Après deux mois sans messe, '''la vie reprend !'''

dim 24/05/2020 - 15:24 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:05

« Quel bonheur de se retrouver ! » lance Maryse, bénévole à la cathédrale du Puy-en-Velay, à un couple de fidèles sur les marches qui mènent à l’imposant édifice fermé pendant un peu plus de deux mois. « Une vraie joie ! » lui répondent Stéphanie et Olivier, venus de Bains spécialement pour assister à l’une des toutes premières messes de reprise de Haute-Loire puisque seule la cathédrale ponote propose des offices ce dimanche 24 mai 2020. Derrière leurs masques en tissu, les sourires se lisent dans leurs yeux. Le masque de Maryse arbore même une petite croix entre deux motifs colorés. « C’est une sœur qui me l’a donné, confie-t-elle, et j’en fait aussi pour d’autres personnes. » Mais Maryse a un motif de réjouissance bien plus sérieux à partager : « Je remercie le Conseil d’État qui a permis qu’on rouvre enfin les églises ! Que Dieu les bénisse ; parce que le Gouvernement Macron a été exécrable envers nous ». En effet, Maryse a très mal vécu l’annonce selon laquelle les lieux de culte rouvriraient à une « date indéterminée » après le déconfinement du 11 mai.

Des pélerins au départ du Saint-Jacques
Comme tous les catholiques pratiquants, elle a pris son mal en patience, suivant les messes sur le site du Diocèse ou sur la radio RCF. « Ça ne vaut pas le présentiel mais c’était un bon moyen de substitution », glisse-t-elle ajoutant que c’est surtout à Pâques que cela lui a manqué. Et dans un élan de soulagement, elle nous informe que deux pèlerins ont pris le départ pour Saint-Jacques de Compostelle ce matin : « La vie reprend ! »

Quelques marches plus bas, trois hommes sont justement venus pour se lancer sur le chemin de Saint-Jacques. Claude, 66 ans, et ses fils Adrien et Alexandre, âgés de 25 et 31 ans, ont appris la veille par un cousin que la cathédrale du Puy reprenait du service ce dimanche. Ils sont venus de Langogne spécialement pour assister à une messe et entamer leur périple spirituel. Un périple qui se veut résistant car Claude ne mâche pas ses mots : « La France profonde est en colère contre ces politiques mondialistes, sataniques, cette propagande cabalistique du Gouvernement et de l’OMS avec ce confinement qui nous a enfermés, qui nous a empêché de respirer le grand air. » Décrivant les chaînes TV d’information en continu comme du lavage de cerveau, le Lozérien se dit prêt à « prendre les fourches comme avant pour rétablir les forces du Bien contre les forces du Mal car il y a urgence spirituelle. »

----Les messes de 7h30 et 9h ont accueilli environ 50 fidèles au total. Celle de 10h30, heure habituelle de l’office à la cathédrale, en a rassemblé approximativement 120. « Pas de problème, donc, avec une jauge à 150 personnes respectant la distanciation », se réjouit le père Bernard Planche, recteur de la cathédrale.-----Évidemment le son de cloche est différent selon les fidèles rencontrés au hasard. Stéphanie et Olivier, eux, n’ont tout simplement pas pu attendre que l’église de Bains rouvre ses portes. « On a hésité un peu au cas où il y aurait foule, reconnaît Stéphanie, 50 ans, mais c’est tellement une joie de se retrouver ! » N’ont-ils pas peur de la contamination ? « On a confiance dans les mesures mises en place », répond-elle dans un sourire serein. Et quand on leur apprend qu’une quarantaine de fidèles d’une église protestante de Franckfort ont contracté le virus, dont six sont dans un état grave, alors que les règles sanitaires avaient été mises en place, ils répondent qu’ils n’étaient pas au courant. « Mais ça ne nous aurait pas fait changé d’avis, remarque Olivier, 51 ans, je pense qu’il y a plus de risques à aller dans les grandes surfaces ou dans les transports en commun de certaines villes ».

Chanter ensemble au son de l'orgue
Le foyer de Franckfort, Maryline Reymond, elle, en a entendu parler. L’assistante du recteur de la cathédrale explique que c’est pour cette raison que d’amples mesures de sécurité ont été prises et qu’un large appel à bénévoles a été lancé ce samedi à l’annonce de la réouverture des lieux de culte qui a pris les communautés religieuses de court. Au pied lever, pas moins de 25 bénévoles se sont mobilisés pour cette matinée échelonnée de trois messes à la cathédrale. Ceux-ci vous délivrent une dose de gel hydroalcoolique à l’entrée. Ils désinfectent tous les bancs et pupitres entre chaque messe. Les bancs sont étiquetés : certains sont réservés aux familles. Les autres sont limités alternativement à deux personnes et le suivant à une seule personne. Bien évidemment, les serrages de main et bises rituelles sont proscrites pendant la messe. « Nous ne pouvons pas pratiquer la Paix du Christ, reconnaît Maryline Reymond, c’est frustrant mais nous avons les chants et l’orgue qui aident et le fait d’être rassemblés, nous étions tellement impatients ! »
Quant à l’Eucharistie, le prêtre ne dépose pas l’hostie directement dans la bouche des fidèles mais dans la main. Prêtre qui voit défiler devant lui, à courte distance, toute la congrégation. De quoi s’inquiéter pour certains, notamment les religieux les plus âgés. « Oui mais le prêtre comme les fidèles sont masqués », rassure Maryline Reymond qui nous apprend que la formule des trois messes le dimanche matin sera renouvelée dimanche prochain à la cathédrale, même si les autres paroisses du Diocèse commenceront elles aussi à rouvrir.

Annabel Walker

(Photos @ DR Zoomdici Annabel Walker)

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