Manifestation : près de 300 personnes dans les rues du Puy

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 04/02/2021 à 15:40

Jeudi 4 février, jeunes et vieux, femmes et hommes, chômeurs et travailleurs, ont défilé dans la cité ponote pour résister et rappeler. Résister à « l’hécatombe sociale et économique en devenir ». Rappeler « l’importance de déconfiner les mouvements sociaux » pour faire entendre la colère de la rue et du peuple à l’asphyxie.

Les chiffres de la mobilisation

Les syndicats ont compté 300 manifestants au Puy-en-Velay ce jeudi matin. La préfecture 240.

Les étendards s’additionnent un à un, lentement, à mesure que l’heure du départ approche. La place Cadelade s’emplit alors de générations d’hommes et de femmes, la plupart masqués, pour scander les mêmes slogans qui résonnent entre les immeubles de la ville-préfecture depuis des années. Fonctionnaires, privés, syndicats, gilets jaunes...le cortège aux centaines de visages s’étirent le long du Breuil pour remonter le boulevard Saint-Louis. Le CIP (Collectif Intermittents et Précaires) 43 ferme la marche, leurs membres et les sympathisants venus en masse. Et ils ne passent pas inaperçus. Comme pour rappeler leurs professions de l’ombre mises d’habitude en lumière dans les salles de théâtres, les salles de concerts, les cinémas ou ailleurs, ils défilent en habit de deuil, silencieux, à la fois tristes et beaux.

Photo par Nicolas Defay

« Ce sera alors une casse sociale sans précédent »

Devant la préfecture, le flot s’éparpille progressivement comme une vague sur la plage. « Il nous faut déconfiner les mouvement sociaux et tout le pays, insiste Pierre Marsein, secrétaire général de la CGT 43. C’est vrai qu’il est difficile de mobiliser à cause de cette peur justifiée du virus. Pourtant, pendant que nous sommes en partie muselés, le Gouvernement fait avancer les lois liberticides qui nous concernent tous. »

Il continue : « De l’argent public est distribué à outrance et sans contrepartie à des entreprises puissantes comme Michelin par exemple. Elles touchent des millions d’euros avec le CICE, les cotisations sociales et l’emploi de l’activité partielle. Elle continuent même encore à distribuer des dividendes. Et qu’est-ce qu’on annonce dans le même temps ? Des suppressions d’emplois dans ces mêmes entreprises ! » Pierre Marsein conclue : « Nous nous dirigeons tout droit vers un hécatombe sociale et économique. Lorsque les aides publiques se tariront, ce sera alors une casse sociale sans précédent ».

 

« Depuis mars 2020, nous sommes réduits au silence, explique la comédienne Marie Aubert. Les salles de spectacles, les restaurants, les lieux de vie sociale se sont tus. Nous CIP 43, intermittents du spectacle, extra de l'hostellerie et de la restauration, saisonniers et vacataires, techniciens de l’événementiel, nous artistes, précaires, intermittents de l’emploi, nous demandons les mêmes règles sanitaires que les lieux de consommation et de cultes qui, eux, sont ouverts.
Nous demandons la prorogation des droits à l’assurance chômage aux annexes 8 et 10 pour les artistes et techniciens, au-delà du 31 août 2021, et pour une durée d’un an après la reprise du travail pour tous les secteurs.
Nous demandons l’abaissement du nombre d’heures nécessaires à l’ouverture des droits au chômage pour tous les primo-accédants.
Nous demandons la création d’une annexe de l’assurance chômage spécifique à tous les travailleurs concernés par la discontinuité de travail et ayant des employeurs multiples pour les intermittents de l’emploi.
Ce que nous défendons, nous le défendons pour tous ! »

Photo par Nicolas Defay

La musique du silence

Il est presque midi. Les discours des syndicats partagés comme à l’accoutumée devant la préfecture de la Haute-Loire laissent alors place à un spectacle du CIP 43. En chef d’orchestre, le comédien Lionel Alès rassemble les éléments du collectif pour un concert en plein air. Il y a un petit piano, une guitare, quelques accordéons. Il y a même des techniciens qui sont là avec des projecteurs pour éclairer la formation.
Ce live (« vivant » en Français) ne durera qu’une poignée de seconde. Aucune musique n’en sort. Aucun geste. Aucun décor si ce n’est la banderole noire et grise du CIP. Une poignée de secondes pour montrer le visage de la culture sans celles et ceux qui la font vivre. Une démonstration de silence plus assourdissante que les plus forts cris de détresse.

Photo par Nicolas Defay

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9 commentaires

sam 06/02/2021 - 17:19

Le syndicalisme se meurt et ce n'est pas étonnant. Jadis, ils défendaient le travail et ses conditions d'exercice. Aujourd'hui, ils défendent la paresse.
300 personnes c'est tellement peu qu'ils ne devraient pas trop la ramener. En fait, ce n'était rien de plus qu'un apéro entre vieux ronchons en décharge syndicale.

sam 06/02/2021 - 08:29

J'ignore QUI a bien pu les compter, mais quelle représentativité du peuple francais avec "seulement 300 manifestants" !! Le problème dans ces comptages est que LES ORGANISATEURS de ces défilés COMPTENT LES PIEDS et LA POLICE COMPTE LES TÊTES. ...alors ??

ven 05/02/2021 - 10:03

L ; A voir les drapeaux rouges non pas 300 manifestants mais 300 cégétistes ou assimilés qui manifestent sans pouvoir donner de vrais solutions. Que représente 300 personnes sur le bassin du Puy : rien un point c'est tout.

jeu 04/02/2021 - 19:16

heureusement qu il reste encore des gens qui manifestent , nous sommes devenus un peuple soumis au bon vouloir de nos dirigeants par le biais du covid et des amendes..quelle tristesse !! bientot ç 'est la plume dans le C.. qui nous attend et ils y aura encore des gens qui seront pour.

jeu 04/02/2021 - 19:14

Heureusement que pendant ce temps, il y en a qui travaillent, qui font vivre le pays, qui payent leurs cotisations pour ceux qui travaillent pas ...etc, etc ..... Arrêtons TOUS, allons manifester TOUS ensemble, et on vivra mieux ! Non mais quelle blague !
Continuez comme ça et il n'y aura plus personne en Haute-Loire et ceux qui reste dépendrons de l'aide humanitaire...et il n'y aura plus de Sécurité Sociale bien sur.

jeu 04/02/2021 - 18:23

Une des plus maigres manifs vues au Puy
Macron et Le Pen peuvent ête tranquilles et continuer à cavaler en tête dans tous les sondages

jeu 04/02/2021 - 17:43

C'est une grande première de voir des chômeurs défiler au puy il y a qques années en arrière quand les travailleurs défilaient pour défendre les acquis sociaux de tous y compris des chômeurs ces derniers regardaient passer la manil installés aux terrasses des bars ou assis sur les bancs du Breuil

jeu 04/02/2021 - 16:32

Celles et ceux qui braillent sans masque , c'est parce qu'ils n'ont pas encore compris la dangerosité du virus, des irresponsables en puissance ou bien c'est pour la photo au cas où on leur demanderait de prouver qu' ils étaient bien dans le cortège. ..?? Toujours est-il qu'il y en a bien qui cherchent le bâton pour se faire battre ! Tant pis pour eux et surtout qu'ils ne viennent pas pleurer après !

jeu 04/02/2021 - 16:11

Serais-je déjà la fin du "quoi qu'il en coûte"?