Environnement : une championne s'engage

ven 06/03/2020 - 12:36 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:03

Plutôt que de construire ou de rénover des infrastructures sportives à grand frais, ne vaut-il pas mieux investir dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Celui-ci risque en effet de compromettre la pratique du sport à l'avenir, comme c'est déjà le cas dans certaines compétitions, par exemple lors des marathons où les coureurs "tombent comme des mouches", où à la montagne, où on est obligé de faire livrer de la neige en hélicoptère ou en camion.

----Laure Villard concède :
"C'est une machine très lourde à faire bouger. Même mon père, j'ai du mal à lui faire comprendre. C'est une autre génération".-----Amoureuse mais remontée
Originaire du Rhône, Laure Villard est "tombée amoureuse" de la Haute-Loire, selon ses propres termes. Adieu le bitume et les bouchons, place aux grandes étendues ! Sensibilisée de longue date à la protection de l'environnement, la championne de 36 ans achète local, son fromage, sa viande, ses lentilles, pratique le "Zéro Déchet", mène une vie "opposée au modèle dominant dans la société"… et s'inquiète de plus en plus pour l'état de la planète. En particulier quand elle voit l'empreinte carbone des compétitions : "Imaginez, on dénombre 2,5 millions de manifestations sportives par an en France, c'est énorme ! Et l'impact de toutes les infrastructures est colossal, le chauffage, les gymnases éclairés non-stop, c'est un gouffre énergétique ! Sans parler du vieux matériel qui est jeté ou qui dort alors qu'on pourrait organiser des bourses, comme ça existe déjà pour le vélo ou pour la pêche…" Quelques avancées sont néanmoins à portée de main : "Les gobelets en plastique disparaissent des ravitaillements, on peut prendre des éco-cups ou des camelbaks à la place, se servir de puces réutilisables sur les courses, mettre en place des zones de collecte de déchets… Et puis on peut aussi favoriser le covoiturage pour les compétitions, privilégier les véhicules hybrides ou électriques pour les voitures balais… Il y a des choses à faire…"

Pourquoi ça coince ?
"Les politiques préfèrent les effets d'annonce et les projets clinquants qui vont plaire à leur électorat, déplore la ceinture noire 3e dan. Les nouveaux stades, les sons et lumières, les panneaux numériques, les nouvelles routes… Regardez les stades de foot synthétiques, c'est aberrant, est-ce qu'on ne peut pas faire du foot comme avant ? Les vers de terre ne vont pas nous empêcher de gagner ! Regardez aussi ce que nous coûte le doublement de la RN88 ! Imaginez ce qu'on pourrait faire pour l'environnement avec tout cet argent ! À quoi sert d'aller toujours plus vite et de faire tous ces trajets inutiles ? En même temps, si les politiques proposent autre chose, ils ne seront pas élus…" La quadrature du cercle, en somme.

Positive attitude
Comme tout sportif qui se respecte, Laure Villard entend rester positive, malgré l'épée de Damoclès qui pendouille au-dessus de nos têtes : "Les JO promettent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50 %. C'est juste un objectif, mais c'est déjà ça… Et puis tout le monde a la capacité d'agir, il faut garder à l'esprit qu'il y a une urgence climatique. Le message peut passer par le sport, qui est un puissant vecteur de lien social, surtout en Haute-Loire, où les sportifs ont conscience de vivre dans un environnement d'exception. Et ça peut passer par les jeunes : on les incrimine souvent, on les imagine rivés à leurs écrans, mais ils sont souvent bien plus conscients des choses qu'on ne le pense".

J.B.B.

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