Agglo le Puy : une entreprise privée pour ramasser les déchets

jeu 28/05/2015 - 17:16 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:34

En ce matin du jeudi 28 juin 2015, les 18 éboueurs de la Communauté d'Agglomération du Puy en Velay entamaient leur troisième jour de grève. Depuis le 26 mai, aucun camion n'a quitté le dépôt, et les poubelles du bassin du Puy commencent à déborder.
Elles n'ont pas été ramassées depuis vendredi dernier, sachant qu'on estime à environ 230 Tonnes les déchets collectés par semaine sur l'agglo du Puy (12 000 Tonnes par an). Malgré tout, les grévistes se disent déterminés à continuer leur mouvement aussi longtemps qu'ils n'auront pas obtenu gain de cause.

Des discussions jugées décevantes

Une première rencontre avait eu lieu le 28 avril dernier entre les syndicats et Michel Joubert, président de la Communauté d'agglomération, avec la promesse d'une autre rencontre à court terme.
Le 18 mai, toujours sans nouvelles, les salariés avaient déposé un préavis de grêve. Un courrier de la collectivité leur était finalement parvenu le 21 mai qui détaillait les propositions de l'agglomération. Jugeant ces dernières insuffisantes, les éboueurs sont entrés en grève.

----La collectivité estime que le surcoût lié à la prime pour le service, de 150 € par tête et par mois, serait de 70 000 euros. Inévitablement, ce surcoût "serait répercuté sur le contribuable au travers de la taxe d'ordures ménagères", ont argumenté les élus.-----Les principales revendications insatisfaites 

Une nouvelle réunion était organisée hier avec les représentants de la Communauté d'Agglomération. Un accord a été trouvé sur les sujets techniques tels le rééquilibrage des tournées et le choix de certains équipements de sécurité par les agents (gants,etc.). En revanche, les principales demandes des éboueurs que sont l'augmentation des salaires de 150 € par mois, la catégorie active pour les chauffeurs (départ à la retraite annticipé) et la possibilité de changement de poste pour les rippeurs au bout de 15 ans de service constituent toujours un point de blocage.
"On est resté sur les plus basses revendications" dénonce Pierre Marsein, représentant de l'Union départementale de la CGT. "Il y a une colère, et il faut qu'elle s'entende". Bien décidés à faire parler d'eux, les grévistes ont notamment décidé de descendre à la foire expo distribuer des tracts.

Le point de vue de l'agglo 

"Les agents semblent vouloir donner l'impression que l'on ne veut pas dialoguer avec eux" déplore de son côté Michel Joubert. En ce qui concerne l'intégration des chauffeurs dans la catégorie active, le Communauté d'Agglomération dit ne pas pouvoir apporter de réponse à son niveau, car cela dépend de la Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Locales. Quant à la question du régime indemnitaire et de la gestion prévisionnelle des emplois, "[ils seront] intégrés à la réflexion au même titre que les autres préoccupations".
"On reste ouverts aux propositions, mais les discussions resteront difficiles tant que le service ne sera pas effectué". Si la grève persiste, l'accumulation des ordures pourrait devenir un problème de salubrité publique. Dans ce cas-là, il sera fait recours à des prestataires privés pour en assurer le ramassage, a assuré le président de l'agglo.

Mise à jour jeudi à 18h
Les salariés s'indignent à travers un communiqué. La raison ? Le Président de l'Agglo, Michel Joubert aurait contacté une entreprise privée pour collecter les déchets avant même de les recevoir mercredi 27 mai. " Ces élus de la République bafouent un élément essentiel de notre constitution qui est le droit de grève. Faire remplacer des grévistes par d’autres salariés : c’est ILLEGAL. " Les agents ont choisi de préparer un projet de délibération pour distribuer aux élus ce jeudi soir à l'occasion de la commission des finances. Cette démarche a un but : leur montrer l'impact financier de leurs demandes.
Ils s'interrogent : " Il (Michel Joubert, ndlr) nous explique qu’il est impossible de débloquer des sommes comme çà pour les agents ; mais débloquer des sommes pour une entreprise privée là c’est beaucoup plus simple. De qui se moque-t-on ? " Et pour finir, les salariés préviennent : " si les élus continuent dans ce sens, le mouvement est reconduit pour demain et risque de se durcir. "

Mise à jour vendredi 9h
Depuis jeudi après-midi, certains habitants de l'agglomération du Puy ont pu apercevoir les camions de collecte des déchets de l'entreprise privée Vacher. " Trois véhicules ont été débloqués. Ils sont passés à Vals-près-le-Puy, Chadrac et Coubon ", détaille Stella Masson. Ce vendredi matin, c'est au Puy que les engins circulent pour ramasser notamment les cartons. La secrétaire s'indigne : " Pour avoir des primes, il faut que ça passe en instance, mais pour débloquer des fonds pour engager une entreprise, ça ne pose pas de problème. On ne sait même pas le coût et c'est le contribuable qui paye. Qu'ils (les élus, ndlr) fassent appel à du privé quand c'est insalubre ou qu'il peut y avoir un danger pour la population, d'accord. ce n'est pas le cas. "

Mise à jour 10h 
Michel Joubert confirme qu'il a bien été fait appel à une entreprise pour ramasser les déchets, laquelle passe priotairement dans les zones qui ont en le plus besoin. Il n'est selon lui pas fait contravention au droit de grève car l'entassement des ordures pose un problème de salubrité publique. Le prix de la prestation n'a pas encore été fixé. Quant à savoir si le coût d'embauche de l'entreprise sera répercuté sur la taxe d'ordures ménagères, le président de l'agglo estime qu' "on n'en est pas encore là" et rappelle qu'il est toujours ouvert à la discussion avec les grévistes.

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