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La gratuité des manuels scolaires inquiète les librairies

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:55

Si le vote de la gratuité des manuels scolaires est accueilli comme une bonne nouvelle par les familles, il n'en est pas de même pour les libraires, qui eux, se sentent menacés par ce nouveau système d'achat groupé et de distribution par la Région Rhône Alpes Auvergne.
Sur fonds de réfonte des programmes
Dans le contexte de la réforme des lycées et donc de la refonte des programmes, les élus du Conseil Régional ont voté à l'unanimité jeudi 20 décembre la gratuité des manuels scolaires pour la rentrée 2019. Ce sont les élèves de seconde et première qui bénéficieront les premiers de cette mesure, suivis par ceux de terminale à la rentrée  2020. Un budget estimé à 41 millions d'euros (dont 32 alloués en investissements) qui permettra l'achat des manuels par la Région dans le cadre d'un appel d'offres alloti par territoire. Si la formule de la gratuité existait déjà depuis 2014 dans l'ancienne Région Auvergne (sous la mandature socialiste de René Souchon) grâce notamment aux Pass Région permettant aux lycéens de financer eux-même leurs livres, elle va être généralisée et harmonisée à l'ensemble de la nouvelle Région via des achats groupés.
Redonner du pouvoir d'achat aux familles
Selon Laurent Wauquiez, Président de Région, "cette mesure a pour but de redonner du pouvoir d'achat aux familles pour lesquelles le budget consacré à l'achat des manuels peut atteindre 250 euros par jeune." Le groupe Socialiste et Démocrate présent lors du vote avait alerté début décembre sur l'impact d'une telle réforme vis à vis des librairies indépendantes, qui risquerait de les priver d'une partie de leur chiffre d'affaire annuel. Pour ses élus, l'exécutif n'allait faire voter qu'une fausse gratuité pour les livres du tronc commun alors que les ouvrages consommables resteraient à charge des familles.
Un chiffre d'affaire impacté
Pour les libraires, cette mesure va entraîner une baisse de fréquentation des lycéens y compris dans les rayons annexes, tels que la papeterie ou le livre de poche, ce qui  impactera leur chiffre d'affaire, qui avoisine les 15 % en moyenne. C'est la crainte de Yann Leray, responsable du rayon livres scolaires  à la librairie PGDis à Monistrol sur Loire. "C'est une bonne nouvelle pour les particuliers, c'est sûr, mais pas nous libraires. Avant, avec le Pass Région, les familles venaient acheter leurs manuels, mais elles achetaient aussi de la papeterie et d'autres livres ; ça faisait marcher le commerce. De plus, on nous avait promis en 2015 la pérénisation du Pass, or ce n'est plus le cas. J'attends concrètement de voir ce qui va se passer. On craint un manque à gagner, c'est sûr. Nous, libraires, risquons de pâtir de ce système de marché public."
Des remises limitées pour préserver les librairies locales
Si la Région s'engage à ne pas demander de remises trop importantes qui mettraient en danger la survie des libraires locaux lors des appels d'offres territorialisées, la profession semble inquiète. "On a déjà vu par le passé un grossiste du sud de la France rafler tout un marché à cause de ses remises", se souvient Yann, avant de poursuivre déterminé : "Evidemment qu'on va répondre aux appels d'offres, on n'a pas le choix, c'est une obligation. Et pour tirer notre épingle du jeu, on fera tout pour mettre en avant nos point forts, en misant sur le service, le conseil, ce que n'offre pas forcément le e-commerce", soutient le libraire. Les lycées privés se verront eux attribuer une aide financière en fonction de leurs besoins spécifiques et achèteront eux-même leurs manuels. L'avantage Livre Loisirs du Pass Région passera lui, de 8 à 15 euros, une façon plus incitative d'encourager les jeunes à pousser la porte des librairies, certains pour la première fois de leur vie, et de s'ouvrir ainsi à la culture.
M-A.B.

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