Intermittents et précaires : « Nous ne voulons pas servir de monnaie d'échange »

Par CSe , Mise à jour le 17/11/2023 à 04:00

Alors qu'un accord « historique » avait été trouvé entre les organisations syndicales représentatives de l'interbranche a été trouvé le 27 octobre, seul le MEDEF n'a pas donné son accord. Ce jeudi 16 novembre, le CIP43 se réunissait donc devant la préfecture du Puy.

Ce jeudi 16 novembre, les membres du collectif indépendants et précaires de Haute-Loire se réunissait devant la préfecture du Puy-en-Velay pour « pour montrer que nous sommes mobilisés, y compris en Haute-Loire ». Représentant au total 160 intermittents et précaires en Haute-Loire, et seulement 1 % des intermittents nationaux, le CIP 43 se mobilise malgré tout. Parmi les membres présents Fabien Surrel, technicien du spectacle, a pris la parole.

Zoomdici : « Dans quel contexte vous mobilisez-vous ? »

Fabien Surrel : « Des rumeurs se sont répandues dans le monde du spectacle depuis le début des négociations Unedic (début octobre, Ndlr). Elles n'étaient que leurres, ayant pour seul but de nous faire croire à une victoire.»

« Cet accord historique représentait une avancée importante », Fabien Surrel

« Quel était l'objet de ces négociations ? »

F. S. : « Ces négociations avec l'UNEDIC avaient pour objet la réévaluation des droits planchers, qui est aujourd'hui à 38 pour les techniciens et 44 pour les artistes, soit en dessous du SMIC). Elles comprenaient également la prise en compte des congés paternité, dont nous sommes encore les seuls à ne pas avoir droit; mais aussi des congés maladie en dessous de 3 mois. Nous avions également négocié, pour les primo-arrivants, la fin de la règle des 30 %, dans le calcul du droit d'option, et enfin l'indexation des indemnités à l'inflation. Cet accord historique représentait une avancée importante.»

« Nous avons servi de monnaie d'échange »

« Et l'objet de la mobilisation de ce jour ? »

F. S. : « Après des heures de négociations, un accord a été signé par l'ensemble des organisations syndicales représentatives de l'interbranche le 27 octobre, signé par toutes les organisations syndicales sauf le Medef. À la suite de ses réunions le Medef est revenu à la table des négociations avec une nouvelle lettre de cadrage totalement irréaliste, avec pour seul but de nous faire peur et de rester sur les accords de 2016. Nous ne sommes pas dupes de la manipulation. Et encore plus grave que la non prise en compte des accords du 27 octobre, nous avons servi de monnaie d'échange à une aggravation des droits des travailleurs au régime général. »

Dans son communiqué national, la CIP décrit ainsi : « Lundi 13 novembre 2023, un texte a été remis au gouvernement pour arbitrages et cet accord est très défavorable à l’ensemble des demandeurs d'emplois. Pour ce qui concerne le régime des intermittents du spectacle, les annexes 8 et 10 sont modifiées à la marge suivant les précédents accords de 2016. Nous ne sommes pas dupes, si ces annexes ne sont que peu impactées par ces nouveaux accords, c’est que notre régime spécifique a servi de variable de négociations pour le MEDEF : "Nous ne touchons pas aux intermittents du spectacle mais en échange, laissez-nous les mains libres pour ce qui concerne les autres salariés." »

« Rien n'est gagné, rien n'est perdu »

« Quels seraient les intérêts du Medef ? »

F. S. : « Dans le même temps le Medef a gagné la baisse des cotisations patronales de 0.05 % à hauteur de 1.5 milliards d'euros sur 3 ans. »

« Dans quel état d'esprit êtes vous ? »

F. S. : « Rien n'est gagné et rien n'est perdu. Les arbitrages sont désormais dans les mains du gouvernement et il pourrait invoquer le principe d'égalité pour toucher à notre régime. »

« Nous savons parfaitement que la prochaine fois, ce sera le tour de nos droits d'être visés. »

« Que demandez-vous concrètement ? »

F. S. : « Nous refusons d'être la monnaie d'échange à la destruction des droits de tous les travailleurs. Nous demandons au gouvernement d'adopter l'accord du 27 octobre que même la ministre de la Culture avait salué. Nous demandons au Gouvernement de refuser le recul des droits des travailleurs. Nous sommes solidaires de tous les travailleurs et de tous les intermittents de l'emploi. Ce que nous défendons, nous le défendons pour tous ! Nous savons parfaitement que la prochaine fois, ce seront nos droits qui seront visés. »

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