Jugé pour des débordements en marge du rassemblement régional des Gilets jaunes

lun 11/03/2019 - 17:25 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:56

Assez peu d'éléments finalement dans cette affaire, qui s'est déroulée ce samedi 9 mars 2019 au Puy-en-Velay, lors du rassemblement régional des Gilets jaunes.
Un jeune homme de 28 ans, sans domicile fixe (SDF) et de nationalité algérienne, a été interpellé pour outrage et violences sur une personne dépositaire de l'autorité publique, en l'occurrence un agent CRS (compagnie républicaine de sécurité) qu'il aurait qualifié de "fils de pute" avant de lui jeter dessus une cannette de bière en verre. 
En outre, le prévenu n'aurait jamais respecté son obligation de pointer toutes les deux semaines au commissariat pour son assignation à résidence, alors qu'il ferait l'objet d'une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Une information qui mérite d'être vérifiée selon son avocate.

Le prévenu n'était absolument pas un Gilet jaune
Selon le peu d'éléments dont nous disposons, les faits se sont déroulés rue des Farges au Puy ce samedi après-midi. Le prévenu n'est absolument pas un Gilet jaune. Il était dans un appartement, au rez-de-chaussée, en compagnie d'un ami et de deux femmes. Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont éclaté dans la rue. Des gaz lacrymogènes ont été déployés pour disperser les manifestants et l'appartement aurait alors été touché.
C'est à ce moment que le prévenu aurait commencé à afficher son soutien aux Gilets jaunes avant d'insulter les CRS. Fortement alcoolisé, il aurait jeté une canette de bière en direction du policier. Ce dernier n'a pas été blessé puisqu'il n'a pas été touché par le projectile. Pris en flagrant délit, le jeune homme a été interpellé.

Une enquête plus approfondie "pour une bonne administration de la Justice"
L'avocate de la défense a aussitôt sollicité un complément d'information "car je m'interroge déjà sur le lieu de l'infraction : a-t-il eu lieu sur la voie publique ? Dans un appartement ? Qu'en est-il des insultes ? Et des gaz lacrymogènes ?". Selon l'avocate de la défense, c'est un ami avec lequel son client se tenait qui aurait insulté le policier et qui lui aurait jeté cette canette de bière dessus. Il faut bien reconnaître que les éléments ne sont pas très clairs pour l'instant.
"Dans ce dossier, tout repose sur les uniques déclarations du policier et du prévenu", déplore-t-elle, "pour une bonne administration de la Justice, il faudrait une enquête plus approfondie sur le déroulement des faits, qu'on a du mal à comprendre pour l'instant". Interroger son ami (dont seul le prénom est connu) et les deux femmes présentes lors des faits sont des pistes suggérées par la défense.

"Les déclarations du policier sont très claires et très circonstanciées"
L'avocate de la partie civile, représentant le policier outragé, n'a pas franchement partagé l'analyse de sa consoeur. "La demande de délais est de droit, soit, mais les déclarations de mon client sont très claires, très circonstanciées, sans en rajouter, sur des faits très clairs". Même son de cloche du côté du Ministère Public, représenté par Alexandre Constant : "quitte à renvoyer, autant procéder à un complément d'information même si les déclarations du policier sont très claires et très circonstanciées".
Quant à la question de la liberté du prévenu, le Ministère Public a demandé une mise en détention provisoire "pour garantir son maintien à la disposition de la Justice car il est déjà en situation d'irrégularité et nous n'avons absolument aucune garantie de sa représentation", a jugé le Ministère Public.

"Sans mesure privative de liberté, il ne se présentera pas à l'audience le jour de sa convocation"
L'absence d'activité professionnelle du prévenu et l'absence de domicile (il a déclaré vivre chez sa copine, à Chadrac, qu'il connait depuis trois mois) n'ont pas joué en sa faveur. Récemment, ce même jeune homme a été convoqué pour une affaire de stupéfiants... et il ne s'est pas présenté. "Il y a tout lieu de craindre que sans mesure privative de liberté, il ne se présentera pas à l'audience le jour de sa convocation", a lancé Alexandre Constant. 

"Vous avez un côté pigeon voyageur... avec une certaine tendance à sortir de votre cage"
Après délibération, le tribunal correctionnel du Puy a prononcé un renvoi de l'affaire au 8 avril 2019, avec un supplément d'information ordonné.
Le jeune homme a été placé en détention provisoire, afin de garantir sa représentation devant la juridiction, "puisque vous avez un côté pigeon voyageur... avec une certaine tendance à sortir de votre cage", a conclu André-Frédéric Delay, le Président du tribunal.
Le jeune homme, qui a déjà fait de la prison (un mois, en France, pour un vol) est reparti les menottes aux poignets.

Maxime Pitavy

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