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Les raisons de la colère des pharmaciens

mar 30/09/2014 - 03:15 , Mise à jour le 26/11/2020 à 19:24

Réunis à la Commanderie Saint Jean ce lundi soir au Puy-en-Velay, devant un parterre de pharmaciens essentiellement, les députés Laurent Wauquiez (UMP) et Jean-Pierre Vigier (apparenté UMP) fustigent d'emblée le manque de concertation autour du projet de loi de déréglementation. Déjà, sous le gouvernement Fillon, des recommandations similaires avaient été faites dans le rapport Attali, abandonné par la suite. Un rapport dont l'actuel ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, était le rapporteur.
Aujourd'hui, les pharmaciens dénoncent "un rapport secret qui ne traite pas les sujets de fond". Et ils sont encore révoltés à l'idée que les pharmaciens soient considérés comme "les bouc-émissaires". S'ils reconnaissent qu' "il ya sûrement des choses à faire, des économies à réaliser", pour eux, le gouvernement doit cependant "prendre en considération les propositions des professionnels de santé".

Les quatre points du projet de loi que contestent les élus et les pharmaciens
Tout d'abord, la suppression du monopole qui aura pour conséquence l'ouverture de la vente des médicaments à la grande distribution et entraînera "inévitablement" la hausse des tarifs de ceux-ci,
Deuxio, la volonté de "laisser la liberté d'entreprendre" avec installation libre sur le territoire, ce qui conduirait à la "casse" de l'équilibre des pharmacies, à la disparition de nombre d'entre elles et ainsi à "la perte de vie" dans les territoires ruraux tels que la Haute-Loire,
Tertio, l'ouverture au capital qui se traduirait par "la rentabilité du chiffre au détriment de la qualité" et provoquerait la dégradation de la qualité de service,
Enfin, la suppression du numerus clausus qui engendrerait la fin de l'utilisation du "réservoir existant" pour remplacer les départs en retraite notamment.

"Un problème de santé publique"
Les divers intervenants parmi l'assitance objectent unanimement les bienfaits du rapport. Ils soulèvent avec gravité la "perte du rôle et du lien social" qu'ils assument auprès des patients si le projet de loi est entériné. Ils s'insurgent encore sur "cette logique de spéculation et de rentabilité" qui resterait la préoccupation première de la grande distribution, davantage soucieuse de "générer du volume, du chiffre et de satisfaire ses actionnaires" au préjudice du public. "Les enjeux financiers primeront", s'exclame Jean-Rémi Rademakers, président du Syndicat des Pharmaciens de Haute-Loire. L'assistance s'inquiète encore de la mise en place d' "un service à deux vitesses" dont les uns négligeraient la notion de service. 
Enfin, les pharmaciens ne sont guère rassurés par l'intrusion des fonds de pension américains. Cela revient à dire que l' "on financera le système de protection des étrangers".

La désertification de nos campagnes 
"Pourquoi remettre en cause un système qui marche bien et dont le patient est satisfait ?" s'étonnent les deux députés altiligériens et les pharmaciens. Ils soulignent "le caractère dangereux de ce rapport [...], un projet inadmissible et incohérent". Cela signifirait "la concentration dans les grandes villes au détriment des campagnes". "Si on a les mêmes problèmes qu'avec les médecins, qu'est-ce qu'il va nous rester dans les territoires ruraux comme celui de la Haute-Loire ?" questionnent-ils.
En outre, la conséquence désatreuse d'un tel projet se traduirait par la fermeture d'officines et la perte inéluctable de plusieurs centaines d'emplois de proximité sur le département (-6000 emplois sur le plan national). Et l'inquiétude grandit à l'idée que notre département devienne "sans vie, un désert rural".

"Les patients en subiront les conséquences"
Les élus locaux, relevant "la confiance des patients", insistent sur le rôle d'explication des pharmaciens sur leur grogne auprès du public. Ceux-ci doivent d'abord insister sur le changement radical de leurs habitudes du fait "d'un horaire d'ouverture différent dans la grande distribution et d'une compétence de service médiocre". Les pharmaciens ont aussi la nécessité d'informer les patients qu' "il n'y aura plus personne pour faire du médical et qu'il n'y aura plus de notion de santé publique". Et qu'enfin, contrairement à ce qui est soutenu, le transfert du monopole vers la grande distribution occasionnerait, selon eux, un hausse des tarifs des médicaments. "C'est une idée fausse de prétendre que les tarifs vont baisser", proteste le président des pharmaciens de Haute-Loire qui relève encore "la pharmacie en France est la moins chère d'Europe d'après une étude de l'AFIPA".

En continuité à la journée d'action de ce mardi contre le projet de réforme des professions réglementées, Laurent Wauqiez appelle à un deuxième mouvement de contestation dans 15 jours afin de faire pression sur le gouvernement et sollicite les professions réglementées "à se battre toutes ensembles" et non pas en ordre dispersé.

G.D.

Ce mardi, les trois pharmacies de Monistrol-sur-Loire ont fermé leurs portes et ont été reçues par le maire, Jean-Paul Lyonnet.

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