Les Tanneries du Puy rachetées par Hermès

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:37

Dans un communiqué émis par le groupe ce jeudi 26 novembre 2015 au matin, Hermès Cuirs précieux annonce qu'il a racheté le site du Puy-en-Velay qui faisait déjà partie de ses fournisseurs.
Le communiqué précise que les Tanneries du Puy sont reconnues pour "la qualité de ses savoir-faire dans le cuir de veau, et plus particulièrement dans le "box", l'une des matières emblématiques d'Hermès".

Sauvegarder plus de 100 emplois
En revanche, le montant de la transaction n'a pas été divulgué. Ce rachat permet de sauvegarder plus d'une centaine d'emplois au Puy.
En 2013 déjà, Hermès avait racheté la Tannerie d'Annonay, en Ardèche. Ce nouveau rachat s'inscrit dans sa stratégie de "préservation des savoir-faire uniques, et de sécurisation des approvisionnements".

----La qualité du tannage est primordiale pour le produit final : un bon cuir a une tenue dans le temps. Une paire de chaussures haut de gamme est donc faite pour durer et va à l'encontre de l'obsolescence programmée, pourtant de mise dans de nombreux secteurs et notamment la grande distribution.-----Faire coïncider "la performance environnementale et la performance économique"
En octobre dernier, lors du congrès de l'ANEM, nous avions participé à une visite de l'entreprise, où il avait été stipulé : les Tanneries du Puy sont 'la conjugaison entre tradition et modernité' (lire). Nous avions pu rencontrer le nouveau directeur général (depuis juillet) Jean-Marie Gigante. Si la santé financière de l'entreprise n'était pas au beau fixe (selon nos informations, l'entreprise affichait huit millions d'euros de pertes l'an dernier, et le résultat ne s'annonce guère meilleur pour cette année), le directeur général déclarait vouloir faire coïncider "la performance environnementale et la performance économique".
L'entreprise est en pleine réhabilitation de son outil de production, avec l'objectif d'optimiser chacune des nombreuses étapes de ce métier particulier, notamment d'un point de vue environnemental. Cette opération, déjà amorcée par l'ancienne direction, nécessite quelques investissements mais devrait permettre de rendre l'entreprise altiligérienne plus compétititve par la suite. On note aussi que la nature de la matière première a considérablement évolué ces dernières années et que la clientèle est toujours plus exigeante, ce qui est un peu le revers de la médaille lorsqu'on se positionne sur le marché du luxe, qui a tout de même l'avantage d'être imperméable à la crise économique.

Les interviews du directeur et de Laurent Wauquiez réalisées en octobre dernier
A l'occasion de ce reportage réalisé en octobre dernier aux Tanneries (lire), nous avions pu interroger au micro Jean-Marie Gigante et Laurent Wauquiez. Voici les extraits de cette interview :

  • Jean-Marie Gigante, pourquoi avoir remis en cause chacune des étapes du process ? Cette matière première est-elle extraite en priorité en locale ? Un mot sur la santé financière des tanneries ? 
  • Cette entreprise a été choisie car elle présente des caractéristiques particulières aux zones de montagne, et qu'elle traite notamment une matière première issue de l'élevage. Mais le volet écologique est également fondamental ? Réduire son empreinte environnementale représente un coût significatif pour l'entreprise ? Quel pourcentage de son chiffre d'affaires ?

  • Laurent Wauquiez, est-ce que sur ce secteur d'activité, on parvient à tout réaliser en circuits courts, avec des peaux de veaux exclusivement de Haute-Loire ? Et est-ce que la peau traitée ici fournit principalement la maroquinerie du Velay et les ateliers du Meygal ? 

Propos recueillis par Maxime Pitavy

Les Tanneries à la croisée de deux mondes... où la France est bien placée
L'entreprise vellave est considérée comme le plus grand site de tannage de France, en termes de production, avec environ 1 000 peaux traitées par jour. Le secteur est surtout concurentiel à l'étranger et particulièrement en Italie. En France, il ne reste qu'une poignée de tanneries spécialisées dans le cuir de veau.Le métier de la tannerie est en fait à la conjonction de deux mondes : celui de l'élevage et du luxe, et la France occupe dans chacun de ces deux contextes une place privilégiée.
Les veaux issus de race allaitante (également appelée race à viande) fournissent de meilleures peaux et la France possède un important cheptel de ce type et a même un privilège mondial à ce niveau. De l'autre côté, celui des maisons de luxe, la France est à nouveau très bien positionnée. Et au milieu de ces deux mondes se trouvent les tanneries qui transforment les peaux issues de l'abattage en cuir de luxe (puis les manufacturiers transforment le produit). Dans le sillage de ce secteur d'activité voué à la réussite, les élus poursuivent leurs efforts pour intégrer l'ensemble des acteurs de la filière, de l'éleveur au maroquinier.

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