Chambre d'agriculture : quels débats pour la prochaine mandature ?

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:55

Avec une participation en chute libre, passant sous la barre des 50 %, c'est l'alliance entre la FDSEA et les JA qui sort très largement en tête du scrutin, devant la confédération paysanne qui repasse devant la coordination rurale. Avec deux sièges chacun, ils ne devraient guère peser face aux 14 sièges de la FDSEA-JA.

Yannick Fialip sera le futur Président de la chambre
Après une journée de dépouillement des votes, c'est une nouvelle fois l'alliance entre la FDSEA et les JA qui sort très largement en tête du scrutin, où seulement 49,61 % des inscrits ont voté. La liste conduite par Yannick Fialip hérite de 14 sièges avec 58,38 % des voix.
Il devrait être le nouveau Président de la chambre d'agriculture (il nous l'a confirmé) lors de la prochaine session, prévue le 7 mars prochain, et succéder à Michel Chouvier. Notons qu'il s'agit d'une progression pour cette liste majoritaire, qui avait obtenu 55% des voix lors des dernières élections, en 2013.

"C'est plutôt rassurant par rapport à d'autres élections professionnelles"
"Même si on est passé de 21 à 18 sièges, le rapport de force reste le même", nous explique Yannick Fialip, très clairement pressenti pour être le futur Président de la Chambre, qui préfère se concentrer sur le verre à moitié plein, avec "un score en hausse de 3,5 points". Surtout, "nous sommes rassurés sur ce que l'on a fait ces dernières années ; on nous a fait confiance et ce vote nous engage à poursuivre nos orientations agricoles".
Si les 49,61 % de participations interpelle (voir en bas d'article), là encore, Yannick Fialip embrasse l'optimisme : "pour nous c'est positif de dire qu'un agriculteur sur deux s'est déplacé, c'est plutôt rassurant par rapport à d'autres élections professionnelles". Rappelant que la profession veut "garder une chambre à l'échelle départementale", il ajoute : "la représentativité est remise en cause dans toutes les institutions, ce n'est pas propre au monde agricole. Vous verrez bien pour les européennes", met-il en garde.

"Tenter de rééquilibrer un rapport de forces dégradé face au syndicat majoritaire"
Avec 24,09 % des voix, la confédération paysanne retrouve sa place de deuxième syndicat agricole du département et enregistre une progression de 8 points par rapport au dernier scrutin, où il n'avait recueilli que 16 % des voix. "C’est un encouragement fort à poursuivre nos combats en faveur d’une agriculture à taille humaine diversifiée, rémunératrice et créatrice d’emplois sur nos territoires", a déclaré la tête de liste David Chamard.
Le syndicat dénonce toutefois "un mode de scrutin inéquitable pour tenter de rééquilibrer un rapport de forces dégradé face au syndicat majoritaire" : la confédération paysanne ne bénéficie que de deux sièges, soit 10% des élus, pour environ un quart des voix. 

"On est reparti pour une mandature où c'est la FDSEA-JA qui décide de tout et gère les six millions d'euros de budget"
Quant à la coordination rurale, elle obtient 17,53 % des voix, soit deux sièges également. C'est tout de même un net recul pour le syndicat, qui avait capitalisé 28 % des voix en 2013. "On n'a peut être pas assez fait une campagne de proximité, on ne s'est pas déplacé dans tous les cantons", regrette Gérard Gros, de la coordination rurale, "mais on n'a pas non plus les mêmes budgets que la FDSEA-JA".
Sur la question de la représentativité, il rejoint la position de la confédération paysanne et craint que son syndicat soit inaudible. En proportion, la coordination rurale garde le même nombre de sièges, "donc au bureau de la chambre, rien ne va changer", annonce-t-il, "on est reparti pour une mandature où c'est la FDSEA et les JA qui décident de tout et gèrent les six millions d'euros de budget. On va essayer d'amener un peu de débat mais c'est compliqué".

En dix ans, la participation a chuté de 75 % à 49 %...
Enfin, et c'est peut être le principal enseignement du scrutin, la participation est en recul de près de 10 points par rapport à 2013 et passe sous la barre des 50 % avec un triste 49,61 % de participations, l'équivalent de 2 333 suffrages exprimés sur 4 874 inscrits. Si le score de la FDSEA-JA semble une majorité écrasante, elle ne représente finalement que la moitié de la moitié des inscrits.
Une chute de la participation qui interroge car elle s'inscrit dans un mouvement bien plus large : si la Haute-Loire comptait 75,5 % de participation en 2009 (66,4 % au national), le taux avait chuté à 61 % (54 % au national) lors du scrutin de 2013. Pour finalement passer sous la barre des 50 % en 2019.

Maxime Pitavy

Pour aller plus loin : 

>> Élections à la chambre d'agriculture : enjeux et chiffres clés en Haute-Loire

>> Regards croisés sur l'agriculture de demain

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