Assises : un Ponot condamné à 14 ans de prison pour le viol de sa fille

, Mise à jour le 27/11/2020 à 05:53

Mise à jour : Ce vendredi 14 novembre, peu avant 19h, le verdict est tombé. Le Ponot de 51 ans qui était jugé pour les viols de sa fille de trois ans et du bébé de son amie, alors agé de cinq mois, a été condamné à 14 ans de prison. Au terme d'un procès de trois jours, les magistrats ont été au delà des réquisitions du Ministère public qui demandaient douze ans de réclusion criminelle. L'homme s'est également vu retirer tout droit parental sur sa fille. Sa peine est assortie d'un suivi socio-judiciaire de cinq ans qui, s'il n'est pas respecté, pourrait entraîner une prolongation de peine de quatre annnées supplémentaires.

Un homme de 51 ans passe devant la cour d'assises du Puy-en-Velay ces 12, 13 et 14 novembre pour, entre autres, le viol de sa fillette de trois ans. Pour le premier jour de ce procès, jugé publiquement, le portait de l'accusé a été dressé.

En plus des six jurés, deux autres ont été désignés à la demande de la défense par Dominique Brault, président de la cour d’assises. L’homme défendu par Me Canis est jugé pour viols, viols par ascendant, agression sexuelle par ascendant sur mineur de moins de 15 ans et détention et diffusion d’images à caractère pornographique d’un mineur. Il encourt vingt ans de réclusion criminelle.

D'autres victimes ?
Tout a commencé un week-end, où un homme de 51 ans recevait ses enfants. Ces derniers étaient alors âgés de trois ans et demi à dix-neuf ans. C’est la benjamine qui est la victime de cette affaire de pédophilie. Le huis clos n’a pourtant pas été ordonné à la demande de l’avocate des parties civiles, Me Vaillant. Cette dernière justifie : « Si jamais il y a d’autres victimes, elles pourront se manifester ».

Un passé lourd à porter
Après une enfance heureuse, l’accusé alors âgé de neuf ans, fait une mauvaise rencontre : un ami de son père mais aussi responsable du groupe de scouts dont faisait partie le jeune garçon. L’homme en question aurait imposé des rapports oraux à l’enfant en donnant, en contre-partie, de l’argent (50 francs en général). L’accusé dit avoir été victime de ces sévices pendant près de cinq ans mais affirme : «  je n’ai pas été détruit par cela ». Le frère de l’accusé a, lui aussi, été victime de tentatives d’agressions sexuelles étant plus jeune de la part de cet ami de leur père. « A l’époque, on ne parlait pas de ça. Entre nous, je ne sais plus mais il y avait des regards. Quand l’un de nous partait avec cet homme, l’autre savait que ce n’était pas innocent ».

Une vie banale
L’homme construit une vie normale avec un premier mariage qui échoue au bout d’une année, des aventures puis un mariage d’une quinzaine d’années où il aura des enfants dont la fillette victime d’abus. Un beau jour, le couple se sépare et quelque temps plus tard l’homme se met en ménage avec une femme au Puy.

Photos et atteintes
----L’homme avait déjà consulté des sites de « pornographie extrême » avec notamment de la zoophilie. Sa femme avait même trouvé des photos pédopornographiques sur l’ordinateur familial après quoi, elle a forcé son époux à se faire suivre par un psychiatre entre 2005 et 2006.-----L’homme avait déjà pris des photos des parties intimes de sa fille. Mais en février 2012, la fillette rejoint son père alors qu’il est aux toilettes et les choses dérapent entraînant les accusations de viols.
En parallèle, l’accusé fait plus de 110 photomontages avec des images à caractères pornographiques en y ajoutant les visages de ses proches.

