FN : un candidat contre l'Europe pour les élections européennes

jeu 22/05/2014 - 21:11 , Mise à jour le 26/11/2020 à 19:21

Bernard Monot, candidat du Front National de la circonscription Massif Central-Centre pour les élections européennes du 25 mai prochain était à Blavozy vendredi dernier pour tenir une réunion publique. En amont de cette réunion, nous avons pu le rencontrer.
Frontiste depuis plusieurs décennies et très actif au parti depuis 2005, il est économiste de formation et de métier. Comme bien des candidats pour cette élection, il est parachuté dans cette circonscription alors qu'il vit à Paris.

La sortie de la zone euro en ligne de mire
Ce qui surprend de prime abord, c'est de voir un candidat anti-européen se présenter aux élections... européennes. "C'est le principe de la démocratie", rétorque-t-il, "il faut une opposition et nous ne pratiquerons pas la politique de la chaise vide, nous voulons être les avocats des français pour faire barrage à tous ces projets démentiels qui se mettent en place. C'est une démarche tout à fait légitime".
Sa feuille de route pour sortir de la zone euro, il nous la livre en quelques mots : "notre souhait, c'est de voir Marine Le Pen arriver au pouvoir en 2007. La première chose que l'on fera alors, ce sera de réclamer à l'Union Européenne de réunir un sommet de la zone euro et de proposer, dans un premier temps, de renégocier le statut de la banque centrale européenne pour qu'elle soutienne l'emploi et la croissance économique de tous les pays, de rétablir les frontières car nous voulons d'une Europe des patries. Si nous n'obtenons pas satisfaction, nous ferons un référendum en France et nous proposerons de récupérer notre monnaie nationale pour soutenir l'économie française avec un état stratège qui ait des législations qui soient dans l'intérêt général des français, et donc oui, de sortir de la zone euro".

Un nouveau franc français
Pour cet économiste, l'euro est une "aberration monétaire et économique", qui s'inscrit en "totale contradiction avec ce que font les grandes puissances mondiales". Prophétisant que l'euro prendra fin prochainement, il propose sa solution : le retour à une monnaie nationale, "avec le nouveau franc français", tout en gardant un euro monnaie commune, pour les échanges internationaux. Dans son optique, un franc français aurait une parité équivalente à l'euro, fixant la baguette à un euro à un franc, et le salaire à 1 200 euros à 1 200 francs.
"L'avantage énorme, c'est que l'Etat stratège français pour soutenir l'emploi national et réindustrialiser le pays grâce à cette arme de protectionnisme, ça relève du bons sens dans ce contexte de guerre économique mondiale", conclut-il.

Le candidat FN développe ses principaux axes de campagne au micro de zoomdici :

  • Réindustrialiser la France, recréer de l'emploi en mettant un terme à "cette concurence déloyale des pays de l'est", la faute à l'euro et à Bruxelles. Ecouter. {{audio1}}
  • La définition de l'Etat stratège avec sa politique de réindustrialisation et sa défense de l'agriculture française, en contradiction totale avec la PAC. Ecouter.{{audio2}}
  • Il estime appartenir au seul parti défendant les intérêts des français, pointant du doigt les autres partis politiques français qui ont conduit à "la ruine de la France". Ecouter. {{audio3}}

Vers un groupe parlementaire d'extrême droite européen ?
Donné favori dans divers récents sondages, le Front National est crédité de 20 à 24 % d'intentions de vote, ce qui lui permettrait d'obtenir entre 15 et 20 sièges au Parlement européen de Strasbourg, sur les 74 tricolores. Rappelons que jusqu'à présent, le parti frontiste ne dispose que de trois sièges européens et qu'il n'existe pas de groupe parlementaire européen d'extrême droite (ou des "mouvements populistes").
Les règles européennes imposent un nombre minimal de 25 eurodéputés, issus d'au moins sept Etats membres, pour obtenir le statut de groupe politique. Le FN est donc bien parti pour y parvenir, avec notamment l'appui du "Parti autrichien de la Liberté", le "PVV" néerlandais, le "Vlaams Belang" en Belgique, les "Démocrates Suédois" ou encore les Italiens de la Ligue du Nord. Le "PNS" slovaque ou le parti "Ordre et Justice", en Lituanie, pourraient compléter le tableau.

Des avantages politiques et matériels

L'intérêt de constituer un groupe parlementaire n'est pas symbolique mais tout à fait concret : à la clef, des subventions, des bureaux et une plus grande influence dans les travaux des différentes commissions parlementaires. La constitution d'un groupe parlementaire c'est la possibilité d'obtenir plus de temps de paroles, plus de leviers pour déposer des amendements et de participer au jeu législatif.
C'est aussi l'accès aux moyens organisationnels conséquents pour structurer l'activité du groupe (secrétariat, collaborateurs, traductions) pour financer des initiatives et acquérir une plus large visibilité. Et, en prime, le Parlement vous prête une berline pour le président et son second.

Maxime Pitavy

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