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Nom de code : Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 28/10/2021 à 00:00

Réunir dans une même entreprise non pas les diplômes mais les compétences des personnes sans emploi depuis au moins un an. Tel est le projet lancé par la Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay pour créer la première Entreprise à But d’Emploi (EBE) du département.

Alors que les chiffres du chômage altiligériens ont été dévoilés pour ce quatrième trimestre 2020, chiffres qui indiquent une envolée du nombre de sans emploi de longue durée (+ 17,1% en un an), la CAPEV (Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay) a exposé mercredi 27 janvier son projet TZCLD, autrement dit Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée. Le principe ? Créer une entreprise qui recruterait des chômeurs en contrat CDI à temps choisi par eux-même. Le projet permettrait à ces éléments sans emploi depuis au moins un an d’exercer une activité en lien avec leurs propres compétences, ceci pour remplir des missions qui ne sont pas assurées actuellement sur le secteur de l’Agglo et sans être en concurrence avec les services et entreprises existants.

Le territoire Cœur de ville au Puy :

469 chômeurs de longue durée
42 % ont un niveau bac ou plus dont 27 % avec un bac+2 ou plus
54 % sont inscrits à Pôle Emploi depuis 2 ans ou plus
85 % recherchent un CDI (statistiques Pôle Emploi octobre 2020)

« Plutôt que d’indemniser des gens à rester chez eux, cette entreprise percevrait leurs indemnités »

« Il va assurément y avoir des chômeurs de longue durée supplémentaires post-pandémie, déplore Michel Joubert, Président de la CAPEV. Aussi, cette opération Territoire Zéro Chômeur doit être tentée pour que notre territoire continue d’être attractif. »
D’après Pôle Emploi, 469 personnes résidant de leur Cœur de ville du Puy-en-Velay sont dans cette situation de chômage. Le projet TZCLD, pour l’instant en phase de la réflexion, cible exclusivement ce public ponot. « Attention, ce n’est pas un énième centre d’insertion, souligne le maire de la ville du Puy, Michel Chapuis. Ce sera une véritable entreprise qui créera de véritables emplois. » Il ajoute : « Plutôt que d’indemniser des gens à rester chez eux, cette entreprise percevrait leurs indemnités chômage en échange d’un poste de travail en CDI ».

M.Joubert, T.Giraud, T.Mourgues, et M.Chapuis.

« Personne n’est inemployable ! »

Utopique ? Peut-être. Il n’empêche que depuis janvier 2017, dix territoires en France expérimentent la mise en place de ces EBE (Entreprise à But d’Emploi) et plus de 800 emplois ont depuis été créés. « Personne n’est inemployable !, insiste Thierry Mourgues, maire d’Arsac-en-Velay et Vice-président délégué à l’Économie Sociale et Solidaire. Et souvent nous entendons des entreprises se plaindre du manque de main d’œuvre pour telle ou telle tâche. Dans ce projet, ce sera à l’EBE de s’adapter aux besoins de ces entreprises en demande tout en prenant en compte les compétences des salariés au sein de l’EBE. »

Depuis janvier 2017, dix secteurs en France sont pourvus d’EBE (Entreprise à But d’Emploi) pour lutter contre le chômage de longue durée. Ce dispositif s’inscrit dans une première phase d’expérimentation constituée par l’association nationale Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée (TZCLD) le 7 octobre 2016. Une nouvelle proposition de loi vise à mettre en place en 2021 la seconde phase d’expérimentation. Pour cela, 50 nouveaux territoires en France pourront se lancer.

La Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay (CAPEV) a ainsi candidaté comme 122 autres territoires dont une quinzaine dans la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Si le territoire de la CAPEV est habilité, le lancement de l’EBE devrait être effective durant le dernier trimestre de l’année 2021.

Le compétence comme moelle épinière

Car ici, contrairement à une structure conventionnelle, ce n’est pas le diplôme qui importe mais le savoir-faire même minime de la personne candidate. « Elles vont apporter à l’Entreprise à But d’Emploi leurs compétences mais aussi leurs idées, continue Thierry Mourgues. Elle sait travailler le cuir, le bois, elle sait changer une ampoule, faire de la couture ?...Cette convergence de compétence est la moelle épinière du projet. D’ailleurs, les activités n’ont pas forcément à être identifiées en amont. Ce qui compte, ce sont les compétences et comment les mettre à profit pour des missions dans l’agglomération du Puy. »

Présent dans la salle, Christophe Erpelding, Directeur de l’Agence Pôle Emploi au Puy-en-Velay, confirme cette analyse. « Nous sommes effectivement de plus en plus dans un monde de compétences. Si ces futurs salariés décident ensuite de quitter l’EBE, Pôle Emploi sera là pour les accompagner à suivre une formation afin d’intégrer une entreprise plus conventionnelle ».

Infos pratiques :

Les habitant, entreprises, structures, chômeurs de longue durée, intéressés dans la construction de ce projet peuvent contacter la Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay au 04 71 04 37 00 ou Timothée Giraud à l’adresse : timothee.giraud@lepuyenvelay.fr

Un CDI quoi qu’il en soit

La cheville ouvrière pour mettre en œuvre ce Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée s’appelle Timothée Giraud. « L’objectif est de s’insérer dans un écosystème qui lutte déjà contre ce chômage là, assure-t-il. Pour monter ce genre d’entreprise, l’idée est de réaffecter les coûts du chômage vers la création d’emploi. Pour cela, les indemnités perçues par la personne sont confiées à l’EBE. L’équilibre économique est atteint lorsque les coûts liés à la privation d’emploi et le chiffre d’affaires réalisé permettront de financer 100 % des postes en CDI ».

« Dans toutes les EBE actives en France, ça marche ! Alors pourquoi pas au Puy-en-Velay ! »

« Tout va bien dans le meilleur des mondes possibles », comme avait dit Voltaire dans sa pièce Candide ou l’Optimiste. Mais chose est certaine, c’est que les porteurs du projet y croient dur comme fer en sa réalisation et à son succès. « Dans toutes les EBE actives en France, ça marche !, certifie Thierry Mourgues. Alors pourquoi pas au Puy-en-Velay ! Il faudrait d’ailleurs qu’une loi pérennise le projet par la suite car les bénéfices, notamment humains, sont très importants. »

Il s’explique : « Non seulement le territoire accueillant une EBE gagne en mieux être social. Mais surtout, le salarié reconquiert sa confiance en soi et sa dignité par le travail. Et ça, c’est inestimable ».