Haute-Loire : retour en force dans les filières professionnelles

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:05

105 élèves présents sur les 125 que compte l'établissement : le lycée Auguste Aymard d'Espaly Saint-Marcel peut se féliciter d'avoir une forte participation des élèves en cette période de déconfinement. Les effectifs sont cependant étalés sur la semaine, avec des groupes accueillis les lundis et mardis, et d'autres les jeudis et vendredis. Une façon de respecter le protocole sanitaire.
La plupart des élèves qui ne reviennent pas habitent dans d'autres départements et revenir pour deux jours de cours n'est pas évident quant à la problématique des transports.

Le télétravail compliqué pour la menuiserie ou la plomberie
"En voie professionnelle, la notion d'atelier est très importante", souligne Pierre Tchoubar, le chef d'établissement, "donc on a mis en place une reprise avec environ 50 % du temps dédié en atelier de façon à travailler sur de la remise à niveau, y compris sur les gestes professionnels, ce qui n'a pas été fait pendant le confinement". Le reste du temps scolaire est dédié à la théorie et aux enseignements généraux.
Parmi les formations proposées par le lycée espaviot, on retrouve la menuiserie, la plomberie, la serrurerie, des techniciens en construction bois... "Tous ont besoin d'une forte présence en atelier pour parfaire leur pratique", ajoute Pierre Tchoubar, bien conscient que le télétravail ne règle pas tout dans ces disciplines.

----Aucun stage possible, ni avant ni maintenant
Notons qu'aucun stage n'a pu être effectué durant la période du confinement et qu'aucune convention n'est possible pour l'instant, probablement jusqu'à septembre.
-----Les formations en entreprise déjà bouclées
Autre exemple au lycée professionnel Jean Monnet, au Puy-en-Velay, où les élèves ont conforté leur apprentissage théorique durant le confinement. Ici, la participation est moins forte, de l'ordre de 30 à 50 % environ, sachant que les autres poursuivent leur formation à domicile. Principalement parce que l'enseignement est exclusivement théorique. "Les élèves de Terminal avaient tous fini leur formation en entreprise et la pratique était déjà entérinée", précise Constantin Kontaxakis, le proviseur du lycée, "pour les secondes et les premières, on s'organisera et on s'adaptera sur l'année prochaine". 
Là aussi, les effectifs sont lissés pour respecter les mesures barrière et comme l'établissement n'accueillera aucun examen cette année, il peut rester ouvert jusqu'au 4 juillet, ce qui permettra à chaque élève de chaque niveau de bénéficier de deux semaines complètes d'enseignement avant les vacances d'été.

"Pour les métiers de l'automobile, l'esthétique ou l'ébénisterie, c'était beaucoup plus compliqué"
Quant au principal centre de formation d'apprentis (CFA) du département, l'IFP de Bains, qui recense quelque 850 apprentis, le retour en présentiel est extrêmement marqué : de l'ordre de 90 à 95 % selon le directeur Ahmed El Ati Allah. "La priorité est donnée à ceux qui passent un examen cette année", détaille-t-il, et pour les autres apprentis qui n'ont pas de diplôme cette année, ils ne rentreront qu'à partir de lundi prochain et leur présence sera étalée jusqu'à juillet. "Nous n'avons pas rendu obligatoire le retour sur site mais la participation est très forte car c'est primordial pour parfaire sa formation pratique et les apprentis l'ont bien compris", poursuit-il. 
Durant le confinement, l'IFP de Bains a pu maintenir environ 70 % des enseigements avec par exemple des tutos vidéo pour des filières comme les métiers de bouche ou la vente, "car on peut réaliser une recette dans sa cuisine", donne-t-il en exemple avant de reconnaître : "pour d'autres pratiques, comme les métiers de l'automobile, l'esthétique ou l'ébénisterie, c'était beaucoup plus compliqué".

"Bon nombre de nos élèves ont poursuivi leur activité durant le confinement"
Même son de cloche chez le directeur BTP du CFA de Bains René-Paul Poussardin : "la maçonnerie ou la plomberie ne s'apprennent guère à distance et nos élèves ont été très contents de retourner au CFA".
Il recense presque 100 % de présence, en roulement toujours entre l'établissement et l'entreprise, "car beaucoup d'entreprises du BTP ont continué de tourner et bon nombre de nos élèves ont poursuivi leur activité durant le confinement".

Avec la crise, la crainte d'une chute drastique des contrats d'alternance
La crise du Covid-19 a mis un coup de frein à l’apprentissage, qui affichait pourtant des chiffres records en 2019 (+ 16% par rapport à 2018). Elle a touché de plein fouet les entreprises, notamment les PME, grandes pourvoyeuses de contrats en apprentissage. Affaiblies, ne sachant pas forcément comment boucler leur budget, nombre d’entre elles ont dû prendre des mesures d’urgence et les apprentis ont fait partie des premières variables d'ajustement, avec un grand nombre mis au chômage partiel, mais on note également une augmentation des ruptures de contrats.
Et c'est surtout la suite qui inquiète : la grande période de recrutement des jeunes en alternance s’étale entre juin et octobre et on craint une forte chute des signatures de contrats, beaucoup de PME ayant de significatives chutes de chiffre d'affaires. Parmi les établissements contactés ce jeudi 4 juin, la plupart restent mesurés car la majorité de leurs élèves poursuivent leur formation ensuite (notamment en BTS). D'autre part, le Gouvernement doit justement faire des annonces ce jeudi pour soutenir la filière.
Et René-Paul Poussardin de conclure : ""il n'y a pas de baisse de contrats chez nous mais il y aura peut-être une déflagration à l'automne. Le problème, c'est l'impossibilité de faire des stages pour l'instant (voir encadré plus haut) car souvent ils constituent une période de validation pour les apprentis avant que les entreprises ne leur proposent un contrat d'alternance".

Maxime Pitavy

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