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Vaccination : « Ce qu’on vous propose maintenant, c'est l’espoir contre la peur »

Par nicolas@zoomdici.com jeu 07/01/2021 - 18:00 , Mise à jour le 07/05/2021 à 00:00

Pour le 1er jour de la campagne vaccinale contre la Covid-19, différentes personnalités sont passées sous les seringues dont le Directeur du centre hospitalier Emile-Roux. Un symbole fort pour balayer toutes les formes de réticences envers le nouveau sérum.

Entre les murs de l’hôpital Emile-Roux du Puy-en-Velay, une salle proche du self a été aménagée pour accueillir les volontaires aux premières doses de vaccins disponibles à présent par milliers. « Aujourd’hui, nous n’avons que trois boxes installés mais nous allons augmenter les capacités d’accueil dès la semaine prochaine, explique Cédric Ponton, directeur stratégie de l’établissement. En vitesse de croisière, il y aura ainsi 12 fauteuils. » Il ajoute : « Pendant les deux derniers jours de cette semaine, les consultations dureront une quinzaine de minutes. L’objectif est de les réduire entre 5 et 7 minutes pour que nous puissions effectuer cinquante vaccinations à l’heure et pour monter à une centaine à pleine puissance ».

« Une vaccination aujourd’hui, c’est un mort en moins demain ! » Jean-Marc Lebrat, président du conseil départemental des chirurgiens dentistes

200 volontaires déjà inscrits

Les 8 000 doses de sérum sont entreposés dans un congélateur spécial, livré par l’État, qui a la capacité de fixer une température à -82°C. « Sa contenance est de 375 000 unités de vaccins, précise Cédric Ponton. Ce qui est très largement suffisant pour la Haute-Loire ». Cent congélateurs similaires équipent les épicentres sanitaires de chaque département en France. Jean-Marie Bolliet, directeur de l’hôpital, rappelle le profil du public pilote de cette première vague de vaccination. « Ce centre a pour vocation de vacciner les professionnels de santé libéraux et hospitaliers, les sapeurs-pompiers et les aides à domicile ». Sur la base du volontariat, ce serait alors 250 médecins et 650 infirmiers libéraux et hospitaliers, 2 500 sapeurs pompiers, 2 000 agents de l’hôpital Émile-Roux, 1 000 résidents en USLD (Unité de Soins Longue Durée) et Ehpad (Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) et 1 500 personnels de ces établissements. « Nous avons déjà 200 volontaires au sein même de l’hôpital inscrits sur la liste », livre-t-il.

« Le centre de vaccination commence par un accueil administratif puis par une consultation pré-vaccinale. Cette dernière va analyser les contre-indications possibles avec un interrogatoire précis. Le patient termine sa consultation par la signature d’un consentement. Il sera inséré dans le logiciel dédié pour que la seconde injection effectuée plusieurs jours après corresponde bien à la première. La personne se fait ensuite vacciner. Les infirmières l’observent environ pendant une quinzaine de minutes pour être sûres que des effets indésirables ne se manifestent pas, notamment les plus violents qui sont les chocs anaphylactiques. »

Jean-Marie Bolliet, Directeur de l'hôpital Emile-Roux Photo par Nicolas Defay

« Le vaccin est notre seul moyen pour vaincre le virus »

Pour accompagner le geste à la parole, Jean-Marie Bolliet s’installe alors dans l’un des boxes, épaule exposée, afin de recevoir la première dose de vaccin. « Cette opération doit être prise comme un signal de confiance pour toute la population qui peut s’interroger sur le vaccin, insiste Laurent Wauquiez, président la Région Auvergne Rhône-Alpes et président du conseil de l’hôpital ponot. Quand vous voyez que le président de l’Ordre des médecins se vaccine, les responsables de l’hôpital, les aides-soignantes et les aides à domiciles, cela montre bien que le vaccin est notre seul moyen pour vaincre le virus ».

« Il y a beaucoup de fake-news qui circulent sur le net. La meilleure garantie est d’écouter les spécialistes et les médecins qui affirment que le vaccin est la solution ultime » Laurent Wauquiez

« Il serait plus adéquate que Paris ne pilote pas la totalité de cette campagne »

Laurent Wauquiez, aux côtés de Michel Chapuis, maire de la Ville du Puy, en profite pour lancer un coup de coude dans les côtes du Gouvernement. « Nous avons les moyens de faire des vaccins en nombre. Mais la question est combien allons-nous en avoir ? Et d’un point de vue logistique, il serait plus adéquat que Paris ne pilote pas la totalité de cette campagne de vaccination mais que nous puissions contrôler tout ça localement. À ce niveau-là, il est clair que nous sommes bien plus réactifs tout en agissant avec du bon sens ». D’après Cédric Ponton, l’hôpital Émile-Roux devrait être approvisionné de 5 000 doses supplémentaires chaque semaine.

