Un Gilet jaune face à la Justice : "Quelqu'un de normal qui a commis l'anormal"

ven 14/12/2018 - 19:43 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:55

Lorsqu'il a poussé la porte du commissariat du Puy, ce mardi 11 décembre 2018, l'homme âgé de 45 ans ne se doutait pas qu'il serait placé en garde à vue et qu'il passerait les deux prochaines nuits en prison. Il souhaitait juste avoir un renseignement concernant une amende. Mais dans ce même commissariat, un policier le reconnaît. Les images sont encore nettes, l'homme avait le visage découvert : la préfecture de la Haute-Loire, un gilet jaune, des jets de pavés, des insultes. Interpellé, le quadragénaire a rapidement reconnu les faits reprochés lors de sa garde à vue. Le Ponot a été placé sous mandat de dépôt dans l'attente de sa comparution immédiate programmée à ce vendredi 14 décembre. 
"C'est un ras-le-bol de la vie quotidienne"
"Ce n'est pas la peine que je mente ou que je triche. J'ai craqué", a expliqué le prévenu lorsque ce vendredi, le président du tribunal, André-Frédéric Delay, a brandi une photo de lui en pleine action sur la place du Breuil, devant les grilles de la préfecture de la Haute-Loire. Outrages et violences sur des personnes dépositaires de l'autorité publique (quatre policiers), destructions et dégradations de biens, l'homme a dû s'expliquer sur plusieurs faits commis les 1er et 8 décembre derniers, lors des débordements du mouvement des Gilets jaunes, Acte III et IV.  Pourquoi ces jets de pierres ? Pourquoi ces coups sur les boucliers des policiers ? Pourquoi ces insultes ? "Ils n'étaient pas d'accord avec nous pour faire tomber Macron" a-t-il répondu au président du tribunal, exprimant des regrets et la volonté de "ne jamais revivre ça". "Je m'en excuse. C'est un ras-le-bol de la vie quotidienne, de voir tout s'écrouler autour de moi, ma séparation, ma santé qui se dégrade", a-t-il ajouté.
"Les policiers sont des êtres humains eux aussi"
Une ligne de défense tenue par le prévenu qualifiée de "pathétique" par l'avocate des parties civiles. Et d'ajouter : "Les policiers sont des êtres humains eux aussi. Ils ont une famille, ils connaissent peut-être un divorce. On est dans quelque chose de violent et plus dans la revendication. Certains policiers m'ont confié avoir eu peur pour leur vie le samedi 1er décembre."

L'avocat du Ponot âgé de 45 ans a quant à lui posé la question : "Comment un homme comme monsieur P., sans casier judiciaire, qui n'a jamais fait parler de lui, a-t-il pu commettre des violences deux semaines d'affilée ?" Et de poursuivre au fil d'une plaidoirie faisant valoir l'individualité de chacun : "Il a franchi le pas au milieu d'une foule." La foule, un argument cité un peu plus tôt par le prévenu lui-même : "Je me suis laissé entraîner par des gens qui avaient bu. Je me suis laissé prendre dans cet engrenage." Maître Aubeyre a assuré au tribunal que son client "un citoyen lambda, quelqu'un de normal qui a commis l'anormal", "est conscient que les faits commis sont inacceptables et il veut se mettre à l'écart de ce mouvement."

Le quadragénaire a été reconnu coupable des faits reprochés. Il a été condamné à la peine de 12 mois d'emprisonnement dont huit avec sursis, avec obligation de soins psychologiques. Il devra verser des dommages et intérêts aux quatre victimes, soit 500 euros chacune. Le tribunal n'a pas prononcé de maintien en détention.
Stéphanie Marin 

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