Loi Sécurité globale, les jeunes s'engagent dans le mouvement

, Mise à jour le 30/11/2020 à 12:06

La manifestation contre la loi sécurité globale autrement nommée ce week-end #marchedeslibertés par les manifestants parisiens a réuni au Puy ce samedi 28 Novembre un plus grand cortège que celui de la semaine précédente de l'avis des organisateurs comme de celui des autorités.
Parmi les nouveaux venus, on a distingué des jeunes qui ont décidé que ça suffit et qu'il faut le faire savoir même s'ils déplorent ne pas être assez mobilisés en général.

Le cortège des manifestants s’est élancé vers 10h30 de la place Cadelade pour remonter le boulevard du Breuil puis faire demi-tour au niveau de la statue Lafayette avant de se conclure par les prise de paroles devant la préfecture du Puy-en-Velay ce samedi matin 28 Novembre 2020 n’était pas très étoffé au départ. Pas plus que celui de la semaine précédente. Et puis, peu à peu des retardataires sont venus s’agglomérer au défilé dont les chiffres oscillent entre 300 et 550 selon que l’on se place du point de vue de la préfecture ou de celui des organisateurs. En tous cas les deux s’entendent pour un chiffre un peu supérieur à celui de la semaine précédente.
Dans cette marche qui s’est déroulée dans le plus grand calme, il y avait des « anciens », qui ont participé à celui de la semaine d'avant et à bien d’autres depuis deux ans comme Roland qui vit à Allègre.
Il est Gilet Jaune et tient à être présent désormais dans tous les rassemblements car, pour lui, « les problèmes soulevés à l’hiver 2018 ne sont pas encore soldés et même au contraire, la précarité s’est accentué pour beaucoup de ceux qui ont vu leurs petites missions et jobs temporaires complétement stoppés par la crise sanitaire et les deux confinements ». D’ailleurs, « de nouveaux sujets de mécontentement se sont ajoutés dont celui de la privation des libertés et du renforcement du poids et de la présence de la police ».

On constatait aussi qu’il manquait des voix qui s’étaient faites entendre fortement les semaines précédentes et qui  manifestement n’étaient pas présentes ce samedi, au moment des prises de paroles.
Cela amene à essayer de comprendre qui les avaient remplacées pour refaire le nombre et même le dépasser.

Une sociologie un peu différente ce samedi

Nous avons rencontré de nombreux interloctuteur.trices absent.es la semaine précédente pour cause de contretemps. Ces personnes sont de celles qui militent et s’opposent depuis plusieurs années aux principes de « l’ultralibéralisme » et des dérives qui, à leur sens, ont conduit à la crise hospitalière et sanitaire, comme à celle que vit l’éducation.
Anne, par exemple vient des confins du plateau du Mezenc, elle ne manifeste pas à chaque fois car elle désapprouve les manifestations trop bruyantes et trop engagées. Pour elle, au contraire, « c’est le silence qui doit impressionner le pouvoir, car il est le symbole de la détermination froide de ceux qui défilent.
Mais aujourd’hui, elle est là parcequ'elle ne peut pas concevoir ce qui est en train de se passer.
« Je ne veux pas de ce monde à la 1984 vers lequel on nous emmène. Je ne veux pas de cette surveillance qu’on veut nous vendre au motif de notre sécurité. Je ne veux pas de ce monde-là pour mes enfants et pour mes petits-enfants ».

Des jeunes qui s’engagent dans le monde réel

Nous avons aussi croisé des jeunes qui, à l’image de Enzo et de Timothée, 19 ans sont là pour défendre une idée de la liberté, de leur liberté d’abord, mais aussi de la liberté de tous. Ils ne sont pas des manifestants réguliers, d’ailleurs avant d’être scolarisés au GRETA du Puy dans des formations en audiovisuel, ils n’avaient jamais encore défilé. Au long de leur parcours en alternance, ils vivent la difficulté du quotidien du monde du spectacle vivant dans lequel ils sont immergés une partie de l’année à Annecy ou à Lyon.
« Tu as travaillé sur combien de spectacle toi, depuis le début de l’année ? » demande l’un
- « Deux ou trois » répond l’autre. « La culture est un des domaines les plus sinistré. Il ne se passe plus rien. C’est des dizaines de personnes et de techniciens qui sont à l’arrêt » expliquent-ils.
« Mais si on est là, c’est surtout parce que l’on a pris conscience que si l’on ne dit rien, si l’on ne se montre pas, si on ne prend pas contact avec la réalité de ce qu’on nous propose en sortant du virtuel, on n’aura rien » énonce Timothée approuvé par Enzo qui enchaîne « C’est sûr, c’est facile de s’engager sur les réseaux sociaux, un clic ici, un like par-là, ou un forward, ça n’engage pas tellement. Aujourd’hui, on est là, bien présents et plus que jamais engagés contre la surveillance et contre les violences. Et, oui, c’est vrai qu’on est pas nombreux dans notre promo à être ici, c’est regrettable mais c’est ainsi ».
Plus jeunes encore, quelques lycéen.nes et collégien.nes parsemaient le cortège. Certain.es avec leurs parents et celles-ci, étonnamment matures qu’on rencontre alors qu’elles dissertent au sujet des caricatures jonchant le sol devant une préfecture gardée par une bonne douzaine de gardes mobiles. « On a vu cette image en cours d’histoire au collège, enfin, une qui ressemble ». (Notre Une) Elles ne prêtent que peu d'attention aux discours qui s'enchaînent juste à côté.

Des organisations politiques ont pris la parole aux côtés des syndicats

Parmi ces prises de paroles absentes la semaine précédente, on retiendra celle de Laurent Johanny pour Génération.s « Emmanuel Macron s’est fait élire sur la promesse d’un barrage à l’extrême droite dont il emprunte lui-même pas à pas les méthodes.
Les digues sautent et quand le peuple plaide sa cause il n’a qu’un seul langage à lui opposer : la répression »
Celle aussi de Louise Pommeret, nouvelle secrétaire départementale pour la FSU en charge du secondaire et qui a lu le tract rédigé localement « La loi dite de Sécurité Globale inquiète au plus haut point et achève d'écorner l'image d'un pouvoir soi-disant libéral…Aujourd'hui cette loi et ceux qui la portent bafouent en réalité la mémoire de notre collègue assassiné, ils bafouent toutes les valeurs que Samuel Paty cultivait dans sa salle de classe, cherchant à éveiller les consciences, à alerter sur l'obscurantisme. Où est la cohérence ? Où est l'honnêteté ? »

On peut aussi être sérieux quand on a dix-sept ans

Ces deux jeunes filles se prénomment Lil. et Sol. « Les manifestations, oui, on aime bien ça, il y a beaucoup d’énergie, mais là, on trouve qu’il n’y a pas assez de monde. On pense qu’il faudrait que beaucoup de gens se mobilisent encore. C’est quand il y a vraiment du monde qu’on peut se faire entendre. C’est un peu décevant que les gens ne comprennent pas plus ce qui se passe ».
Et à la sempiternelle question de savoir si dans leurs classes il y a beaucoup de personnes qui comme elles s’engagent, elles répondent en cœur, « non, on est bien trop seules, c’est navrant »

T.C.

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