Pour FO, "une carte scolaire contre l'école rurale"

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:58

La nouvelle Inspectrice d'Académie a fait sa rentrée et au terme du premier Comité Technique Spécial Départemental (CTSD), elle a adressé aux rédactions locales un communiqué de presse pour annoncer "aucune fermeture de classe", malgré une baisse des effectifs de 429 élèves.

"Il y a bel et bien des fermetures de classes"
Une annonce qui ne manque pas de susciter la réaction des syndicats, notamment Vincent Delauge, secrétaire SNUDI-FO : "il y a bel et bien des fermetures de classes, puisque toutes les fermetures prononcées lors du Comité Technique de février sont actées par madame l'Inspectrice d'Académie". Le solde se traduit donc par une perte de trois postes. Et le représentant syndical de dénoncer "des déplacements de demi-postes d'une école à une autre, ce qui revient à dégrader des conditions de travail dans une école, pour sauver les meubles dans une autre".
Pour Force Ouvrière, "la carte scolaire de l'Inspectrice d'Académie est dans la continuité de celle de son prédécesseur : contre l'école rurale et contre les conditions de travail des personnels".

----Cachez moi cet enfant que je ne saurais voir
Jusqu'à présent, les enfants de moins de trois ans scolarisés étaient comptabilisés dans les effectifs de l'Inspection d'Académie. Ce n'est plus le cas, ce qui mécaniquement engendre des baisses d'effectifs, qui peuvent (parfois) permettre de justifier des fermetures de classe.-----Exemple de seuils dépassés sans ouverture
Exemple à Saint-Beauzire car l'école est dotée de 2,5 classes. "Ce 0,5 poste, ce n'est que pour alléger les autres classes", pointe du doigtle syndicat, "mais le seuil d'ouverture, de 51 élèves selon l'administration, est largement dépassé avec 57 élèves à cette rentrée".
Sans compter la vingtaine d'enfants réfugiés qui devraient intégrer l'école après la transformation du centre d'accueil et d'orientation (CAO) de la commune en Centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA). "On est en train de détruire l'école publique, et surtout l'école publique rurale et les collègues qui vont avoir 30 élèves par classe, je ne sais pas comment ils vont faire", met en garde Vincent Delauge. Seule satisfaction syndicale : l'ouverture à saint-Geneys-près-Saint-Paulien.

En maternelle, "une école à la carte qui se transforme petit à petit en garderie"
Autre situation pointée du doigt par le syndicat : celle des maternelles. "On va vers une école à la carte qui se transforme petità petit en garderie", met en garde Vincent Delauge, secrétaire SNUDI-FO. Il explique au micro de Zoomdici les difficultés qui s'annoncent pour les enfants et les enseignants avec cette "école à la carte".

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24 postes en trop : elle "annonce la couleur"
Selon les membres de FO présents au CTSD de cette semaine, la nouvelle Inspectrice d'Académie "annonce la couleur" puisqu'elle jugerait le département "surdoté".
Budgétairement, il y aurait 24 postes en trop, qui pourraient disparaître à la rentrée 2020. C'est la crainte du syndicat, qui déplore que les décisions soient prises dans "le seul cadre de l'austérité budgétaire".

----Un loi Blanquer qui renflout les caisses de l'enseignement privé
C'est ce que dénoncent plusieurs syndicats, dont FO, car jusqu'à présent, les collectivités n'indemnisaient les écoles privées que pour les enfants ayant plus de six ans, âge obligatoire de la scolarisation. En l'abaissant à trois ans, "le gouvernement flèche des millions d'euros vers le privé".-----Faire mieux avec moins... ou simplement faire moins cher ?
Restrictions budgétaires obligent, on demande de plus en plus aux divers services publics de faire mieux avec moins, mais du côté des personnels, on a souvent le sentiment qu'il s'agit avant tout de faire avec moins, quitte à sacrifier la qualité du service. "Peu importe si on fait moins bien tant qu'on fait moins cher. C'est la privatisation des services publics, dont l'école, qui se profile", met en garde le secrétaire SNUDI-FO de Haute-Loire.
"On se rend bien compte que l'on va faire beaucoup moins bien", constate Vincent Delauge, "les seuils d'ouverture qui sont en cours depuis des années sont largement dépassés mais l'Inspection nous annonce qu'elle va les réhausser, pour ne pas procéder aux ouvertures légitimes car ces seuils seraient obsolètes..." Difficiles à avaler quand ce même argument des seuils a servi à justifier des fermetures de classes pendant des années.

Maxime Pitavy

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