Rythmes scolaires : désaccord sur le projet éducatif de la mairie du Puy

jeu 25/06/2015 - 17:51 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:35

Quelques parents d'élèves se sont réunis devant l'hôtel de ville pour manifester en amont du conseil municipal du Puy ce mercredi soir, alors que le Projet Educatif de Territoire (PEdT) devait être voté.
Il s'agit en d'autres termes de l'application de la réforme des rythmes scolaires sur la commune, appliquée depuis la rentrée 2014 au Puy. Pour la rentrée 2015, la commune cadre donc ses activités dans un Projet Educatif de Territoire (PEdT), élément essentiel pour obtenir des subventions liées aux temps d'activités périscolaires.

Un Projet Educatif de Territoire élaboré "dans la concertation"
Le Projet Educatif de Territoire (PEdT) formalise la démarche de la mairie, qui "souhaite créer pour chaque enfant un parcours éducatif cohérent et de qualité, avant, pendant et après l'école dans une logique de complémentarité des temps éducatifs". La municipalité a d'abord tenu à souligner que 18 réunions avaient été organisées, en invitant chaque conseil de classe, en plus des bilans réalisés avec les associations participantes, des rencontres avec chaque directeur d'école et chaque agent municipal ayant participé aux activités périscolaires.
De plus, un comité de pilotage a été constitué avec les services de l'Etat, les élus, la CAF, les enseignants et l'Inspection d'académie. "Ces diverses réunions ont permis de rédiger les grandes orientations du Projet Educatif de Territoire, qui est signé pour trois ans mais qui n'est pas figé", assure la municipalité alors que Laurent Wauquiez ajoute, ironique envers les parents manifestant devant la mairie : "notre porte est toujours ouverte, s'ils demandent un rendez-vous, on est ouverts à la discussion, même si on a déjà fait 18 réunions".

----Pour les maternelles :
Les activités seront encadrées par une vingtaine d'ATSEM et deux enseignantes volontaires. Les programmes se déclinent autour de quatre thèmes à raison de 30 mns tous les après-midi scolaires :
Autour du livre et de l'image (contes, marionnettes, théâtre...),
Arts plastiques (peinture, fresque, coloriage, modelage, mobiles...),
Vivre ensemble (jeux d'équipe, chants, expression corporelle...),
Motricité (parcours de découvertes et d'obstacles, gym, jeux sensoriels...).
-----Les grandes lignes de ce Projet Educatif de Territoire
Le principal changement pour la rentrée 2015, ce sera l'organisation d'une heure d'activité périscolaire par semaine (contre une heure toutes les deux semaines l'an passé) pour les élèves en classes élémentaires. Ces derniers seront répartis par groupe selon les âges et pris en charge par une dizaine d'agents municipaux appuyés par des associations locales volontaires. Au rang des nouvelles activités, on note le jardinage et d'autres activités nouvelles devraient être proposées.
"L'Etat préconise des groupes d'un adulte encadrant 18 enfants de plus de six ans. Nous avons fait le choix de faire des petits groupes, de 8 à 15 enfants", précise Catherine Chalaye, adjointe aux écoles et à la petite enfance. Rappelons que des études surveillées complètent le dispositif (trois heures hebdomadaires), "c'est le meilleur passeport pour la réussite", a commenté Laurent Wauquiez qui a enfin dénoncé la fermeture d'une classe à l'école Marcel Pagnol (la seule de la ville accessible aux personnes handicapées), "ce qui n'est pas conforme aux engagements pris par le gouvernement".

"Des manquements en terme de consultation des personnels et des parents d'élèves"
Avant de débattre sur le fond, Laurent Johanny, conseiller municipal d'opposition (PS) a d'abord regretté la forme : "les conseillers municipaux que nous sommes ont donc à statuer ce soir sur un document qu'ils découvrent et d'une quarantaine de pages, primordial pour nos enfants, nécessaire pour que la municipalité puisse prétendre au fonds d'état pérennisé pour la mise en place des nouveaux rythmes scolaires". Il a également déploré que les documents de travail distribués en commissions étaient seulement « en cours de rédaction », avant de conclure : "curieuses pratiques que d'approuver par un vote solennel des documents soit incomplets, soit indisponibles".
Si la municipalité se félicite d'avoir élaboré son Projet Educatif de Territoire "dans la concertation", ce n'est pas le point de vue du jeune socialiste qui dénonce : "les conditions d'élaboration de ce document laissent entrevoir des manquements en terme de consultation des personnels et des parents d'élèves. Comment prétendre sérieusement élaborer le projet éducatif de territoire avant même d'avoir fait remonter leurs remarques sur les premiers mois de mise en place de cette réforme ? Est-ce dans l'urgence que ce document a-t-il été rédigé ? ".

