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Vorey

La Loire, le sac poubelle et le canoë

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:03

Jérôme, le responsable de la base nautique, affiche un sourire jusqu'aux oreilles. Il a dû refuser du monde tant les candidats à cette opération "Loire propre" se sont présentés nombreux. Au final, 26 personnes de tous horizons ont sauté dans leur canoë à partir de la base nautique. Munis de casques, de combinaisons et de gilets de sauvetage, ils ont également équipé leurs embarcations de sacs poubelles géants, de gants et de pinces télescopiques pour faire la chasse aux déchets aussi immondes que nombreux.

----Que faire de tous nos déchets ?
À la faveur d'une pause, deux membres du groupe Facebook "Zéro Déchet 43" rappellent que chacun peut agir à sa mesure et glissent quelques pistes. Limiter sa consommation au strict nécessaire, fuir les supermarchés, faire le marché avec ses contenants (boîtes et sacs), acheter en vrac, fabriquer ses produits d'hygiène et d'entretien soi-même afin de réduire sa poubelle de 75 %... Des idées, il y en a des centaines. Il faut juste avoir la volonté de les mettre en place quotidiennement pour que ces gestes deviennent aussi faciles que respirer l’air de la planète.-----Un triste inventaire
La diversité des déchets donne le vertige. « Il y a les pneus, bien sûr, souvent ceux qui servent à lester les bâches sur les tas d'ensilage, explique Jérôme. Ceux-là même qui sont ensuite emportés par les crues. D'autres objets sont tellement énormes et lourds qu'il faudra revenir les récupérer plus tard avec un treuil ou une disqueuse. Il y a aussi des médicaments en tous genres, des mégots (un seul mégot pollue 500 litres d'eau, NDLR), les innombrables emballages alimentaires et bouteilles plastiques, dont certaines très anciennes, les lambeaux de bâches agricoles qu'on décroche au sécateur. » Un équipage va même dénicher... un drone en piteux état.

> CARTE: Où faire ses achats en vrac en Haute-Loire ?

Des présents dans le ciel
Cette balade sur la rivière est aussi l'occasion de constater combien la Loire est belle, débarrassée de toutes les immondices fournies par la main de l’Homme. Au gré des coups de pagaie, les équipages lèvent plusieurs escadrilles de canards, quelques hérons, mais aussi un pic noir, un autour des palombes, une grande aigrette. Ils s’élèvent dans les airs comme des cadeaux offerts à ces nettoyeurs des eaux. Et pour couronner le tout, c’est non loin d’une hutte à castors que le pique-nique a lieu.

Rien ne les arrête
Après la pause, les marins d’eau douce poursuivent leurs missions mais sont rapidement bloqués par un arbre imposant au beau milieu d’une rapide. Toute progression est alors impossible. Puisque la solidarité est l’un des maîtres-mots de la journée, tout le monde se retrousse alors les manches, mettant à bas l’obstacle au bout d’un bon quart d'heure d'efforts aquatiques et de réflexion collective.

> Lire aussi :  ''Chérie, j'ai rétréci la poubelle!'' (23/11/2017)

La vieille décharge
C’est après Nant, à la sortie de Vorey, que les choses se gâtent. Car c’est ici que la flottille croise un lieu de perdition écologique : une ancienne décharge dans laquelle la Loire vient régulièrement piocher à chaque sortie de lit. La dernière crue a arraché beaucoup de déchets retrouvés ensuite dans les ripisylves de l'aval : gazinières éparpillées comme des puzzles absurdes, des vieux jouets des années 1980, divers matériaux de BTP, des batteries de cuisine… Une liste aussi longue que lourde. Et les participants n’ont d’autres solutions que de poser leur sinistre cargaison sur la berge ; les camions municipaux viendront la récupérer. Arrivés au lieu-dit Flaceleyre, 6 km plus bas, l’équipe renonce à poursuivre, faute de temps. À l’origine, la mission devait atteindre Chamalières. Quelque 10m3 de déchets ont été récoltés.
Le nettoyage du deuxième tronçon fera donc l'objet d'une seconde session, probablement courant mars.

J-B.B.

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