Le Puy : des documents médiévaux catalogués dans une bibliothèque virtuelle

mar 05/11/2019 - 18:09 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:59

C'est au deuxième étage de la bibliothèque municipale du Puy, à l'endroit où sont préservés les fonds anciens, qu'Alexane Trubert, photographe de l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes (IRHT), a installé tout son matériel. L'Orléanaise arrivée au Puy-en-Velay mardi dernier, soit le 29 octobre 2019, avait pour mission de numériser vingt-neuf productions médiévales sélectionnées parmi la quarantaine conservée dans les fonds anciens de la bibliothèque du Puy.
Pourquoi cette campagne de numérisation ?
L'IRHT qui est un laboratoire du Centre national de recherche scientifique (CNRS) a entrepris la numérisation d'un maximum de documents médiévaux en France et à l'étranger, de collections publiques et privées, afin de les mettre à la disposition des chercheurs, des scientifiques, mais aussi du grand public, via une Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux.
Parmi les productions sélectionnées au Puy, on (re)découvre une source de première importance pour l'histoire de la ville : les chroniques d'Etienne Mège dit Médicis qui a vécu dans la cité ponote au XVIe siècle. Très jeune, Médicis s'était attelé à la tâche d'observer et de retranscrire la vie de ses contemporains.


(Photo © Zoomdici - S.Ma)
Le fond et la forme
Certains documents sont remarquables par leur ancienneté ou leurs décors luxueux. Car bien au-delà du contenu, lors de cet exercice de numérisation, "on va s'intéresser au support, au décor, aux commentaires qui sont faits en marge, à la reliure etc, précise Lauriane Godard, référente patrimoine et conservation à la bibliothèque municipale du Puy-en-Velay.  Tous ces éléments donnent des indications sur l'histoire du livre, la production mais aussi l'histoire de la pensée. C'est de l'exégèse en fait, on regarde les commentaires des textes pour en faire nous-mêmes des commentaires et en apprendre un petit peu plus sur cette histoire".

Nous évoquions l'exercice de numérisation, et justement, comment ce concept est-il perçu par les spécialistes du patrimoine ? "C’est un peu à double tranchant parce qu’il y a le côté préservation à très long terme des documents, on n'a plus besoin de les sortir, de les manipuler pour pouvoir les consulter et faire des recherches. Par contre, on perd cette intimité qu’on peut avoir avec ces documents quand on les manipule. Dans l’ensemble, c’est quand même relativement bien vu, on pense à la préservation avant tout", répond Lauriane Godard.


(Photo © Zoomdici - S.Ma)
Du document médiéval à la photographie scientifique
Depuis mardi dernier, donc, Alexane Trubert photographie les manuscrits en portant une attention toute particulière au placement de son éclairage. « Il ne faut pas s’amuser avec son petit appareil photo à venir flasher le manuscrit. C'est quelque chose qui vit et qui va donc absorber la lumière. Il lui faudra des années pour la recracher », explique-t-elle. Mais l'éclairage n'est pas la seule difficulté : "On travaille avec un outil où on doit mettre le document à plat. Lorsque les manuscrits ne s’ouvrent pas très bien parce que la reliure est trop serrée, trop fragile, ça pose problème." Alexane n'a alors d'autre choix que de photographier le document feuillet par feuillet, "ce qui fait au moins doubler le temps de numérisation qui est d'environ une heure pour un manuscrit de 200 folios". De même lorsque le manuscrit trop souple "ne tient pas en place, il faut alors trouver une astuce pour le caler ou lorsqu'un autre laisse apparaître des trous qu’il faut combler".

Sa mission achevée, la photographe s'en retournera d'ici la fin de la semaine sur ses terres orléanaises. Mais elle reviendra l'année prochaine à l'occasion d'une nouvelle campagne de numérisation en collaboration cette fois-ci avec le service des Archives départementales ainsi que (les conventions sont en cours de signature) la bibliothèque diocésaine et la mairie de Pébrac qui possède un document inscrit au titre des monuments historiques.
Stéphanie Marin

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