Alain Chapon, Président de l’ordre des médecins Photo par Nicolas Defay

Réunir toutes les forces pour convaincre

Eric Etienne, préfet de la Haute-Loire, partage les priorités de cette opération. « Il est nécessaire que l’acheminement des vaccins passent par un circuit simple, sans intermédiaire, du lieu de production au super congélateur de l’hôpital.» Il insiste aussi sur les paramètres pour rendre efficace la campagne. « Il faut sécuriser le circuit, savoir comment conserver le vaccin et comment avoir un flux régulier de personnes volontaires. En tout cas, quel bel exemple de voir réuni aujourd’hui, l’ARS (Agence Régionale de Santé), la Région, le Directeur de l’hôpital, l'Ordre des médecins et la municipalité du Puy ».

« Ensemble on trouvera les solutions pour lutter contre cette épidémie qui nous empoissonne l’existence depuis bien trop longtemps » Eric Etienne

Un message à l'attention des réticents

« Il faut être complètement délirant pour penser que le vaccin est pire que le mal ! Ceux qui ont peur des vaccins ont sûrement des syndromes paranoïaques qu’il faut traiter. Maintenant, ça suffit. Il faut avancer ! » Marc Bouiller

« On ne meurt plus du tétanos ni de la variole grâce aux vaccins ! » 

Dans un parler aussi clair que tranchant, le docteur Marc Bouiller, président de la CME (commission médicale d'établissement) de l'hôpital du Puy, s’exprime sur ce premier jour de vaccination. « Très clairement, on n'a pas d’autre solution pour se débarrasser de ce virus que de se vacciner tous ! On commence par la population la plus fragile et les soignants car ils sont très exposés. Ce qu’on vous propose maintenant, c’est l’espoir, l’espoir contre la peur. Il ne faut plus se poser de questions. On se vaccine et ça règle le problème. Point ! »

Remonté contre les sceptiques, il confie ces paroles : « Vous comparez ce qui est issu des scientifiques avec toutes les conneries présentes dans les réseaux sociaux et vous analysez tout ça. Émile Roux était un collaborateur de Pasteur. Les Français ont été les premiers à faire un vaccin. On a sauvé des centaines de millions de gens dans le monde. Il n’y a plus de polio, on ne meurt plus du tétanos ni de la variole. Tout ça, grâce aux vaccins ! »

Le docteur Marc Bouiller Photo par Nicolas Defay

« Le mot d’ordre ? Vaccinez-vous et vaccinez vos patients ! » Alain Chapon, président de l’Ordre des médecins

« Il faut montrer qu’il n’y a rien à craindre, ni pour nous ni pour nos patients »

Jean-Marc Lebrat, président du conseil départemental des chirurgiens dentistes, affirme en ce sens : « Le bénéfice risque est indiscutable et cela a été prouvé avec les différentes maladies éradiquées tout au long de l’Histoire depuis Pasteur. 43 chirurgiens-dentistes sur les 108 en activité dans le département se sont portés volontaires. C’est près de la moitié ce qui est très bien ! Néanmoins, à propos de la lenteur de la couverture vaccinale dans le pays, elle semble assumée par le Gouvernement en place. Pour moi, c’est une bêtise monumentale ! »

À Yssingeaux

Le centre de vaccination de l’hôpital Jacques Barrot d’Yssingeaux ouvre ce vendredi 8 janvier à 14h dans les locaux administratifs.

Son confrère Jean-Jacques Combet, président de l’Ordre des kinésithérapeutes, accompagne son argument : « Il faut initier et dynamiser cette opération de vaccination. Il faut montrer qu’il n’y a rien à craindre, ni pour nous ni pour nos patients. Plus les kinés s’investiront, plus il y aura des répercussions sur nos patients car ce sont des vecteurs de transmission de cette crédibilité. C’est notre rôle. Les communications scientifiques qu’on détient actuellement ne doivent pas semer le doute sur ce mouvement de vaccination ».

Aujourd’hui, aucune des personnes présentes ne sait quand le grand public aura accès aux sérums contre l’épidémie.