Le projet adopté à la majorité
Après la forme, le fond. L'opposition félicite la mairie ponote de donner droit à une séance hebdomadaire d'activités périscolaires l'an prochain : "c'est une avancée, et une reconnaissance de l'intérêt pédagogique de cette réforme", a déclaré Laurent Johanny avant d'aussitôt tempérer son propos et ses félicitations : "pour autant, vous refusez encore de respecter les conditions d'application, en terme d'encadrement et d'horaires qui nous permettraient de solliciter l'aide de la Caisse d'allocations familiales".
Les quatre élus d'opposition ont donc voté contre ce projet, tant pour contester la forme du document que le fond, ce qui n'a pas empêché la municipalité de le valider à la majorité.

Le "double-discours" du maire qui entretient "la concurrence déloyale entre le public et le privé"
Autre motif de colère pour l'opposition et Laurent Johanny en première ligne : la participation de la commune aux frais de fonctionnement des écoles maternelles privées. En effet, la participation financière est obligatoire pour les écoles privées élémentaires. Mais pour les écoles maternelles, comme le stipule l'article 442-44 du code de l'éducation, cette participation est obligatoire seulement lorsque la commune fait le choix de reconnaître le contrat d'association qui les lient.
"Vous n'avez donc aucune obligation à verser les 318 000€ aux écoles privées maternelles", a relevé le conseiller d'opposition, "depuis 2008, en dépit du bon sens, en dépit de la bonne utilisation de l'argent public, vous faites le choix de verser cette participation. Nous contestons vivement cette démarche qui vise à affaiblir les écoles publiques de la ville". L'opposition dénonce ainsi le double-discours de Laurent Wauquiez qui conteste la fermeture d'une classe dans une école publique, mais qui entretient "la concurrence déloyale entre le public et le privé" et qui "prétend ensuite manquer de moyens pour mettre en place des activités périscolaires plus ambitieuses".
Catherine Chalaye a d'abord argumenté : "on donne de l'argent au privé comme au public, dans un souci d'égalité", avant que Laurent Wauquiez ne lui emboîte le pas : "ce sont des guerres scolaires ineptes. Nous, on préfère rassembler que diviser".

  • Quelques parents d'élèves s'étaient réunis devant la mairie du Puy en amont du conseil municipal pour faire part de leur mécontentement. Olivier Belhomme, du collectif de parents, considère que le PEdT a été fait dans la précipitation et sans concertation. Il estime que la mairie donne la priorité aux écoles catholiques et dresse un bilan peu glorieux de l'application de la réforme des rythmes scolaires depuis un an.

Maxime Pitavy

Olivier Belhomme, du collectif des parents, émet cette mise au point suite aux déclarations de l'adjointe chargée de l'éducation de la mairie du Puy, Catherine Chalaye, dans la presse, indiquant que "Avant d'écrire le PÉdT, nous avons consulté tout le monde, y compris le collectif des parents des écoles publiques".
"C'est absolument faux !", s'indigne le collectif des parents, joignant le courrier daté du 22 juin qu'il vient de recevoir [page 1, page 2], et qui explique pourquoi, selon la mairie, le collectif n'a pas pu être consulté.
Olivier Belhomme poursuit : "Il est question d'une réunion "bilan des T.A.P." qui s'est tenue le 21 mai. Aucun parent élu aux conseils d'école et aucun co-président du Collectif n'a été convié. Seuls des membres de l'A.P.E. de Taulhac étaient présents. Or, les A.P.E. ne sont pas représentatives des parents et, d'autre part, les autres A.P.E. n'ont pas été informées ! Nous nous sommes tout de même invités à cette réunion pour savoir ce qui attendait nos enfants pour la rentrée. On nous a immédiatement expliqué que cette réunion ne concernait justement pas le PÉdT. Ce courrier explique bien que le comité de pilotage où des représentants de parents siégeront à titre consultatif n'a pas été mis en place en amont de la rédaction du PÉdT. Nous n'avons donc pas été consultés."

> Voir le communiqué de presse conjoint de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et de Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports concernant le point d'étape sur les rythmes éducatifs.

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