars comme pour le train". L'idée de faire une petite déviation notamment pour Saint-Hostien a aussi été soulignée.

Casser la "fausse communication" de la Région
La centaine d'opposants a participé à cinq ateliers. "Nous avons travaillé sur les solutions alternatives, détaille Renaud Daumas. Des groupes se sont concentrés sur les enjeux politiques, d'autres sur les actions naturalistes, c'est-à-dire concernant la biodiversité. Un autre groupe a œuvré sur le chapitre Paysage et Patrimoine. Enfin, un dernier a planché sur les concertations citoyennes. Ce dernier est très important car ses objectifs sont de faire prendre conscience surtout aux gens du coin des vraies conséquences désastreuses du projet et ainsi casser la fausse communication de la Région. Cet atelier vise à sensibiliser la population et à trouver des modes d'action comme celle du Pertuis le 17 juin dernier pour nous faire entendre et argumenter sur les alternatives possibles".

Trois décennies de silence
Xavier Maleysson, un éleveur de vaches allaitantes et de chèvres à Saint-Etienne-Lardeyrol, fait partie des 29 agriculteurs ou éleveurs expropriés par le projet. Sur les 85 hectares en sa possession, il a été dépossédé de 10 hectares. "Je vais devoir diminuer mon cheptel en fonction de la diminution de mes terres", confie-t-il. Mais ce qui le tourmente le plus c'est l'impact que cela va avoir sur ses deux sources, des sources trouvées et canalisées par son grand-père. "Cette eau potable sert non seulement pour mes bêtes mais nous l'utilisons aussi pour nous. Nous ne sommes pas reliés par le réseau de la ville." Les travaux risquent de détruire les précieuses sources, localisées sur le tracé de la déviation. Si Xavier Maleysson avait mentionné le problème il y a déjà 30 ans, se confrontant à des silences durant toutes ces années, il a fallu l'opération du 17 juin au Pertuis pour faire réagir la Région. Un expert en hydrogéologie devrait se rendre sur son terrain le 20 juillet prochain.

Nicolas Defay

L'enquête publique démarre le 15 juillet, le préfet n'a pas encore donné son feu vert.

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