Des radars de Haute-Loire pris pour cible par les buralistes

ven 21/07/2017 - 14:14 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:47

Ils disent "Non au paquet à 10 euros". D'après eux, c'est pour "atteindre l'équilibre dans les dépenses publiques" que l'Etat "fait les poches" des Français.
Durant la nuit de jeudi à vendredi, un collectif (clandestin) a donc recouvert au moins deux radars de l'agglomération du Puy : au "Riou" le long de la RN 88 et à "La Roche" (commune de Saint-Christophe-sur-Dolaizon) le long de la RD589. Une action très largement répercutée sur l'ensemble du territoire français.

Une action symbolique
Si l'action devrait priver l'Etat de quelques recettes de ces fructueux radars, c'est surtout un acte symbolique et militant pour dénoncer les menaces qui pèsent sur une profession recensant environ 26 000 buralistes à travers l'hexagone. On estime qu'aujourd'hui, plus d'un quart du tabac en France est acheté au-delà des frontière ou sous le manteau.
Selon une étude KPMG, commandée par l'industrie du tabac, le marché parallèle qui comprend à la fois les ventes illégales (à la sauvette ou sur le Net) et les ventes parfaitement légales à l'étranger (voyageurs et habitants des régions frontalières) a lui augmenté de 7 points en 10 ans de 20 à 27% des ventes totales.

La France la championne d'Europe avec 9 milliards de cigarettes illicites par an
Déjà, les saisies douanières ont été multipliées par trois entre 2001 et 2016 (période où le prix du paquet de cigarettes a augmenté de 119%), faisant de la France la championne d'Europe des trafics avec 9 milliards de cigarettes illicites consommées chaque année et un manque à gagner de 2,4 milliards d'euros pour l'Etat.
C'est peut-être ce qui explique les discussions aujourd'hui entre la ministre de la Santé et Bercy. Le joli pactole de plus de 14 milliards de recettes fiscales liées au tabac est menacé. Un sacrifice financier acceptable si la santé publique y gagne mais incompréhensible si cela ne permet pas de faire baisser le tabagisme.

De 5 € en 2005, le paquet pourrait atteindre 10 € dès 2018
En France, la dernière hausse de cette ampleur date de 2003, avec des augmentations de 8 % en janvier 2003, 18 % en octobre et 9 % en janvier 2004. Ces mesures avaient fait passer le nombre de fumeurs de 35 % de la population adulte en 2000 à 30 % en 2005.
En 2005, le prix d'un paquet de 20 cigarettes était de 5 €, contre 7 € aujourd'hui. On estime que 54,8 milliards de cigarettes ont été vendues en France en 2005 contre 44,9 milliards en 2016.

La prévention routière bénéficie d'un budget 100 fois supérieur pour une mortalité 20 fois moins importante
Comme la Cour des Comptes l'a souligné a plusieurs reprises, dans un rapport de 2012 sur l'Evaluation de la lutte contre le tabagisme et dans son Rapport public annuel de 2016, la politique de prévention est insuffisante.
Elle pèse quelque 100 millions de budget pour un dramatique tribut de plus de 70 000 morts par an alors que la prévention routière bénéficie d'un budget 100 fois supérieur pour une mortalité 20 fois moins importante.

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