Laurent Wauquiez à la Région : le bilan de mi-mandat selon l'opposition socialiste

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:55

Laurent Wauquiez (LR) passera bientôt le cap des trois ans à la tête de la Région Auvergne Rhône-Alpes. Mais l’opposition socialiste n’a pas l’intention de laisser au président de Région le monopole de l’interprétation de son bilan de mi-mandat. Le président du groupe Socialiste et Démocrate au Conseil Régional, Jean-François Debat, a entamé une tournée des différents départements de la Région afin de faire entendre un discours critique sur l’action de la majorité de droite. Pour l’étape altiligérienne ce jeudi 8 novembre 2018, il était accompagné d’André Chapaveire, seul élu régional socialiste de Haute-Loire.
« Depuis trois ans, la Région n’existe qu’au travers de la présence médiatique et des coups de gueule de Laurent Wauquiez, déplore Jean-François Debat. Il utilise la collectivité pour construire son image nationale. »

Du "clientélisme" pour un fief électoral
Entre autres points de friction, l’opposition accuse le président de Région des différences de traitement entre la Haute-Loire, sa terre d’élection, et les autres départements. « Le Puy et son département sont très nettement favorisés dans la politique régionale de Laurent Wauquiez », relève Jean-François Debat. L’affirmation est appuyée de chiffres : dans le secteur industriel, les aides directes s’élèveraient à 3022 € par entreprise en Haute-Loire, soit bien plus que dans les autres départements, où elles sont dans l’ensemble comprises entre 500 et 1000 €. Quant aux subventions accordées par le Fonds d’intervention culturelle, à destination des festivals, manifestations et associations, elles s’y élèvent à 0,98 € par habitant, contre moitié, voire trois fois moins dans les autres départements. « Certes, les subventions n’ont pas à être au même niveau partout, car il faut donner plus aux territoires qui ont moins, concède André Chapaveire. Mais de tels écarts ne sont pas normaux, il n’y a plus de critère pour l’attribution de ces financements aujourd’hui, ça devient du clientélisme. Même en Haute-Loire, certains en ont fait les frais : je pense au maire du Mazet Saint-Voy, ancien colistier de Jean-Jacques Queyranne [PS], qui s’est vu retirer des subventions promises par la mandature précédente -du temps de la Région Auvergne.»
Jean-François Debat reprend : « Je comprends que l’on puisse être content de voir affluer plus de crédits régionaux quand on est un habitant du Puy-en-Velay. Mais il faut se mettre dans la peau d’un habitant d’une autre ville comme Aurillac. Que penseriez-vous dans ce cas-là ? Ce traitement de faveur nuit à la crédibilité de la politique régionale et contribue à faire pointer du doigt les habitants de Haute-Loire. Aujourd’hui quand on évoque Le Puy-en-Velay en réunion, ça fait sourire. »

Baisse des dépenses

D’une manière plus générale, les élus socialistes s’élèvent contre la politique de réduction des dépenses de la majorité régionale. Lesquelles ont durement affecté les associations culturelles, avec une baisse de 30 % de leurs subventions en moyenne, et environnementales, pour qui ce pourcentage s’élève à 70 %. Concernant la formation professionnelle, les élus pointent la suppression de 125 millions d’euros de crédits. Ils y voient une participation au démantèlement de l’AFPA, dont l’antenne Haute-Loire doit fermer.
Le constat, qui se veut alarmant, se décline dans d’autres domaines : éducation, transports, développement économique… « Il sera difficile de rattraper le retard dans les dépenses de fonctionnement en ce qui concerne la rénovation et la construction des lycées et l’entretien des lignes de TER » juge Jean-François Debat. L’ensemble des reproches faits à la majorité sont compilés, point par point, dans un fascicule d’une trentaine de pages que le groupe socialiste a publié début octobre (voir ci-dessous). Objectif : déconstruire l’image de « Région la mieux gérée de France » que le président de Région a fait placarder un peu partout dans une campagne publicitaire basée sur une publication du think tank l’iFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques)*.

E.R.

* L'iFRAP remarque notamment que : « Avec 205 euros de dépenses réelles de fonctionnement hors transports par habitant, la Région Auvergne-Rhône-Alpes est la mieux placée en 2017. Ces chiffres confirment la présentation des comptes administratifs par la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui indiquent une baisse de 110 M€ des dépenses de fonctionnement hors transferts de compétences mais à partir des dépenses réelles totales par rapport à 2016 ».

> Voir aussi le rapport annuel 2018 de la Cour des comptes sur les finances publiques locales
On en retiendra qu' Auvergne Rhône-Alpes fait partie des Régions où l'épargne brute a fortement augmenté en 2017 (+28%). Dans le même temps, les dépenses d'investissement y ont grandi de +46%. La priorité a été donnée aux immobilisations financières. En termes d'endettement, AuRA a "réduit l’encours de sa dette grâce à l’amélioration de son épargne nette conjuguée".

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