Haute-Loire : pour sécuriser les routes, un nouveau radar... seulement provisoire ?

, Mise à jour le 29/09/2015 à 18:25

Presque deux fois plus d'accidents mortels en Haute-Loire cette année. Les derniers chiffres sont clairs et dépassent les frontières du département : 85 personnes ont perdu la vie sur les routes d'Auvergne depuis janvier. Soit 11 de plus par rapport à la même période en 2014.
Le Puy-de-Dôme est le plus mortel, avec 30 décès, suivi par l’Allier (26 morts). Le territoire qui enregistre la plus forte augmentation est la Haute-Loire : 22 personnes y ont perdu la vie, contre 12 l’année dernière à la même époque (le Cantal s’en sort mieux, avec huit accidents mortels).
Notons enfin que sur l'ensemble de l'année civile, en 2014, les routes de Haute-Loire avaient été le théâtre de 19 décès (contre 23 en 2013). Quand on sait que le trimestre qui se profile se révèle traditionnellement très accidentogène (routes mouillées, verglacées ou enneigées), le bilan de l'année 2015 risque de faire froid dans le dos.

Un avantage à double tranchant car l'équipement n'est pas affecté au département
C'est un tout nouvel outil qui va être installé en Haute-Loire avec ce radar chantier. En effet, le premier équipement de ce type a été installé début juillet sur l'A6 en Seine-et-Marne et l'objectif annoncé par le Ministère de l'Intérieur serait d'en implanter une cinquantaine d'ici à la fin de l'année civile, puis encore 150 au cours de l'année 2016. Ce radar présente un avantage certain : il peut s'affranchir des réseaux électrique et téléphonique, ce qui n'est pas le cas des autres radars fixes. Il fonctionne donc avec des batteries, qu'il faut recharger ponctuellement, il peut donc fonctionner en autonomie a priori plusieurs jours, et peut ainsi facilement être déplacé.
Cet avantage est à double tranchant car la mobilité du radar pourrait lui valoir de ne guère rester en Haute-Loire. En effet, si le radar chantier sera bien installé le long de la RN88 dans le sens Saint-Etienne/Yssingeaux juste avant le Pont de Lignon, dans les semaines à venir (pas encore de date précise), rien n'assure qu'il demeure en Haute-Loire. Il n'est pas affecté au département et pourrait ensuite gagner un autre territoire (en fonction des demandes des autres départements et de l'accidentologie), même s'il devrait normalement demeurer le long de la RN 88 jusqu'à la fin de l'année 2015.

Un secteur qui avait fait trois morts (dont un bébé) le 1er août dernier
Le site sur lequel ce radar chantier a été retenu a été identifié comme étant particulièrement accidentogène, surtout qu'un terrible accident y a fait trois morts (dont un bébé) le 1er août dernier (lire). Le secteur est particulièrement dangereux car il comprend de nombreuses courbes, parfois serrées, et la vitesse maximale autorisée ne cesse de changer : 110 km/h, puis 90 km/h, puis de nouveau 110 km/h...
Il s'agit aussi d'une configuration particulière, en sortie de deux fois deux voies, avec des vitesses souvent élevées avant de ne se retrouver que sur une voie pour traverser le viaduc et ensuite, à nouveau à deux fois deux voies pour affronter une interminable côte, ce qui incite certains automobilistes à "prendre de l'élan". Le radar sera annoncé par un panneau signalétique, comme l'exige la loi, et ce dernier accompagnera la radar lorsqu'il sera amené à être déplacé.

----Les radars en Haute-Loire
Le parc de radars de la Haute-Loire comprend 22 radars fixes, un radar vitesse discriminant (qui différencie les voitures des poids lourds, dans la descente de St-Ferréol-d'Auroure) et un radar vitesse moyenne (à La Sauvetat). Il faut ajouter à ces équipements trois radars embarqués et deux radars nouvelle génération (un en zone police et un en zone gendarmerie).-----Une quinzaine de radars va flasher à double sens
Autre nouveauté qui va concerner la Haute-Loire dans les semaines à venir (toujours pas de date précise), le parc de radars va être modifié, pour permettre à une quinzaine des équipements existants de désormais flasher à double sens. Cette modification ne concernera qu'une quinzaine des 24 radars fixes du département car il n'est pas possible de flasher à double sens s'il y a un terre-plein central. Impossible donc pour les radars le long de deux fois deux voies, ainsi que ceux qui sont installés sur des mâts.
Si de nombreux lecteurs et automobilistes verront dans ces nouveaux équipements une belle manne financière (voir ci-dessous), les services compétents rappellent que le but est de sécuriser les axes concernés, en espérant faire baisser la mortalité, même s'il ne s'agit pas d'une équation scientifique. Enfin, pour les autorités, le facteur fatalité n'existe pas : vitesse et alcool sont les premiers responsables.

Maxime Pitavy

  • La "rentabilité" et les "recettes" des radars fixes automatiques

La rédaction de Zoomdici s'était penchée sur la "rentabilité" et les "recettes" des radars fixes automatiques il y a quelques années. voici les informations que nous avions récoltées. Si le terme de rentabilité fâche, les radars automatiques ont tout de même rapporté, via les amendes forfaitaires, 470 millions d'euros au niveau national en 2010. Notons enfin que cette somme ne concerne que les amendes forfaitaires payées dans les 45 jours. Les amendes majorées ont rapporté quant à elles en 2010 la bagatelle de 120 millions d'euros, une somme cette fois-ci intégralement reversée au budget général de l'Etat.
Les 470 millions d'euros récoltés via les radars sont ensuite intégralement reversés :
- 45 %, soit 212 millions d'euros, contribuent à l'installation et la maintenance des radars, le traitement des infractions et la modernisation du fichier du permis de conduire ;
- 30 %, soit 130 millions d'euros, permettent le financement par les collectivités locales d'opérations destinées à améliorer les infrastructures de transports en commun et de circulation. Notons que 100 millions d'euros sont reversés aux communes et 30 millions d'euros aux Départements ;
- 25 %, soit 128 millions d'euros, est reversé à l'AFITF (Agence de Financement des Infrastructures de Transport de France), un établissement publique de l'Etat qui finance de grands projets d'infrastructures routières, comme c'est le cas par exemple pour la sécurisation des passages à niveau.

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