Les conseillers pénitentiaires immobilisés par la loi

mer 05/02/2020 - 16:10 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:03

« Nous commençons généralement en poste dans le Nord, l’Est ou la région parisienne mais nombre d’entre nous aspirent à revenir dans leur secteur d’origine, par convenance personnelle, pour un rapprochement familial ou toutes autres raisons, explique Pierre Goubet, secrétaire du collectif insertion probation au SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation). Nous craignons que ce nouveau système ne sclérose la mobilité qui était jusqu’alors un droit acquis. » La loi de transformation de la fonction publique voté en août 2019 a été effective au 1er janvier 2020.

L’ancienneté ou le handicap plus pris en compte
D’après le collectif, cette nouvelle législation a non seulement supprimé le système de points qui régit les mutations géographiques mais également la commission qui organise ces mutations. « À la place, l’administration impose que nous mutions en candidatant directement dans le service souhaité avec une lettre de motivation et un entretien auprès du supérieur hiérarchique, partage Pierre Goubet. C’est un système de recrutement qui s’apparente au secteur privé sans que des critères objectifs aient été établis à la base. » Malgré la faible médiatisation de leur situation, les agents du service pénitentiaire, une profession majoritairement féminine, sont en mouvement social depuis plus d’un mois. « Comme tous les fonctionnaires de l’Administration Pénitentiaire, nous sommes soumis à un statut spécial qui ne nous autorise pas à faire grève », précise-t-il.

« Cette loi peut anéantir ma demande de mutation »
Un exemple qui illustre parfaitement les tensions que génèrent cette loi est celui de Diana Coquemer, conseillère pénitentiaire en insertion et de probation (CPIP) au Puy-en-Velay depuis cinq ans. « Je suis enceinte et je souhaiterais me rapprocher de mon compagnon qui habite à Clermont-Ferrand. Cette loi peut anéantir ma demande de mutation. On est au mois de février et on ne sait absolument pas comment ça va se passer maintenant. Actuellement, je n’ai aucune idée si je vais pouvoir bénéficier de ma mutation, comment je vais travailler et où précisément. Cela me met, et nous met tous, dans une situation d’instabilité alors qu’on doit être au contraire complètement disponible pour être dans une relation d’aide à la personne. L’ancien système respectait l’ancienneté de l’agent et prenait en compte sa situation sociale comme celle des personnes en situation de handicap ou pour un rapprochement familial, par exemle. Maintenant, c’est terminé ». Les syndicats espèrent obtenir l’inscription de leur métier sur la liste des fonctions non concernées par la suppression de l’ancien système de mobilité.

Nicolas Defay

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