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Brico Cash en grève: le conflit trouve un dénouement rapide

Par . . , Mise à jour le 23/04/2021 à 00:00

A dix-sept heures, un accord a été trouvé et sera signé mercredi. Ce samedi matin 23 janvier, la quasi-totalité des salariés de l’enseigne de bricolage discount installée à Brives Charensac avait arrêté le travail.

Malgré le froid, c’est la presque totalité des salariés de Brico Cash qui a débrayé pour manifester bruyamment son désaccord avec la nouvelle politique managériale devant leur lieu de travail ce samedi 23 janvier 2021.

Lorsque nous les avons rencontrés samedi matin, la détermination et la défiance envers la direction étaient fortes du côté des employés. Face à eux, le directeur M. Seux qui a acheté le magasin récemment n’a, dans un premier temps au moins, pas cherché l’apaisement .

Une nouvelle direction “brutale”?

Tout commence avec un changement à la tête du magasin fin 2020. Le directeur actuel M Olivier Seux rachète  le 07 Octobre 2020 la société JAGODA (BRICO CASH) par l’intermédiaire de la SAS CCOREA créée au cours de l’été et dont il est le président. Par cet acte d’achat, il devient le nouveau propriétaire et gérant du magasin brivois. L'entreprise compte 25 salariés. Ils ont tous été repris. 

Les relations se sont rapidement tendues avec les salariés  et les sanctions se sont enchaînées. “Il a mis cinq fois plus d’avertissements en cinq mois qu’il n’y en a eu au cours des cinq précédentes années” explique Badis Degaichia, délégué élu du personnel. 

L’année 2020 a été difficile pour le personnel comme pour tout le monde durant le premier confinement, mais les choses se sont améliorées avec l'autorisation d'ouverture des magasins de bricolage dès le 18 avril. Le chiffre d'affaires du magasin s’en est trouvé redoré puisque selon les données fournies par l'ancienne direction aux salariés lors du CSE, le chiffre avait évolué de 4 % par rapport à l’année précédente.

Il avait d'ailleurs été promis qu'outre la prime dite COVID, les salariés se verraient verser en fin d'année une nouvelle prime d’intéressement. Il  avait alors été évoqué un montant brut de 900 € brut par salarié.

Conflit autour d'une prime d'intéressement ?

Fin novembre, quand il est à nouveau question de cette prime, le nouveau directeur argue que la promesse ne l’engage pas. Dès lors, un bras de fer s’engage entre les salariés et la direction sur cette question de prime. Le climat social se dégrade et les sanctions individuelles s’enchaînent sans que les salariés concernés ne soient convoqués pour s’expliquer, pas plus que le délégué du personnel.

Nous, on n'avait pas l’habitude de cette manière de pratiquer. L’ancienne direction était plus paternaliste. Le directeur était un vieux de la vieille et savait apaiser les situations par la discussion. On se sentait un peu comme dans une famille” expliquent les salariés en colère ce samedi matin. “Peu à peu la pression est montée et l’ambiance s’est dégradée. On a essayé de nous monter les uns contre les autres mais ça ne marche pas”.

Depuis, les salariés ont bien perçu une prime versée sans aucune explication. Ce que les salariés ont pu constater, c’est que cette prime dans tous les cas ne correspond pas du tout au montant qui avait été évoqué mais surtout qu’elle est très différenciée selon les personnes.

Quoi qu’il en soit, ce versement n’a été accompagné d’aucune notice et d’aucun détail. La loi en matière de prime d’intéressement exige pourtant que si le versement n’est pas intégré au salaire “normal”, car exonérée de charges, elle est encadrée d’un formalisme strict.

Incompréhension et non communication

Du coup, certains salariés témoignent qu’ils se seraient vus signifier oralement que du fait d’un avertissement, ils ne toucheraient pas l’intégralité de la prime. L’analyse qui est faite par les salariés est qu'il s’agit là de sanctions financières, hors celles-ci sont interdites et sanctionnées par le code du travail.

Nous ne pourrons avoir d'éclaircissement car nous n’avons pas pu interroger le directeur qui avait passé la consigne qu’il n’était pas disponible.

C’est habituel, il ne communique pas, il ne répond pas à nos interrogations écrites, il ne nous reçoit pas. Il fait surtout attention à ne pas laisser de traces écrites” expliquent les manifestants.  

Forte mobilisation et colère sourde ce samedi matin 

Toute la journée les salariés sont restés mobilisés devant le magasin en essayant d'interpeller les clients.

On n’a pas voulu distribuer de tracts, on préfère parler à la fenêtre des voitures, les clients nous connaissent, ils n’hésitent pas à s'arrêter pour échanger et discuter. On sent qu’ils nous comprennent” explique un gréviste.

Echange avec les clients Photo par Th Chabanon

De fait, nombreux sont ceux qui s’arrêtent puis décident de faire demi-tour. Des voitures passent en klaxonnant en soutien aux salariés grévistes.

On sent que la colère est un des principaux motifs de la forte participation à la grève de ce matin. “Les trois ou quatre salariés qui sont à leur poste ont peur de ce qui pourrait leur arriver. Nous on se sent pris pour rien. On a vraiment bossé cette année, et on était fier que ce travail soit récompensé”.

La situation s’est débloquée en fin de journée, un accord sera signé mercredi

Rebondissement à 17 heures. Après une rencontre en deux temps dans son bureau, le directeur et les salariés sont tombés d'accord sur une sortie de conflit. Cet accord sera signé mercredi, le temps pour le directeur de consulter ses conseils et de le rédiger

Les salariés ont obtenu une revalorisation de 300 euros de la prime pour atteindre ce qui avait été promis à l’origine. Le rattrapage du versement se fera en deux fois en février et mars. Tout le monde touchera la même chose.

Deuxième point-clé de l’accord écrit qui sera signé définitivement mercredi, les sanctions qui ont été prononcées contre les salariés seront levées.

Pour  Badis Degaichia, les salariés sont très contents que les choses aient évoluer favorablement et rapidement. “Il faut vraiment préciser que c'est la mobilisation et la détermination de tous qui a fait pencher la balance. Maintenant nous rentrons chez nous. On est fatigués mais heureux de ce dénouement”. 

T.C.

Ce lundi, la direction de Bricocash nous informe : « La direction confirme qu’un accord a été trouvé en réponse aux revendications de certains collaborateurs. La situation a été rapidement résolue ».