" J'ai réalisé que c'était un bébé "
Un jour, l’homme a voulu réconforter le petit-fils de sa compagne, âgé de cinq mois et demi. A cette occasion, il prend des photos pornographiques avec le nourrisson. Il explique avec confusion : « Je ne sais pas, c’est le contact de la peau sur la peau… Je l’ai posé, j’ai été cherché mon portable et j’ai pris des photos. Puis j’ai réalisé que c’était un bébé ». Le quinquagénaire a néanmoins transféré les photos sur son ordinateur où il les a consultées « une ou deux fois, pas plus et ça me dégoutait ». L’accusé s'était défendu lors d'une audition précédente : « Je ne suis pas un pédophile, un pédophile aurait été jusqu’au bout », en précisant qu'il n'y avait eu " que des rapports oraux ".

D'autres affaires mais pas de procédures
La dernière ancienne compagne de l’accusée, a souhaité faire une déposition spontanée. Elle est aussi la grand-mère de la victime de cinq mois et demi. Elle a expliqué que sa fille savait ce qu’il s’était passé mais justifie : « Ma fille préfère oublier cette histoire, c’est pour ça qu’elle ne s’est pas portée partie civile ». L’accusé a vécu deux ans avec ce témoin après s'être rencontrés par Internet. L’ancienne compagne se souvient du jour où l’accusé a abusé de sa propre fille : « L’après-midi, il lui faisait des câlins alors que d’habitude, il ne le faisait pas. C’était bizarre mais la petite rigolait ». Elle n’avait pas imaginé de traits pervers chez son ancien compagnon alors qu’ils avaient des relations sexuelles à fréquence d’une fois par mois. Elle évoque des aveux qu’il lui aurait faits à propos d’attouchements sur une de ses soeurs.

« L’immaturité ne pousse pas à une telle transgression »
----Les témoignages des anciens collègues de travail de l’accusé sont très contrastés, certains le qualifient de « bon collègue » alors qu’un autre dénonce « son regard me choquait. Il changeait quand il voyait une femme ou une fille » ou encore « il était très porté sur le sexe ». Accusé de vol dans un des magasins où il a travaillé, l’homme avait été condamné en juillet 2012.-----Le médecin qui avait réalisé la première expertise qui démontrait l’immaturité de l’accusé. Aujourd’hui, il a changé de position puisqu’à l'époque, l’homme n’avait pas avoué tous les actes dont il est accusé, il n’avait pas parlé des abus dont il aurait été victime dans sa jeunesse : « l’immaturité ne pousse pas à une telle transgression ». L’expert explique ne « croire qu’à moitié » à cet abus : « quelqu’un qui a subi ça est une personne en souffrance alors si la personne ne souffre pas c’est délicat ». Le professionnel analyse les faits : « Il n’y a pas forcément préméditation mais les facteurs étaient réunis. Il y a une certaine forme de perversion et une sorte d’addiction. Le sujet connaît la loi mais ne la considère pas comme telle si elle s’oppose à ses envies ». Le spécialiste confie : « si la personne addict est en manque, il se peut qu’elle franchisse des limites ». Il explique cependant qu’il peut « y avoir des conséquences relativement importantes » sur le nourrisson et qu’il n’est «  pas impossible que la fillette ait des malaises par rapport à certaines parties de son corps ».

"Il n’y a rien permettant d’assurer qu’il ne recommencera pas "
Une contre-expertise a été réalisée le 30 août 2013 à la demande de l’accusé. C’est un spécialiste de la capitale auvergnate qui s’est chargé de l’analyse. En visioconférence lors du procès, il reconnaît les traits de perversion de l’accusé mis en avant avec les photo-montages. Et ajoute : « Il n’y a rien permettant d’assurer qu’il ne recommencera pas. Oui, il y a une dangerosité vis-à-vis des enfants. » En ce qui concerne les abus dont l’accusé dit avoir été victime, le psychiatre estime : « Soit c’était enfoui comme un traumatisme, ce qui explique qu’il n’en ait parlé que tardivement, soit il s’en sert pour se défendre. Mais il n’y a pas de lien entre ce dont il aurait été victime et ce qu’il a fait ».
Après avoir passé 27 mois en détention provisoire, il a décidé de demander la castration chimique pour ne plus récidiver.

Le procès se poursuit ce jeudi et vendredi.

E.J.

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