Marché du Breuil : la fin du malaise ?

, Mise à jour le 26/11/2020 à 19:23

On sent que le dossier est sensible. En off, on obtient des infos, mais officiellement personne ne veut se mouiller et la réponse la plus entendue aura été : "sans commentaire". Pas moins de trois acteurs majeurs dans ce dossier n'ont pas souhaité être cités...

Si l'enjeu n'est pas communautaire, pourquoi solliciter un membre de la mosquée ?
Pour tenter de trouver une solution, un membre de la mosquée du Puy a été sollicité à la fois par les clients du marché, mais aussi par la municipalité et par quelques marchands pour agir comme médiateur. Lui aussi a souhaité gardé l'anonymat et n'émettre aucun commentaire.
Mais si la question communautaire est "un faux débat", comme nous l'avait expliqué la municipalité ponote il y a deux semaines (lire), alors pourquoi solliciter un membre de la mosquée comme intermédiaire ?

----"Pourquoi faire intervenir un membre de la mosquée alors que la question n'est pas communautaire ? Il aurait surtout fallu réunir des professionnels du marché car la mosquée ne connaît rien au monde des forains", constate Brahim Lhamam.-----"On m'a fait comprendre que pour avoir osé parler, jamais je n'obtiendrais mon abonnement"
Nous avons repris contact avec Brahim Lhamam, le marchand ambulant qui avait dénoncé la façon dont le marché avait été restructuré et qui avait déploré l'enjeu communautaire. Lui a accepté de nous répondre.
"On m'a fait comprendre en mairie que pour avoir osé parler, jamais je n'obtiendrai mon abonnement", affirme-t-il, "je savais les risques que j'encourais mais il fallait bien que quelqu'un parle. Au moins, je pars la tête haute et j'espère que ça m'aidera à rebondir dans une autre activité".

Un seul obtient le césame
Au final, presque tous ont connu le même sort que lui. Certains "avaient les larmes aux yeux", ajoute une autre source anonyme. Et sur les 16 marchands à qui on a retiré leur emplacement habituel, seul un d'entre eux est parvenu à obtenir un abonnement, "car il était là depuis très longtemps et que les produits proposés pouvaient correspondre", nous confie l'une des sources anonymes, et aussi parce qu'il a été appuyé par un interlocuteur que la municipalité ponote écoute.

Des marchands exclus ont abandonné et un compromis a été trouvé
Pour marquer leur refus de cette restructuration du marché, les forains avaient boycoté le tirage au sort le premier samedi (lire). Mais plus de la moitié des marchands ont fini par céder, ce qui a profondément scindé le mouvement et établi qu'un tirage au sort aurait désormais lieu tous les samedis matins, comme l'avait décidé la municipalité ponote.
L'affaire est close et la médiation a permis l'élaboration d'une liste de cinq marchands parmi les exclus. Ces cinq lauréats auront une place attitrée un samedi sur quatre et devront se soumettre aux aléas du tirage au sort les trois autres samedis du mois.

----Nous avons contacté Yves Devèze, le conseiller municipal en charge du dossier. Encore une fois, il a été difficile d'en savoir plus : "je me suis suffisament exprimé à ce sujet, nous n'avons rien à ajouter de plus", a-t-il déclaré avant de préciser : "je sais que vous avez contacté la mosquée hier, je ne sais pas quel est votre intention mais nous ne souhaitons pas être instrumentalisés dans cette affaire et nous ne ferons pas d'autre commentaire".-----Sous-jacente, la question de la prédominence communautaire sur cette partie du marché.
"Ils ont réussi à décourager ceux qui viennent de loin et ce sont des nouveaux qui ont pris la place", constate Brahim Lhamam, quand une autre source anonyme nous confie : "durant l'été, c'est facile de trouver des marchands mais comment ça va se passer cet hiver ? On va rappeler les exclus ?". La mairie a souhaité diversifier l'offre sur le marché pour qu'elle soit plus représentative de la population vellave. Sous-jacente, la question communautaire, profondément tabou, est en fait au coeur du débat.
"On voit bien que ce sont des maghrebins qui ont été remerciés et que ce sont des profils, disons plus français, en tout cas plus pâles, qui ont pris leur place", dénonce un autre acteur du dossier ayant choisi l'anonymat. Brahim Lhamam confirme : "ils ont mis le feu aux poudres et la population maghrébine du Puy est en colère, car elle se sent pointée du doigt". Des propos qui semblent tout de même exagérés par rapport aux personnes que nous avons sondées, car au terme de la médiation, aucune autre action n'est envisagée.

Maxime Pitavy

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