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Quatre jeunes créent une forêt comestible à Jussac

mar 05/11/2019 - 19:34 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:59

Quatre talents pour un projet ambitieux
Simon Tarabon est ingénieur doctorant en écologie. Ses intérêts pour la permaculture et l'apiculture font vivre ce projet. A travers celui-ci, il souhaite faire réfléchir autour de l'adaptation de nos éco-systèmes face aux enjeux du changement climatique et expérimenter une agriculture durable. Claire Boulet est graphiste. Tout en préparant un CAP de pâtisserie, elle développe un projet de cuisine maison et de saison et souhaite expérimenter la transformation de produits issus du LabMadeleine afin de proposer différentes manières de consommer. Chloé Tarabon (la soeur de Simon) et Aurélien Millefiori sont tous deux architectes. Leurs pratiques s'orientent naturellement vers des projets éco-responsables, guidées par une sensibilité envers les savoir-faire locaux et les matériaux biosourcés.
Un micro-climat qui permet de tester différentes variétés
A 700 mètres d'altitude, adossé au versant sud-ouest du Mont de la Madeleine, protégé des vents du Nord, ce terrain d'un hectare, qui appartenait au grand-père de Simon et Chloé, était laissé à l'abandon depuis quelques années. "L'idée, c'est de reconstruire un éco-système forestier des fruits du verger", explique Simon. "Ici, on est protégé du Nord et on bénéficie d'un micro-climat. Du coup, on peut tester différentes variétés. Par exemple, on a planté des citrons épineux, qui seront par contre consommables en se cuisinant."
Des pommes, des poires, mais aussi..
C'est un jardin nourricier de 3 000 m2 et sur trois strates qui s'inspire de la forêt naturelle. Au premier étage se trouveront des grands arbres fruitiers et mellifères (produisant du nectar et du pollen consommés par les abeilles). Juste en-dessous, il y aura des arbustes et des arbrisseaux fruitiers. Enfin des plantes de sous-bois, des couvre-sols et des plantes aromatiques... de la lavande aussi. Outre les pommes,  poires, abricots, prunes, pêches, myrtilles, framboises, figues et noisettes, on trouvera également dans ce jardin d'Eden des plantes plus atypiques comme le sureau, les baies d’argousier, de goji, la canneberge, les baies d’aronie, de goumi, les citrons, grenades, les baies de chalef. Des plantations qui se feront en trois phases. En cet automne 2019, les quatre amis viennent de planter une quinzaine d'arbres fruitiers. Une deuxième phase de plantation aura lieu en 2020 et l'année suivante, des plantes de sous-bois verront le jour.
Un véritable système vertueux
"Au printemps, on installera des ruches, les abeilles vont polleniser les arbres et on produira notre miel à l'échelle locale dès l'été prochain", projette Simon. Un système de rétention d'eau a été créé, "pour permettre, en autres, aux abeilles de boire", explique le jeune ingénieur, tout en poursuivant : "ce type de forêt se gère d'elle-même - tout pousse et tout s'entraide - elle demande très peu d'entretien ; il s'agit d'un système vertueux." En mai dernier, il a fait tellement froid que les abeilles ont eu du mal à s'alimenter des fleurs, "pour faire en sorte qu'elles aient toujours de quoi se nourrir, on va mettre des plantes qui vont leur offrir une première nourriture", anticipe le jeune homme. Sur la partie haute du terrain, l'été dernier, les chèvres et les moutons ont entretenu les buissons et fertilisé la prairie, "ça évite une fauche manuelle. C'est ça aussi, développer les éco-pâturages", justifie t-il.

Anticiper le changement climatique
Cette forêt comestible pourrait bien en inspirer d'autres. C'est ce que souhaitent les quatre protagonistes de ce projet : "sa vocation première, c'est de partager avec d'autres ce qui marche ou pas, pour qu'on puisse essayer ailleurs. C'est aussi de montrer qu'il y a des systèmes qui fonctionnent beaucoup mieux que d'autres. On s'aperçoit qu'ici, les étés sont de plus en chauds et secs. On veut mener une vraie réflexion pour anticiper demain et faire de la sensibilisation au changement climatique. On est sur des essences locales mais on peut questionner sur le local de demain. On espère que tout le monde va s'inspirer de ce modèle-là, on veut donner les bons conseils."
Chloë et Aurélien, eux, en profitent pour mener une réflexion autour de l'habitat et des possibilités en matière d'ensoleillement, des vents dominants et de la topologie.

> Voir la page Facebook du LabMadeleine : une jungle nourricière

Une cagnotte en-ligne
D'ici quelques jours, les quatre amis vont lancer une campagne de financement participatif. "On animera des ateliers de sensibilisation aux ruches et on offrira des produits issus de notre production en contre-partie. L'intérêt, c'est de développer le projet assez rapidement et d'avoir un retour d'expérience assez vite", conclut l'ingénieur, enthousiaste.
M-A.B.

Simon Tarabon explique ce qu'est la permaculture :

Simon Tarabon a prévu de s’adapter au changement-climatique.

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