Haute-Loire : les aides-soignantes en grève pour un meilleur salaire

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:38

Deux délégués syndicaux ont été reçus ce mardi matin par la direction... en vain. "Ils ne nous ont fait aucune proposition, ils se moquent de nous et ne nous prennent pas du tout au sérieux", nous confie Céline Lioutaud, déléguée CGT, ce mardi midi.
Les revendications salariales des aides-soignantes n'ont pour l'instant toujours pas trouvé d'écoute auprès de la direction stéphanoise. La grève devrait donc se poursuivre devant l'immeuble Victor-Hugo, rue des Moulins au Puy, où est installée la Mutualité française. 

1048 € pour 130h dont 18,5h de dimanches travaillés
Le syndicat CGT des organismes sociaux encadre le mouvement et donne un simple exemple pour interpeller la population : une salariée avec un contrat de 130 heures gagne avec 18.50 heures de dimanches travaillés un salaire net de 1048 €, incluant le remboursement des frais kilométriques. "Comment faire pour vivre avec si peu ?", demande le syndicat.

"Les valeurs mutualistes sont bafouées par la direction"
Parmi les employées grévistes, on recense certes des femmes arrivées récemment, mais d'autres sont dans l'entreprise depuis une vingtaine d'années. Et malgré tout, le salaire demeure équivalent au taux horaire du SMIC. "Les employeurs mutualistes ont depuis des années fait le choix d’augmentations inférieures à l’inflation, réduisant inexorablement notre pouvoir d’achat", déplorent les aides-soignantes grévistes.
Le service minimum est assuré pour les 105 patients, avec la participation de seulement deux employées en CDD depuis ce lundi. "Le mouvement mutualiste est porté depuis son origine par des valeurs fondamentales", déclare la CGT dans un communiqué, "qui nourrissent le progrès social :la solidarité, la liberté, la démocratie et la responsabilité. Aujourd’hui ces valeurs sont bafouées par une direction fermée à la négociation", accuse le syndicat.

Hausse de 1,50€ du taux horaire et un 13ème mois
Dans le cadre de ces revendications, les employées exigent une augmentation de 1,50 euro du taux horaire et l'instauration d'un treizième mois. "Ces revendications salariales permettraient d'être en adéquation avec leur diplôme d'aide-soignante", souligne la CGT. "L'heure n'est pas à la résignation mais à la mobilisation. Les salariés refusent d’être les laissés-pour-compte et exigent de vivre dignement de leurs salaires", ajoute le syndicat.

Rétropédalage de la direction
Pour l'instant, les négociations sont bloquées car "la direction des ressources humaines a botté en touche" selon les grévistes, "en nous indiquant que ce n'était pas de leur ressort". Ils ont renvoyé la responsabilité sur l'ARS (ndlr : agence régionale de la santé), qui serait "autorité de décision et de financement". 
Ce mardi matin, la direction a finalement rétropédalé : "ils ont reconnu que ce n'est pas l'ARS qui décide mais que c'est bien de leur ressort. Ils nous balladent et gagnent du temps, mais on ne va pas lâcher", met en garde la déléguée CGT.

85 des 105 patients n'ont pas été visités, "mais ils nous soutiennent"
"Vos prétentions sont déconnectées de la réalité, ce sont des revendications utopiques", auraient rétorqué les représentants de la direction aux délégués syndicaux ce mardi, sans faire la moindre proposition en retour et menaçant même : "vous allez mettre en dysfonctionnement le SSIAD (ndlr : service de soins infirmiers à domicile)".
Céline Lioutaud, déléguée CGT, déplore que la direction ne se déplace pas directement, même si les représentants doivent revenir au Puy, ce mercredi, à 9h. "Tant que la direction refuse d'entamer des négociations, on a des patients qui ne bénéficient plus des soins basiques comme par exemple la toilette. Sur nos 105 patients, 85 n'ont pas été visités ce lundi. Mais ils nous soutiennent, pour que l'on puisse vivre dignement de notre métier", conclut-elle. 

Maxime Pitavy

Voici le communiqué de la CGT organismes sociaux de ce mardi soir :

"Les salariés de la Mutualité Française de la Haute Loire restent mobilisés avec le syndicat CGT des organismes sociaux pour faire entendre leurs revendications à la direction qui reste sourde à nos demandes.
Ce matin, les représentants de la direction de la Mutualité Française de Haute-Loire ont choisi de rompre les discussions au bout d'une heure, en ne faisant aucune contre-proposition suite à nos revendications. Le monologue des représentants de la Direction a simplement porté sur les modalités de financement du SSIAD, tout en chiffrant nos revendications sur l'ensemble des salariés de la Mutualité.
Il est évidemment impossible, dans ces conditions, de débuter un semblant de négociations.
Les seuls propos de la direction envers les salariés ont été : «  vos prétentions sont déconnectées de la réalité, au travers de cette action vous allez mettre en péril le fonctionnement du SSIAD »
Ces représentants de la direction n'ont aucune crédibilité. En effet, lors de notre 1ère
rencontre, ils nous avaient indiqué que seul l'Agence Régionale de Santé (ARS) était compétente en termes de décision et de financement.
Volte face ce matin de ces mêmes représentants qui reviennent sur leurs propos et nous indiquent que c'est bien eux les décisionnaires mais qu'ils ne peuvent accéder à nos demandes et nous renvoient vers le gouvernement et le ministère de la santé.
Les salariés se sentent méprisés par le Directeur Général, M. Rémi Bouvier, qui n'a même pas dénié se déplacer au siège de la Mutualité Française de Haute-Loire, pour recevoir et entendre les revendications de ses salariés.
Il ne suffit pas de relever de l’économie sociale et solidaire pour faire vitrine. Il faut appliquer ces principes !!!"

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