Le Puy : ouverture du Carrefour de centre-ville sous fond de polémique

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:01

Voilà, le nouveau magasin Carrefour de centre-ville a ouvert, rue Pannessac, au Puy, dans les anciens locaux de Bimba, soit plus de 300 m².
Une ouverture qui n'est pas passée inaperçue ce mardi soir en conseil municipal puisque les élus d'opposition sont revenus à la charge sur un dossier qu'ils jugent très favorable au grand groupe de la grande distribution, et ce au détriment des petits commerces.

"Quel est le mesage adressé ? Qu'on préfère les grandes enseignes commerciales qui font 80 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an ou le petit commerce ?"
C'est ainsi que le conseiller d'opposition Didier Allibert a interpellé les membres de l'assemblée. "Le loyer consenti au groupe Carrefour et de 44,79 € par m² et par an : c'est tout à fait dérisoire et quand on compare avec d'autres loyers de commerces dans la même rue, on a des loyers de 70 € par m² et par an, c'est 56 % supérieur au loyer consenti à Carrefour", a-t-il déclaré.
Pour Didier Allibert, le groupe Carrefour est "tout à fait responsable de la désertification des centre villes et en particulier des petits commerces de proximité, et lorsqu'il veut revenir, on lui offre sur un plateau une aide de 200 000 €, en plus d'un loyer dérisoire". 

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"D'accord on a donné 180 000 €, et encore la Région nous aide considérablement dans cette enveloppe (ndlr : un peu plus de 50 %), mais Carrefour amène 390 000 € dans ce projet. Le solde pour la Ville est de 90 000 €".

-----"Jamais les petits commerces n'ont été autant aidés au Puy que ces trois dernières années"
C'est ce qu'a rétorqué le maire du Puy Michel Chapuis, qui a tenu à remettre l'église au centre du village : "on a aidé ces trois dernières années 98 commerces exactement, des aides de l'agglo, du Puy et de la Région. Jamais les petits commerces n'ont été autant aidés au Puy que ces trois dernières années".
Selon le maire du Puy, la collectivité "aide les petits commerçants dans les mêmes proportions", il s'agit simplement d'une opération de plus grande envergure avec trois fonds de commerces à la fois et "près d'une centaine de commerçants ont bénéficié d'aides à l'investissement, à l'aménagement du commerce... de nombreuses petites actions pour les aider à aller de l'avant".

Une comparaison entre un bail de neuf ans et un bail de trois mois
Autre argument mis en avant par la majorité : la comparaison des loyers serait biaisée car l'un concernerait un bail de neuf ans (Carrefour) et l'autre de trois mois (le petit commerce de la rue).
"Que ce soit pour trois mois ou neuf ans, pourquoi lui consentir un loyer aussi dérisoire alors qu'il a déjà bénéficié de 200 000 € d'argent public ?", interroge Didier Allibert, "on pourrait a minima envisager que ce loyer permette à la collectivité de rentrer dans ses investissements, mais ce ne sera pas le cas".

"Un choix politique : on espère ainsi irriguer toute la rue Pannessac"
"C'est un choix politique", a tonné le maire du Puy, "on souhaitait garder en centre ville un service à la population, notamment pour ceux qui n'ont peut être pas les moyens de sortir du centre ville, et en même temps, on a jugé très intéressant d'installer un magasin dynamique en tête de la rue Pannessac car on avait trois cellules commerciales vides. On espère ainsi irriguer toute la rue Pannessac, car il y avait le risque de n'avoir que le bas de la rue qui soit encore vivant".

"Ce n'est pas comme ça qu'on va revitaliser le petit commerce, il ne faut pas rêver"
"Il ne servira pas de locomotive aux petits commerces", estime Didier Allibert, "ce n'est pas comme ça qu'on va revitaliser le petit commerce, il ne faut pas rêver et ce n'est pas cohérent avec l'activité commerciale de la rue Pannessac", répond le conseiller d'opposition.
"Surtout qu'ils vont aussi faire du snacking", ajoute-t-il, "alors qu'à 20 mètres, il y a des commerçants et des artisans qui ont les mêmes objectifs. Comment va faire le boucher par exemple pour cohabiter avec un magasin qui propose du jambon sous plastique quatre fois moins cher que lui ? Idem pour les primeurs".

Maxime Pitavy


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