Bruno Charreyron est ingénieur en physique nucléaire et directeur du laboratoire de la CRIIRAD. Cette Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité a vu le jour 1986 à Valence. La Drôme fait partie de la liste des départements les plus touchés par le nuage de Tchernobyl.
C'est un collectif de citoyens, parmi lesquels des scientifiques, qui est à l'origine de cette association indépendante. Elle est reconnue par l'Autorité de Sûreté Nucléaire. Elle a publié des chiffres concernant la Loire ce lundi.
"Le département se trouve dans une situation intermédiaire : il ne fait pas partie des plus touchés, ni des moins impactés. Dans le Jura, la Corse, les Hautes-Alpes, les Alpes-Martimes ou l'Isère, on a relevé des taux de 10 000 Bq/m2, uniquement dûs à Tchernobyl. Les chiffres ligériens montrent que le département a subi les conséquences de la catastrophe de 1986 mais aussi des nombreux essais nucléaires militaires, notamment dans les années 1950".
"En 1988, nous avions effectué des carrotages sur 40 cm du sol à Saint-Genest-Malifaux et au Bessat. Elle avait mis en évidence une contamination au césium 137, un métal radioactif non présent à l'état naturel dans la nature, de 7 800 Bq/m2 au Bessat et de 17 000 Bq/m2 à Saint-Genest-Malifaux. La part attribuée à Tchernobyl était de 900 Bq/m2 au Bessat, 4 200 à Saint-Genest-Malifaux".
"Elle montre une baisse du taux de contamination au césium 137, puisqu'elle était de 2 800 Bq/m2. Il faut malgré tout être prudent dans l'analyse de ces résultats, car l'ensemble de la Loire a été touchée. Les niveaux de contamination peuvent varier selon les pluies qu'il y a eu dans cette période. Faute de moyens, nous n'avons pu réaliser notre étude à l'époque que dans deux communes."
"Des contrôles réalisés à l'automne dernier sur 38 champignons de Rhône-Alpes ont indiqué que les deux plus contaminés étaient de la Loire. Il s'agissait des bolets bai (3 000 Bq/kg sec) et des chanterelles en tube (2 700 Bq/kg sec) du département. Il ne faudrait pas en tirer comme conclusion que l'ensemble des champignons de ces espèces sont concernés par la contamination dans la Loire. A savoir, le taux maximal accepté à l'importation pour les champignons des zones touchées par Tchernobyl est de 600 Bq/kg. Le césium 137 est détecté dans 95 % des 38 échantillons de champignons cueillis, en fin d’année 2015, en Ardèche, Drôme, Isère, Loire, et Haute Savoie et analysés par la CRIIRAD."
"Il ne faut pas abuser des champignons fortement contaminés. Nous les avions mis en évidence dans une étude de 1997 (à lire page 6 ici). Ils peuvent encore être atteints aujourd'hui dans des niveaux non négligeables, tout comme les baies, le gibier..."
Propos recueillis par S. B.
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