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Goudet

"Transmettre sa ferme aujourd'hui, c'est savoir ouvrir le champ des possibles"

ven 25/10/2019 - 20:20 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:59

A ces chiffres cumulés qui inquiètent le monde agricole, il faut ajouter un taux positif de 1,2% pour les nouvelles installations agricoles en 2017 par rapport à 2016 (-6% cette année-là par rapport à 2015). Cependant le nombre de départs n'est toujours pas compensé. Le tableau est sombre, mais des initiatives se multiplient partout en France pour que la perte des exploitations agricoles soit au pire limitée, au mieux stoppée.
"Ouvrons les possibles"
Parmi elles, au niveau régional, l'opération Terres des Possibles organisée par les associations du CELAVAR Auvergne du 9 septembre au 25 novembre 2019 sur le thème : "1001 façons de transmettre sa ferme, 1001 façons de s'installer : ouvrons les possibles". Au programme tout au long de ces semaines, pas moins de 26 événements ouverts à tous.


(Philippe Masseboeuf et sa belle-soeur Armelle dans leur bergerie vide à Goudet. Photo © S.Ma - Zoomdici)

----Magali Blot pour Terres de Liens, Cloé Montcher, Haute-Loire Bio et Dominique Galland, L'Atelier des possibles, ont co-organisé la réunion de ce vendredi.-----"La transmission peut aussi être partielle", tel était le thème abordé hier, vendredi 25 octobre 2019, lors d'une réunion organisée sur les terres des frères Masseboeuf, Philippe, 51 ans et Jean-Claude 55 ans, ainsi que l'épouse de ce dernier, Armelle, 54 ans. Tous les trois sont gérants du Gaec du Pipet à Goudet. Les deux frères ont reçu cette ferme créée dans les années 60, en héritage de leurs parents en 1990. L'exploitation (bio), la dernière de la commune depuis 1986, compte 70 bovins à ce jour. Les Masseboeuf -- le plus jeune des frères souffrant de problèmes de santé -- viennent tout juste de se séparer de leur troupeau d'ovins de 450 têtes. 
"Trouver une autre valorisation"
S'il a très vite trouvé un repreneur pour son menu bétail qui est parti en Ardèche, le trio s'interroge sur l'avenir des parcelles sur lesquelles seuls les moutons pouvaient s'engager. L'inventaire n'a pas encore été réalisé, mais Philippe Masseboeuf estime que cela pourrait représenter entre 10 et 15 hectares auxquels s'ajouteraient une cinquantaine d'hectares en zone difficile d'accès. "On ne peut pas y mettre nos vaches, ces terrains sont trop escarpés. Il faut trouver une autre valorisation. On avait pensé à faire du boisement, mais le recours à l'exploitation mécanisée n'est pas possible", commente l'agriculteur.

La réunion de ce vendredi 25 octobre 2019 a permis à la famille Masseboeuf de partager leurs inquiétudes quant à ces parcelles escarpées qui, sans l'intervention d'un ou de plusieurs repreneurs, pourraient devenir des friches. Mais aussi de commencer à penser à l'avenir de leur exploitation comptant, on l'a dit, encore 70 bovins, une étable, une bergerie vide, 180 hectares de parcelles ainsi qu'une auberge attenante à la ferme.
Le monde agricole a les racines bien plantées
Le monde agricole a les racines bien plantées, il est souvent difficile pour les exploitants d'imaginer leur ferme autrement que comme ils la connaissent. "Ce sont souvent des fermes familiales transmises de génération en génération, avec donc un lourd historique, d'importants investissements financiers et personnels", précise Dominique Galland, fondateur de l'Atelier des Possibles, co-organisateur de l'événement de ce vendredi. Et de poursuivre : "Mais aujourd'hui, transmettre sa ferme c'est savoir ouvrir le champ des possibles, accepter qu'elle puisse changer de production, de dimension."
Exemple d'une reprise multiple et progressive
Et pour illustrer ces propos, Magali Blot, coordinatrice à Terres de Liens Auvergne, cite l'exemple de Jean-Sébastien Gascuel. L'agriculteur installé à Gerzat, dans le Puy-de-Dôme, est en cours de transmission de son exploitation céréalière bio, avec une petite production de volailles. Il a choisi le modèle multiple et progressif. Trois personnes, en reconversion professionnelle, ont repris la partie céréales pour faire de la boulange grâce à l'aide de Terres de Liens pour l'investissement sur le foncier. Deux autres personnes les rejoindront à moyen terme pour reprendre, elles, la production volaillière.

"Ces échanges nous permettent de nous sentir moins seuls, réagit Armelle Masseboeuf, de connaître les différents procédés et d'avoir des contacts" pour pouvoir engager une réflexion et la laisser mûrir le temps qu'il faudra jusqu'à la prise de décision. Car l'une des priorités dans la transmission, qu'elle soit à l'identique, partielle ou multiple, c'est bien l'anticipation.
Stéphanie Marin

Terres des possibles en Haute-Loire, prochains rendez-vous en Haute-Loire

S'installer en maraichage bio - le 14 novembre à 9h30 à Sanssac-l'Eglise
S'installer en productions végétales bio - le 21 novembre à 9h30 au Monastier-sur-Gazeille
La transmission, j'y pense mais... - le 25 novembre à 10h à Saint-Germain-Laprade
Le programme complet : www.celavar-aura.com

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