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Brioude

Une pétition adressée au préfet pour pouvoir cultiver son jardin

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:04

D'aucuns auront trouvé anecdotique notre article de la semaine dernière concernant la problématique des jardins partagés en période de confinement. Il était pour nous l'occasion de pointer du doigt le périmètre extrêmement flou des autorisations de sortie en période de confinement.
Nous avons pensé que la question des jardins était particulièrement préoccupante en Haute-Loire, alors qu'environ sept foyers français sur dix ont un jardin (17 millions de Français, soit 35 % de la population), un chiffre forcément plus élevé en Haute-Loire. En France, le marché est évalué à plus de six milliards d'euros par an.

Une pétition et une lettre adressée au préfet par une élue
L'actualité nous donne raison puisque la polémique est relancée dans le Brivadois, avec d'une part une pétition de jardiniers (278 signatures ce mercredi matin) qui sont contraints, pour l'instant, d'abandonner leurs potagers, ce qui les inquiète notamment quant à l'équilibre de leur budget familial, et d'autre part avec une lettre adressée au préfet, aux députés et au Président de la communauté de communes par Juliette Tilliard-Blondel, élue dans l'opposition à Brioude lors du dernier scrutin (même si l'installation du nouveau conseil municipal n'a pas encore eu lieu et que Jean-Jacques Faucher demeure par conséquent le maire de Brioude jusqu'à nouvel ordre).

Dans le même esprit que la dérogation obtenue pour la tenue du marché
"Dans le même temps, les producteurs locaux de plants sont menacés en étant empêchés d’écouler leurs productions", explique l'élue dans son courrier, et les plants seront détruits s'ils ne sont pas utilisés dans un délai très court. "Vous avez obtenu une dérogation pour la tenue du marché, et celle-ci est salutaire pour la population et les producteurs", ajoute l'élue, "dans le même esprit, il nous semble important de prendre en compte ce mode de ressources alimentaires comme prioritaire pour notre territoire".
Elle formule donc la demande que les habitants puissent se déplacer dans leurs jardins non attenants avec une dérogation. "Nous demandons la possibilité d’un accès aux jardineries et fournisseurs de plants dans des conditions sanitaires satisfaisantes. Nous sommes prêts à nous investir pour accompagner ces solutions, y compris en donnant de notre temps (livraison, organisation de vente)", conclut-elle.

"Il est plus sain d'aller cueillir ses légumes dans son jardin que d'aller au supermarché non ?"
À Brioude toujours, Patrick Matho a un potager à environ deux kilomètres de son domicile. Depuis le début du confinement, "il est à l'abandon", et forcément "ça fend le coeur, surtout que c'est le moment des semis et des plantations. Si on ne le fait pas maintenant, on n'aura rien à mager cet hiver". Ecoeuré par "ce flou délirant", il a lancé une pétition qu'il adressera au préfet. "Il est plus sain d'aller cueillir ses légumes dans son jardin que d'aller au supermarché non ?", s'indigne-t-il.
Selon son estimation, ils sont une centaine de jardiniers environ sur le seul secteur de Brioude dans la même situation et la plupart ont abandonné leur jardin car "ils ont peur du gendarme". Un de ses amis a des poules sur un terrain qui ne jouxte pas sa propriété. "Il y va discrètement tous les jours, très rapidement, de peur d'être dénoncé", rapporte-t-il.

"Sans récolte cette année, c’est la perspective de se voir contraints de se tourner vers les Restos du Cœur"
Car un agent zélé peut facilement verbaliser le jardinier qui ne se déplace pas pour un motif impérieux, même si tout reste à l'appréciation de l'agent et qu'en principe il n'y aura pas de PV (tant qu'ils n'utilisent pas leur véhicule pour s'y rendre) comme nous l'a expliqué le directeur adjoint du commissariat du Puy la semaine dernière).
Le problème, c'est que beaucoup seraient en difficulé au moment de régler l'addition. "Beaucoup de ces jardiniers ont de faibles revenus, et sans récolte cette année, c’est la perspective de se voir contraints de se tourner vers les Restos du Cœur pour assurer leur subsistance", lance-t-il, "pour eux, c’est un besoin vital". Il demande une dérogation du préfet, sachant que limiter la sortie à une heure n'est selon lui pas suffisant pour entretenir son potager.

En préfecture, "une demande prise au sérieux" qui n'a "pas encore été tranchée"
Sachant qu'il existe autant de préfet que de décision (un planning par jardin à Angers par exemple, seuls les jardins familiaux restent ouverts en Alsace, idem dans la Marne, alors qu'ils ont fermé à Nîmes ou dans le Nord par exemple), nous avons sollicité les services de l'État. "La demande est prise au sérieux", nous répond-on en préfecture ce mercredi matin, "mais ça n'a pas encore été tranché et c'est en cours d'étude". Une décision pourrait être prise dans les jours à venir.

Maxime Pitavy

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