Le Puy : des collégiens sensibilisés aux questions d'incivilités et d'infractions

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:56

"Dans le cadre de la police de sécurité du quotidien, on cherche à développer tous les partenariats", nous souffle Eric Cluzeau, commissaire de police du Puy-en-Velay. Il en existe déjà un avec l'Éducation nationale et avec les chefs d'établissements scolaires du bassin Puy, "avec qui on a déjà de très riches relations, mais on intervient un peu au coup par coup", déplore-t-il. "Là, on a eu l'idée de créer cette rencontre pour faire venir plus d'élèves d'un coup, sur des thématiques prédéfinies".
Environ 130 élèves avaient donc répondu présent, des collégiens de Corsac, Jules Vallès et Lafayette. On notait également la présence d'élèves de terminale ou de BTS venus apporter leurs témoignages.

Pas plus de mineurs délinquants qu'il y a 30 ans
C'est ce qu'ont affirmé les intervenants, s'appuyant sur les statistiques du ministère de l'Intérieur. La question, c'est principalement la perception des incivilités (la même chose qu'avec la température ressentie), parfois amplifiée par des média peu scrupuleux. Statistiquement, ce sont environ 3,6 % des 10-17 ans qui commettent des infractions scolaires, principalement non violentes. On relève aussi 10 à 15 % d'élèves victimes de harcèlement dans leur scolarité.
Des chiffres, bien que peu élevés, à relativiser car ils sont bien en-dessous de cette moyenne nationale en Haute-Loire. Notre département demeure en effet "un sanctuaire de sécurité" : c'est l'un des mieux classés en la matière : il se situe au 92ème rang (sur 96) des départements les plus tranquilles pour les atteintes aux personnes, et au 89ème rang pour les atteintes aux biens. Parmi la délinquance des mineurs, on a aussi des jeunes déscolarisés, des décrocheurs donc il est difficile de donner des chiffres... "Mais ça reste marginal", assure le commissaire de police du Puy.

Deux collégiens au micro
Deux élèves de quatrième du collège Jules Vallès du Puy-en-Velay. Ils expliquent au micro de Zoomdici les enseignements qu'ils ont tirés de cette réunion d'information, que ce soit en termes de harcèlement scolaire, d'infractions, d'incivilités, de stupéfiants ou encore les peines encourues pour ce type de comportements.


"Des relations avec les collégiens et lycéens où il n'y a pas de défiance vis-à-vis de l'autorité"
Comme évoqué plus haut, la délinquance scolaire est très légère en Haute-Loire. "Au Puy, on a un bassin de vie qui est à dimension humaine et on a des relations avec les collégiens et lycéens où il n'y a pas de défiance vis-à-vis de l'autorité", estime Eric Cluzeau. "On sème aussi des valeurs que l'on partage avec l'Education nationale et on a globalement de très bonnes relations", ajoute-t-il.
S'il est assez optimiste, il assure toutefois qu'il faut rester prudent : "les phénomènes arrivent, parfois très vite avec la mondialisation et l'intervention sur les fake news (ndlr : l'un des sujets évoqués ce mardi matin) montre qu'il y a beaucoup d'informations qui viennent de l'extérieur et pas des média locaux... On assiste à l'accélération de plusieurs phénomènes qu'il faut détecter très vite".

Quelles sont les peines encourues par un mineur ? 
C'est l'une des questions qui a été posée par les élèves. Jusqu'à 13 ans, un mineur ne peut pas faire de prison (il peut tout de même être placé dans un établissement d'éducation ou médical, mais aussi bénéficier d'une liberté surveillée). De 13 à 15 ans, la sanction peut aller jusqu'au placement en centre éducatif fermé (dans le cadre d'un sursis avec mise à l'épreuve) et jusqu'à une peine amende de 7 500 € maximum. De 16 à 18 ans, les sanctions sont les mêmes sauf que le mineur peut aller en prison. Sa peine ne peut toutefois pas excéder la moitié du maximum prévu pour un majeur. 
"On ne peut pas faire la moitié de la perpétuité alors quelle est la peine maximale pour un mineur ?", demande un élève. "La peine prononcée ne peut pas dépasser 30 ans de prison", lui répond Nizar Samlal (dernier juge rentré au TGI du Puy, afin d'offrir des effectifs complets... mais de courte durée). Ce dernier, lors de son intervention, a d'ailleurs sèchement repris un adolescent qui chahutait et il l'a réprimandé sur la question du respect : "voici un exemple d'incivilité", a-t-il déclaré, "très désagréable pour celui qui s'exprime".

Certains jeunes ne font guère la distinction entre une incivilité et un délit
La question des incivilités justement est loin d'être anodine. "Policièrement parlant, l'incivilité ne relève pas du pénal mais c'est un comportement qui gêne", explique le commissaire Cluzeau, "comme par exemple un scooter qui fait trop de bruit, un individu qui se balade sur la voie publique avec une sono à fond, etc. Ça ne va pas forcément gêner une personne en particulier mais l'environnement, c'est une façon de marquer son territoire".
Le problème c'est que certains jeunes ne perçoivent pas par exemple le harcèlement comme un délit mais comme une incivilité.

Pas d'impunité pour les délinquants du clavier
"Il n'y a pas d'impunité sur les réseaux sociaux", prévient Nizar Samlal, "une injure sur Facebook par exemple, c'est une injure publique et c'est passible de 12 000 € d'amende. On a récemment eu une affaire de ce type au Puy".
Idem pour la diffusion d'images de personnes dénudées, "même si c'est votre copine qui vous a envoyé la photo", met en garde le magistrat, "une peine de deux ans d'emprisonnement est encourue en cas de diffusion". Là encore, quelqu'un a été jugé à ce propos la semaine dernière. Et le juge de souligner : "attention, la cybercriminalité est une circonstance aggravante".

Vente de stups : "ça se fait beaucoup de façon émiettée aujourd'hui"
Pour conclure, nous avons demandé au commissaire quels types d'interventions sont les plus récurrents ? "Plutôt des troubles du voisinage, des dégradations", répond-il. Comme les tags retrouvés au lycée C&A Dupuy ? "Oui, même s'il y a distinction entre tags, graffiti et dégradations. On est dans une période troublée avec les mouvements sociaux et où il y a aussi une forme de désinhibition sur certains sujets mais ça reste mesuré", tempère-t-il.
Reste alors la question de la vente de stupéfiants aux abords des établissements scolaires, comme ça avait été le cas à Monistrol en 2016. "Il y a une grande attention des chefs d'établissements sur cette question", assure-t-il, "on demeure très vigilants de ce qui se passe aux abords mais on n'a pas eu d'affaire de ce type ces derniers temps et on n'a pas repéré de point de fixation". Les services de police font parfois des descentes avec les chiens, à la demande de l'établissement, surtout pour les internats. Enfin, ce qui est compliqué, c'est que "ça se fait beaucoup de façon émietté aujourd'hui", conclut-il, "avec de petits usagers qui revendent pour dépanner les copains et financer leur consommation, donc plutôt dans leurs domiciles et difficiles à repérer". 

Maxime Pitavy

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