Roi de l'Oiseau : le choix des troupes pros se fait-il par défaut ?

ven 07/09/2018 - 17:21 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:54

Avec une enveloppe de 153 000 € (plus de 25 % du budget) pour accueillir 70 troupes professionnelles, la programmation artistique est le principal poste de dépenses de l'association, surtout que cette donnée ne prend pas en compte la technique, l'hébergement, la nourriture, les déplacements, etc.
Ce poste de dépense est donc bien plus important que la sécurité par exemple, où l'association dépense 35 000 €, en appui des services mis en place par l'État. C'est la partie technique et l'installation qui représente le plus gros budget de l'association : il faut par exemple compter 5 000 € pour installer six sanitaires ponctuels et rien que l'installation électrique avoisine les 40 000 €.

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Plusieurs compagnies déjà venues au Puy
En regardant de plus près la programmation des ces 33èmes Fêtes Renaissance, la rédaction de Zoomdici a constaté qu'un certain nombre de troupes revenaient d'année en année.
C'est par exemple le cas de la compagnie Zoolians qui propose des spectacles de feu. Il y a deux ans, une véritable standing ovation lui avait été réservée au terme du spectacle, à la fois fascinant et poétique.
Cette année, c'est le spectacle "Arcanes" qui sera proposé : d'une durée de 45 minutes, il conjugue l'art de la jongle à la magie du feu, pour un voyage étonnant dans le monde des ombres et des flammes domptées. Représentations le jeudi à 21h, le vendredi à 21h30 et le samedi à 23h.

Autre exemple : la compagnie Drakonia, qui était déjà venue l'an dernier proposer un spectacle équestre sous la lice du Breuil : le Tournoi des Héros. Ces professionnels avaient multiplié les parades alors que les chevaliers s'étaient essayés aux jeux équestres guerriers, aux joutes à la longue lance, aux cascades et aux combats. Coups de théâtre et rebondissements spectaculaires étaient au menu.
Cette année, c'est "Le Défi" qui sera proposé vendredi à 17h et à 19h , samedi à 15h et 17h30 et dimanche à 13h30 et à 15h. Cette comédie équestre, où deux cavaliers et leurs montures se feront face au cours de multiples jeux d'habileté, est "une aventure épique qui ne se prend surtout pas au sérieux, où l'habileté des cavaliers vous fera rêver, rire et frissonner", assure l'organisation du Roi de l'Oiseau.

 

Face à ce constat, nous avons interrogé Jean-Louis Roqueplan, le grand architecte de ces Fêtes et directeur de la programmation artistique, pour qu'il nous éclaire sur ces choix. Entretien.

Jean-Louis Roqueplan, nous avons constaté qu'un certain nombre de troupes revenaient d'année en année. Est-ce un choix par défaut ?
On était très satisfaits de leurs prestations évidemment mais il faut bien reconnaître que c'est assez difficile de trouver des animations grands formats pour la lice et sur le thème Renaissance. Bon, on est prêt à faire quelques entorses en acceptant des spectacles plutôt du Moyen Âge mais dans les propositions que l'on a reçues, il n'y avait pas grand-chose.

N'y a-t-il pas un risque de rentrer dans quelque chose de redondant en les faisant revenir régulièrement ?
Non, les compagnies qui reviennent, c'est sous d'autres propositions, il n'était pas question de reproduire un même spectacle que les années passées. Après c'est vrai que c'est difficile de trouver des compagnies répondant à nos critères et puis intervient rapidement le problème des prix car on a un budget limité.

Justement, quels sont les critères de sélection ?
C'est d'abord la qualité : on essaie de trouver des choses originales même si ce n'est pas évident car on est assez restreint. Par exemple en musique, le répertoire est Renaissance et ce n'est pas une époque où l'on sortait un tube tous les jours !
On reçoit cependant de grandes pointures, on a par exemple des musiciens qui ont joué au Festival de La Chaise-Dieu et que l'on retrouve dans la rue en train de jouer une musique Renaissance pour le Roi de l'Oiseau. Autre critère essentiel : les prix, car on a une forte pression de l'économie.

Et comment rencontrer ces diverses troupes pour faire son choix ?
Déjà, on voyage, on est spécialistes en théâtre de rue et on répond à diverses invitations d'autres festivals. On prospecte, avec notre réseau, mais le cahier des charges est assez fermé. De plus, les groupes préfèrent faire des fêtes médiévales, car il y en a beaucoup plus et ils arrivent plus facilement à enchaîner les représentations. Nous, ceux que l'on connaît, on essaie de les tirer vers la Renaissance, en leur demandant parfois d'adapter leur répertoire ou leurs costumes.

La programmation artistique, c'est au coeur de la Fête du Roi de l'Oiseau ? 
Oui, bien sûr, avec 70 compagnies professionnelles qui vont nous proposer de la musique, de la danse, du théâtre, des spectacles de saltimbanques... On a une des plus grosses programmations d'Europe, le Roi de l'Oiseau existe aussi par cette programmation.

La programmation artistique, ce n'est pas que les spectacles sous la lice...
Bien sûr que non ! Le Roi de l'Oiseau a quand même une vocation de rue et la lice, au départ, nous l'avons construite pour le seul concours de tir à l'arc. Finalement, on y introduit des spectacles pour "rentabiliser", même si je n'apprécie guère le terme, et offrir des spectacles avec plus de confort, où l'on est assis, car sinon tout se fait dans la rue. Ça permet d'accueillir d'autres publics, notamment les scolaires.

Le succès grandissant de ces Fêtes (on parle de 120 000 visiteurs attendus) impose plus de rigueur et de professionalisme dans l'élaboration de la programmation ?
Oui, au début, le Roi de l'Oiseau, c'était un peu comme ça, dans la rue, au gré des passages des troupes alors que maintenant, c'est beaucoup plus structuré, les gens achètent le programme et veulent voir telle ou telle représentation, à tel moment et à telle heure.
Maxime Pitavy

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